Les titres du Figaro sont sans ambiguité, ses éditorialistes pavoisent, car le mouvement social vient de subir une défaite d’importance. Il faut remonter loin pour faire une comparaison. Les décrets Laval dans les années 30 ?
Mais parallèlement il y a eu une forte mobilisation. La première question est de savoir si le succès du pouvoir ne va pas lui donner l’idée d’aller plus loin dans la remise en cause du pacte républicain, ou si, craignant une mobilisation plus radicale, il va en rester là.
Les syndicats se sont montrés « responsables ». Ils n’ont jamais poussé dans le sens d’une radicalisation du mouvement. Ils ont « laissé s’exprimer la base » , bref wait and see. Ils sont restés persuadés qu’une réforme des retraites était nécessaire, même si celle de Fillion ne correspondait pas à leurs vœux. Ils ont en mémoire les luttes patientes qui ont apporté ces fameux acquis qui font de la France aujourd’hui un des pays où la protection sociale est la meilleure. Ils savent qu’il y a des moments favorables aux luttes et d’autres non. Les syndicats, qui garde la mémoire des luttes ont estimé que le moment n’était pas venu de sortir de la tranchée parce qu’en face l’adversaire disposait d’une puissance de feu considérable, ne serait-ce qu’à cause de la conjoncture économique et de l’importance du chômage. Ils n’ont pas voulu envoyer les salariés au casse-pipe, car ils anticipaient l’échec.
La seconde question qui se pose est de savoir s’ils vont récolter les fruits de cette prudence, ou si, une nouvelle fois, qualifiés de traîtres, ils vont être victimes des défections des salariés les plus combatifs et les plus engagés dans le mouvement.
Ce sont des questions qui prolongent le constat de votre article, que je partage sans hésitation.