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Commentaire de easy

sur Saint Augustin : Ce bougnoule maître-penseur de l'Occident


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easy easy 8 novembre 2010 18:38

Voxagora nous signale que Bou Gnoul serait du Ouolof sénégalais et signifierait « Noir frotté aux Blancs »

Je vais digresser du beau sujet proposé par Kamel en espérant qu’il ne m’en voudra pas mais j’ai trop envie de rebondir sur cette remarque


Posons donc que cette étymologie soit exacte.


J’en suis archi convaincu, lors d’un contact disons d’exploration, de curiosité ou de commerce entre deux communautés, la première construction négative, contrariante apparaît par le biais du concept de trahison. L’exploré, le contacté, le visité qui aime le visiteur, qui tombe sous son charme, au point de commencer à renier quelques règles de sa communauté, est considéré comme traître. L’injure, le dénigrement est d’abord intra communautaire avant de se transformer en intercommunautaire.

Je n’ai pas remarqué dans les oeuvres de Claude Lévi Strauss de commentaires à ce sujet. Mais pour avoir vécu le cisaillement Indochine Vs France, je sais que tout le négatif d’une rencontre démarre par le biais de la jalousie et de l’accusation de traitrise.

Pour diverses raisons, chez les Gênois, les Vénitiens, les Vikings, il n’a jamais été considéré que quitter la communauté pendant quelques mois pour explorer le Monde était une traitrise, étant entendu que l’explorateur devait ramener des infos ou trésors profitables et qu’il n’allait pas livrer à l’ennemi les clefs de la cité.

Au contraire, chez les Japonais d’avant le contact avec les Blancs, celui qui quittait le pays, sous quelque prétexte que ce soit était considéré comme traître et exécuté.

Posons donc qu’en Europe relativement acquise aux voyagisme, il ait été possible pour un Vénitien d’aller vivre des années en Chine et de revenir sans être pendu, au contraire. Remarquons que Marco Polo avait raconté la Chine en l’enjolivant plutôt qu’en la dénigrant. Mais malgré son regard admiratif sur la Chine, il aura provoqué plus d’émerveillement et de désir pour ce lointain pays, que de rancune, de complexe d’infériorité ou de jalousie. Tant mieux pour cet explorateur (Qui aura dit -prudemment ?- être resté chrétien).

Dans la même tradition exploratrice, les orientalistes du XIX (les vrais et les faux) pouvaient raconter ici toutes sortes de fables et de harems, on les écoutait en fantasmant mais on ne les égorgeait pas de dépit.

Ici, l’explorateur, même quand il raconte un au-delà plus merveilleux, est peu soupçonné de traitrise.

Ailleurs, l’exploration est souvent plus mal considérée (La Chine, après avoir eu la plus grande flotte du Monde vouée à l’exploration, après avoir peut-être même découvert l’Amérique, a dit stop aux explorations et s’est isolée)

Quand je lis la rencontre de Stanley et Livingstone, je vois qu’ils se sentaient supérieurs aux Arabes et encore plus aux Noirs. Mais ce n’était qu’une supériorité liée au modernisme, à la supériorité des moyens. Pas une supériorité devant Dieu. je ne pense pas.

Prenons alors un village rwandais très isolé. Il y a un chef, un sorcier, des guerriers, un Achille ayant prouvé son courage à la sagaïe. Arrive un explorateur Blanc qui prouve qu’à distance, avec son fusil, il tue tranquillement n’importe quel éléphant ou Achille. Il va choquer, renverser l’ordre établi et faire paniquer toute la pyramide du pouvoir. Il me semble impossible que tous ces villageois ne ressentent pas d’énormes angoisses, souffrances et vexations. La moindre des choses serait que tous restent soudés autour de leur culture face à ce magicien au batôn tonnerre. Dans un tel contexte de crise, le premier ou la première d’entre eux qui avouera être séduit, charmé, sera écharpé par les siens. Ce sont ces riques de représailles terribles contre le traître qui permettent à la cohésion du village de perdurer un peu. L’Amérique devait se souder contre la séduction communiste par le Macarthysme qui chassait le traître communiste. Elle devait aussi se souder contre Ben Laden après le WTC et ceux des Américains qui seraient soupçonnés d’avoir quelque peu fraternisé avec ce diable en prennent alors plein la tronche.

Je ne conçois pas du tout un capitaine Cook débarquant sur une île, rencontrant des indigènes et se mettant à les dénigrer, à les insulter d’emblée. Arrogant, c’est possible, et encore, mais insultant, je ne vois pas pourquoi. Par contre, je vois très bien que le premier des indigènes séduit se soit fait découper en rondelles par les siens.

Pour les Tahitiens, les navigateurs qui couchaient avec les Tahitiennes étaient considérés non comme séducteurs mais comme des séduits. Et le capitaine Bligh avait été furieux que ses hommes aient été effectivement séduits par la culture tahitienne. L’Angleterre avait très mal pris cette séduction humiliante pour elle et avait déployé de grands moyens pour pendre ses traîtres.



Hautes représailles des Algériens contre les Algériens ayant été séduits par la France. Hautes représailles des Français contre les Françaises ayant été séduites par l’uniforme Allemand.
Un Hell Angel’s qui veut quitter sa bande doit d’abord obtenir son accord sinon...


On serait donc soupçonné, insulté, dénigré et tué par les siens bien avant de l’être par des étrangers.


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