@ Paul Villach
Je me demande si les grèves ne sont pas soumises à la théorie des jeux. En principe , un jeu est avantageux si l’espérance mathématique des gains est supérieure à l’espérance mathématique des pertes ( l’espérance mathématique étant le produit du gain prévu par la règle du jeu par sa probabilité de survenue ) .
En fait, le cerveau humain ne suit pas la froide logique mathématique de la théorie des jeux, c’est ce qui explique le succès de jeux par définition désavantageux tels que le loto ou les machines à sous au casino. L’espérance mathématique de gagner au loto est très largement inférieure à celle de perdre, mais il y a une composante qui échappe à la logique, c’est l’espoir : l’idée de faire un gain énorme qui dispense de travailler pour le restant de ses jours est tellement alléchante qu’elle oblitère la froide logique de la rationalité qui nous dit que c’est la Française des jeux qui ramasse en réalité le jackpot .
Pour ce qui est des grèves actuelles, il était clair dès le départ qu’il n’y avait qu’une chance infime pour que le gouvernement cède : l’espérance mathématique des pertes était égale à celle du nombre de jours de grève multiplié par le salaire quotidien , multiplié par le nombre de grévistes, alors que l’espérance mathématique des gains ( maintien de la retraite à soixante ans multipliée par la probabilité que le gouvernement cède ) était quasi-nulle .
Le moteur psychologique de la grève , dans ce cas de figure, n’était pas tant l’espoir que la colère. Mais celle-ci a un prix , qui a été payé par les grévistes tant que ça leur a été possible .