@ Perselb,
Si la Machine s’interposait parfaitement entre vous et moi, il y aurait déjà 100% de chômeurs.
Nous n’en sommes qu’à 10%.
En effet, Perselb, il faut encore des hommes pour faire des canons et des voitures. Mais très peu, très peu au regard de ce qu’il avait fallu autrefois comme coopération purement humaine pour fabriquer ne serait-ce qu’un arc et des flèches.
Au début des mines, c’était 100% de travail humain pour extraire du minerai et livrer une fibule à une dame de la cité. Aujourd’hui, dans une broche de série, il y a 0,05% de travail humain, le reste c’est de la Machine.
Je détaille :
Ces temps que vous qui venez de vous définir archaïques, remontent à l’avant mécanisation. Au XVII ème siècle en France, rien n’était possible sans le coude à coude. Il était tout bonnement impossible de récolter à ras des pluies si l’on ne s’y mettait pas tous, Quand bien même on aurait été charpentier, si l’agriculteur hurlait qu’il fallait vite rappliquer pour moisonner, on s’y mettait. C’était ça ou le blé moisi et la famine.
L’incendie menaçait 100% des gens. Et bien il n’y avait qu’une seule et unique solution et ça passait par le coude à coude.
Les épidémies menaçaient 100% des gens. Et bien il n’y avait qu’une seule et unique solution qui consistait à ce que chacun participe à l’entreprise de nettoyage, de quarantaine, d’enterrement...
Dans les campagnes, les loups menaçaient 100% des gens. Unique solution : les milices citoyennes et le ramassage du bois en groupe.
Quand un équipage de marins pêcheurs partait en mer, il ne pouvait espérer de secours de personne. Soit les gars étaient hyper solidaires soit ils n’avaient plus aucune sécurité.
Dès que la machine est arrivée, par exemple les machines à tapisser, à tricoter, à tisser, à tondre les draps, les artisans manuels ont immédiatement compris que la Machine allait les diviser. Beaucoup de Luddistes des permiers temps sont allés jusqu’à batailler à mort contre la Machine. Mais cette dernière produisant plus que des bras, les consommateurs naissant l’ont adorée. Exactement, chacun redoutait d’en être victime dans son métier manuel mais l’adorait quand elle dépassait les autres artisans et lui fournissait des biens à bon marché (Ford T) Et bien ça c’est la division, la mort de la solidarité.
Dès l’instant où la Machine s’interpose entre les hommes, elle devient la pourvoyeuse de biens à la place des hommes. Chacun se moque bien de ce que le voisin peut faire avec ses pauvres petites mains inutiles et ne vénère plus que la Grande Tuayuterie.
Les hommes ne vivent alors plus de situation à sort lié. Ils ne dépendant plus les uns des autres. En devenant machinistes, ils deviennent individualistes.
La Machine n’a aucun intérêt à ce que nous fraternisions entre humains, au contraire, toutes nos libidos doivent lui être réservées.