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Commentaire de easy

sur Quelques vérités sur le mensonge


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easy easy 16 novembre 2010 12:23

Bonjour Armelle,

La vérité est un mythe et chacun le sait qui ne l’exige qu’en tant que procureur, qui ne prétend l’offrir que s’il se sent soupçonné.

Hormis ces situation, dans l’ordinaire des moments, chacun s’en tient au modus vivendi qui consiste à ne surtout pas évoquer la vérité (Alors que les philosophes et religieux la posent comme essentielle de la relation et de la connaissance, la vérité est rarement évoquée dans la vie courante).

« Il est frais votre poisson, là ? » est déjà une question qu’on évite de poser
et on dit encore moins souvent, après la réponse affirmative du poissonnier, « Vous êtes sûr de me dire la vérité ? » . Car à ce niveau là de la conversation, la relation est devenue pourrie et ces deux là ne se fréquenteront plus.

Sur quelque sujet que ce soit, une personne qui aurait constamment à la bouche « Dis-moi la vérité » sera infréquentable.


Il y a donc une valeur d’urbanité bien plus grande dans le mensonge que dans la vérité ; une valeur au sens où le menteur sacrifie quelque chose de lui quand il ment par compassion, par respect, pour faire plaisir.
« Je vous trouve ravissante dans cette robe »
Vérité ou mensonge ?
Si l’auteur le pense vraiment, il ne sacrifie rien de lui. S’il ment, en ne disant que la partie la plus urbaine de ses pensées, il sacrifie quelque chose et c’est méritoire. Et bien dans le cadre urbain, le plus courant des cadres donc, c’est constamment que nous nous mentons mutuellement, ne serait-ce qu’en évitant de dire à ceux qu’on croise qu’on les trouve laids.


Le mari qui a une maîtresse mais le cache à sa femme sacrifie aussi quelque chose de lui. Et ce sacrifice le mine au point qu’il va probablement commettre des lapsus révélateurs de la vérité.
Il va chercher à lâcher de ce lest qui le plombe.

Une autre vérité est très délicate, c’est celle de l’amour passé. Après avoir divorcé dans la fureur et les mots d’oiseaux, il est quasiment impossible, même pour un écrivain, de raconter la magnificence de l’amour originel. A la rigueur, on peut reconnaître que « Oui je l’avais aimé » mais on le dira vite, on ne parvient pas à faire long sur cet amour qui était pourtant énorme. On ne peut plus dire la vérité sur ce sentiment passé et inversé depuis, même in petto. Même à soi, on ne peut plus la dire et il ne nous reste que des décombres du genre « Agggrrrr, mais comment j’ai pu m’enticher d’une poufiasse pareille ! »
 
Autre partie délicate. Quand après un divorce, on se remet avec une autre personne. Il est convenu de lui dire qu’avec elle, cette seconde personne, c’est mieux. Bin voyons. C’est une convention sine qua non. Si on ne dit pas ça, si on ne fait pas entendre ça d’une manière ou d’une autre, on va donner à penser qu’on n’a pas pansé ses blessures, qu’on reste à regretter la première et cette seconde relation ne pourra pas tenir.

Tout ça, nous le savons tous. Ce qui fait que nous n’évoquons jamais la vérité (sauf à l’exiger des gosses et de ceux qu’on cherche à condamner)



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