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Commentaire de L’Ankou

sur Football : Non à l'arbitrage vidéo


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L’Ankou 18 novembre 2010 11:12

Je suis parfaitement d’accord avec sisyphe concernant la remise en question de l’autorité arbitrale dans le foot amateur. C’est ce point qui emporte mon opinion catégorique contre l’arbitrage vidéo.

Ceux qui sont pour sont souvent des téléspectateurs avides de précision, d’équité, de justice et de spectacle de qualité, et je ne leur jette pas la pierre. Leur logique s’admet et se respecte.

Ils oublient seulement que, comme R.V. le fait remarquer, le foot est une grande famille qui va du professionnel à l’amateur. Comme vous, R.V., et vous, Soulmanfred, je regretterais qu’un fossé se creusât entre le monde professionnel et les petits clubs. Ce que vous dites sur le monde amateur est vrai. Ce que vous dites aussi des différences entre pays riches et pays pauvres l’est aussi et s’applique également aux petits clubs amateurs.

Mais je vais plus loin : je gage que plus personne ne voudra arbitrer ces « petites » rencontres.

Même dans les clubs amateurs, il y a de plus en plus de pression pour la réussite, pour la performance... Avec l’immobilisation des ascenseurs sociaux traditionnels, le sport fait rêver bien des jeunes joueurs en mal de reconnaissance sociale qui espèrent avoir un talent, pouvoir le faire fructifier et atteindre un jour à la notoriété, au professionnalisme, au succès, à la richesse (une richesse indécente, ferais-je remarquer au passage) et à la reconnaissance sociale. Ces pressions rendent parfois le sport violent,  même dans les petits clubs amateurs.

Qui est-il à même de ramener l’ordre et la mesure sur ces terrains ? L’arbitre. Tout repose sur ses épaules, et c’est souvent contre lui que se focalisent les antagonismes parfois haineux des joueurs contre leurs adversaires.

Ce qui donne aux arbitres la légitimité de faire face aux joueurs et à leurs familles, souvent vindicatives, qui tiennent lieu de public aux rencontres locales, c’est toute la chaine de respect et de légitimité dont s’auréole la fonction arbitrale, du match international au plus petit match amateur.

Instaurer l’arbitrage vidéo, ce qui n’est possible que pour les « grands matchs », c’est proclamer à toute cette chaîne d’autorité, de légitimité et de respect que l’arbitre est faillible, qu’avec les « bons outils », il est possible de lui faire changer d’avis sur un arbitrage erroné.. C’est donc exposer nos « petits » arbitres locaux, souvent bénévoles, à de multiples contestations et à des pressions qui, vu le contexte de certaines rencontres, peuvent assez vite dégénérer en agressions, verbales ou bien pires.

Si l’armure de légitimité et de respect tombe, l’arbitre devient un homme vulnérable, faible, nu, méprisable.

Actuellement, l’équilibre est maintenu parce que l’arbitre est... arbitraire. C’est à dire qu’il a raison. Et s’il a tort, il a raison quand même. Le contester est illégitime et expose à des sanctions méritées. Il importe peu, finalement, qu’il se trompe ou pas. Ce qui importe c’est qu’il arbitre en conscience et qu’il soit respecté même dans ses erreurs. Et cela même n’est pas toujours suffisant pour prévenir quelques incidents malheureux.

Sans même parler de devoir assumer les conséquences physiques et morales des violences qui s’ensuivraient, les tenants de l’arbitrage vidéo semblent n’avoir pas pris en compte le bouleversement du paysage footballistique amateur que risque d’y générer cette remise en question de l’autorité arbitrale.

Si la décision passe, je souhaite bien du courage aux hommes en noir, et ne m’étonnerait pas des crises de vocation qui rendront pas mal de rencontres difficiles ou impossibles, non sur les grands stades, mais sur le terrain à côté de chez vous.

Bien à vous,
L’Ankou


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