Football : Non à l’arbitrage vidéo
Arbitrage vidéo par-ci, arbitrage vidéo par-là, les médias n’ont plus que ces mots à la bouche. Il faut dire aussi que les erreurs d’arbitrage récurrentes leur donnent du grain à moudre. Tout ça conduit irrésistiblement les fans de foot à se poser la question et à prendre partie. Comment appréhender la question ? Quels sont les arguments des deux camps ?
Un problème de définition
Tout d’abord il faut recadrer le problème. Les mots « arbitrage vidéo » ne veulent rien dire si l’on n’explique pas le contexte. Arbitrage vidéo pendant le match ? A posteriori ? L’utilisation de la vidéo et les conséquences qu’elle implique ne seront pas les mêmes en fonction du moment à laquelle elle est utilisée. Par exemple, les média / personnalités que l’on positionne dans le camp des « contre » sont souvent réfractaires à l’idée d’utiliser la vidéo pendant les matchs, mais favorables à un usage à posteriori dans le but de sanctionner des joueurs.
Le camp des « pour »
Regroupant les sites, quotidiens et émissions destinés à la masse (oui vous voyez de qui je parle : lequipe.fr, France Football, et .. toutes les émission télés) le camp des « pour » ne manque pas d’adeptes.
L’argument principal ? Le foot est parasité par la triche, les simulations, et les arbitres ne sont pas infaillibles : l’erreur est humaine. La coupe du monde 2010 en a été l’exemple même. L’issue des huitièmes de finale Argentine-Mexique et Allemagne-Angleterre n’aurait peut-être pas été la même si le but injustement refusé à Lampard avait été validé ou si Tevez avait été signalé en position de hors jeu.
La solution ? L’assistance vidéo pendant les matchs, dans plusieurs cas de figures. Voir si le ballon a dépassé la ligne de but, siffler ou non une position de hors jeu, et s’assurer qu’une faute a bien été commise dans la surface pour pouvoir accorder un penalty. Si le rugby y a recours, pourquoi ne pas l’adopter pour le football ?
Les conditions d’utilisation ? Les entraineurs auraient le droit de demander une vérification vidéo plusieurs fois pendant le match.
Mais pourquoi n’entendons-nous jamais tous ces spécialistes nous vantant les vertus de l’arbitrage vidéo pendant le match plaider la cause d’une vérification à posteriori, solution beaucoup plus simple à mettre en place, même si elle n’implique pas les mêmes conséquences ? Sans doute parce que insulter les arbitres de tous les noms en faisant un papier ou une émission mainstream est beaucoup plus simple que de se poser les vraies questions.
Le camp des « contre »
Parmi les pionniers du « contre » se trouve les cahiers du foot, qui essayent de répandre leurs opinions depuis des années en vain.
L’argument principal des cahiers est que la vidéo n’est, tout comme l’arbitre, pas infaillible. Facilement un tiers des actions suscitent le débat. Ne vous est-il jamais arrivé de vous engueuler avec vos amis devant un ralenti pour savoir si la main était volontaire, si la faute était commise dans la surface ou si le joueur qui vient de marquer était hors jeu ? Le but que Loic Remy a marqué il y a quelques semaines en est le parfait exemple. L’exemple le plus flagrant : Brésil-Norvège 1998. L’arbitre siffle penalty à la 87ème pour la Norvège, l’arbitre se fait lyncher car les images montrent une vulgaire simulation. Trois jours plus tard, une vidéo amateur filmée des tribunes montre qu’il y a bien eu tirage de maillot au début de l’action..
Autre argument, le fait que ce concept soit difficilement applicable pour un sport comme le football. En effet, la notion de rythme est primordiale dans le foot. Les reprises après un long arrêt de jeu dus à une blessure sont par exemple toujours difficiles pour les joueurs car ils perdent la dynamique dans laquelle ils étaient deux minutes plus tôt. Certaines équipes menant au score n’hésitent d’ailleurs pas à multiplier les fautes pour casser le rythme de l’équipe adverse. Couper le match pendant plusieurs minutes et ceci plusieurs fois dans le match afin d’avoir recours à la vidéo est donc dangereux pour le jeu en soi. Rien à voir avec le rugby où les phases de jeu sont espacées de pauses, d’où le fonctionnement du dispositif d’arbitrage vidéo.
Les cahiers militent par contre pour une utilisation officielle et récurrente de l’arbitrage vidéo à posteriori, pour sanctionner les joueurs coupables de simulation ou d’attentats sur d’autres joueurs. C’est déjà le cas aujourd’hui, mais ce n’est pas encore systématique et de nombreux joueurs évitent les suspensions. L’arbitrage à 5 serait aussi une des solutions pour aider les arbitres à prendre des décisions dans des cas difficiles
L’avis Sport Economics
Je suis en grande partie d’accord avec la position des Cahiers du foot concernant les conséquences néfastes que l’arbitrage vidéo pendant un match pourrait engendrer. J’aimerais cependant préciser quelques éléments.
Tout d’abord la mise en place d’un tel système vidéo au niveau mondial est impossible. Tous les pays, tous les clubs n’ont pas les moyens humains et technologiques d’appliquer cette mesure. Et on ne peut imaginer une coupe du monde avec arbitrage vidéo si les éliminatoires n’ont pas fonctionné avec les mêmes règles, cela poserait un problème au niveau éthique.
D’autre part, le football déchaine les ferveurs parce que les amateurs qui jouent tous les week-end jouent selon les mêmes règles que les professionnels. Ils peuvent s’identifier aux stars qu’ils voient à la télé. Insérer l’arbitrage vidéo changerait les règles, le jeu, et un fossé immense se creuserait entre le monde pro et amateur.
Enfin, il est clair que l’injustice exacerbe la passion pour le football. Un football aseptisé, sans erreurs d’arbitrages, aurait forcément moins de saveur. Diego en sait quelque chose…
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