J’admire la qualité de cet article.
Je suis d’accord avec Cogno.
J’ajouterais qu’ensemble ou démocratiquement on ne convient que d’une sorte de dénominateur commun coagulé autour d’un espoir positiviste à la Coué et qu’il s’avère bien souvent mauvais.
Doit-on en déduire que plus un groupe est grand, plus il risque de faire de grosses conneries ? Pas forcément. On pourrait faire un modèle heuristique pour le prouver mais on pourrait faire un autre modèle qui prouverait que les conneries sont inévitables et valent aussi bien pour un éléphant que pour un banc de poissons que pour des humains isolés ou regroupés.
Il est possible de postuler que tout ce que fait un individu isolé est bon pour lui. Les pioniers de l’Amérique, les Christopher MacCandless ont pourtant fait des tas de conneries, parfois même fatales pour eux.
Y aurait-il alors une dimension optimale au groupe et une taille au-delà de laquelle il ne ferait plus rien de valable ? Ce n’est pas forcément vrai (une banque unique du sang serait une bonne chose, un réseau Internet unique aussi).
D’une part, sauf en amour, nous sommes fascinés par la puissance qui se dégage du groupe dont on espère implicitement qu’il nous protègera mieux. D’autre part, nous en avons l’expérience personnelle, vivre c’est faire des erreurs et être déçu. Mais comme l’erreur et la déception sont souvent déniées (c’est probablement ce que nous faisons de plus profondément stupide avec tant de ruses déployées), la rumeur reste à la croyance en la perfection et même en la plus grande perfection issue du regroupement « A plusieurs, on évite les grosses erreurs »
A priori, un mouton, une sardine, un piranha, une méduse, un zèbre, ça peut très bien vivre seul. Mais on les voit vivre en groupe. Ils y trouvent l’intérêt de ne pas être particulièrement dans le colimateur d’un prédateur mais parfois aussi celui de pouvoir mieux attaquer une proie. Globalement, ce n’est pas le paramètre prédateur/gibier qui fait à lui seul les troupeaux ou les solitaires, la reproduction joue aussi, l’orientation migratoire aussi.
Ce regroupement pose quelques problèmes dont le suivisme vers l’abîme qu’on appelle alors panurgisme mais l’un dans l’autre, le regroupement leur reste profitable.
Plutôt que crever seul, nous préférons visiblement crever tous ensemble, éventuellement dénaturés et écrasés par nos créatures géantes.
Continuons le jeu du regroupement autour de dénominateurs communs parfois stupides voire suicidaires et acceptons les turpitudes qui en résultent tout en protestant vivement et tout en nous efforçant de les éviter. Continuons à vivre ensemble en errant à la recherche d’une solution parfaite que nous ne trouverons jamais.