La sémantique « argent dette » est manipulatoire.
D’abord, un détail. Pour moi, la valeur c’est le produit spécial, par exemple la voiture ou le canapé et la contrevaleur c’est le billet certifié posséder la même valeur machande. Ainsi, à mon sens, l’or en stock n’est pas la contrevaleur des billets émis ; l’or est la valeur et les billets sont sa contrevaleur.
L’argent, quand il n’est pas la contrevaleur papier d’une valeur déjà créée (par exemple 300 billets de papier certifié en contrevaleur d’une maison déjà construite) est la contrevaleur d’une assurance ou confiance envers celui qu’on peut aussi appeler le débiteur (confiance en sa capacité à construire une maison, une usine, un canapé)
Certes, on peut appeler une personne à qui la banque vient d’accorder 100 000 € de crédit, un endetté. Certes, c’est sur l’engagement à rembourser que signe cet endetté que l’argent est créé. Certes on peut alors appeler cet argent de l« argent dette ». Mais ces terminologies sont là pour faire ressortir une gentille victime d’un côté et un méchant bourreau de l’autre. L’argent dette est en réalité l’argent confiance, fiduciaire.
Fondamentalement, personne n’est obligé d’emprunter. On n’emprunte que pour améliorer son sort et on le fait sur la confiance en ses propres capacités à rembourser. Dès lors qu’on a décidé d’emprunter, il nous reste à convaincre le banquier d’avoir également confiance en nous.
D’une manière générale, c’est des millions de fois que cette confiance de l’emprunteur en lui-même ajoutée à la confiance du banquier, aboutit à créer la véritable valeur, la maison, la voiture, le canapé.
Il a parfois des défaillances. Les conséquences sont alors terribles pour les endettés car ça peut les conduire à une situation pire qu’avant l’emprunt et généralement moins graves pour les banques puisqu’elles mutualisent et parient surtout sur la masse au-delà de parier sur un individu.
En effet, face à un dossier de demande de crédit, une banque tient compte de la confiance que lui inspire l’emprunteur et aussi du roulant de réussite de la masse des crédits en cours.
Comme dans tout système, il y a perversion possible (à trop vouloir bien faire, on finit souvent par mal faire) les banques peuvent en venir à accorder trop facilement confiance
en un emprunteur lambda en se reposant trop sur son roulant massif. Certes, ça peut aboutir à des situations massivements pourries où par le fait de trop d’impayés à la fois, tout s’écroule. Mais ces perversions ne doivent pas remettre en cause le principe de base des mutuelles que sont les banques. Ce qu’elles font à la base, quand elles accordent un crédit, c’est accorder confiance
Par dépit, quand on se sent malheureux dans sa vie, on peut évidemment en venir à transformer les mots, à effacer le mot confiance et à le remplacer par dette. Mais à ce mauvais compte là, pourquoi ne pas remplacer le mot confiance par le mot dette dans tous les autrtes cas de figure ?
« Je te prête ma tondeuse à gazon parce que j’ai confiance en toi »
serait à remplacer par
« En obtenant que je te prête ma tondeuse, tu t’es endetté envers moi »
« Je me déshabille devant toi parce que je t’accorde confiance »
serait à remplacer par
« J’ai retiré mes vêtements alors tu es endetté envers moi »
J’aborde carrément la question du lit ou du sexage car l’air de rien, notre attitude qui va à dénier le principe de confiance qui est plutôt humain et qui suppose une possible perte ou un renoncement à des comptes d’apothicaire, envers les banques ou les patrons, ne peut pas être sans incidence jusque dans nos relations amicales ou conjugales. Preuve en est que la judiciarisation s’insinue désormais partout.
Je considère qu’à titre individuel, il est de bon sens de retirer son argent de sa banque si l’on ne fait plus confiance en sa capacité à offrir des billets valables à sa prochaine demande au DDB. Mais lancer une opération de retrait massif est puéril pour ne pas dire débile (de la part des footballeurs, les débilités ne m’étonnent guère)
Que vivent les banques, ces jours ci ?
Elles ont d’un côté des gens qui lancent une opération de retraits massifs qui se traduira au mieux par la sortie de 10 millions d’euros et de l’autre côté, elles reçoivent chaque jours des milliers de dossiers les suppliant de faire confiance et d’accorder des crédits. Une poignée de boudeurs d’un côté contre des millions de solliciteurs empressés de l’autre, ya pas photo, la demande de confiance prévaudra et heureusement.
Une banque n’a rien à gagner à un défaut de remboursement, à une mise en défaut de la confiance qu’elle avait accordée à un emprunteur. Quand les défaillances sont peu nombreuses, la banque résiste, quand elles sont nombreuses, elle s’écroule. Il n’est alors pas illogique qu’elle cherche à obtenir des grandes intitutions, un renflouement, un relais. Et il n’est pas illogique que les Etats, dont l’argument principal est tout compte fait la confiance en l’avenir, répondent positivement à leurs demandes d’aide.
Il y a évidemment à corriger les perversions qu’engendrent la confiance aveugle, la confiance diluée dans les arcanes d’une énorme usine à gaz, mais il n’y a pas à abolir la confiance. D’autant qu’en matière financière, cette confiance porte essentiellement sur le futur.
Changeons un peu de sujet.
Ces temps ci, nous sommes nombreux à être révulsés par les fortunes que se font certains. Je vous invite à ne pas perdre de vue qu’il est absolument impossible pour quiconque de jouir d’une fortune sans la dépenser donc à obtenir de la part des autres quelque chose contre une part de sa fortune.
Pendant qu’on est là à se lamenter de rouler dans une vieille voiture alors que des traders se font des milliards, d’autres leur vendent des îles, des villas, des piscines de champagne et des tableaux, et ils s’enrichissent aussi.
Un simple quidam, vaguement photographe, parce qu’il s’est trouvé dans les parages des Bettancourt, a su leur soustraire 1 milliard. Punaise, un milliard, sans être ni particulièrement beau ni fort, ni génial. Un milliard pour avoir fait le clown et distrait madame de ses longues soirées d’hiver. Mais lui aussi le Barnier, s’il veut profiter de son milliard, il faudra bien qu’il en donne à des gens qui lui offriront autre chose que des billets.
Il est impossible de jouir des seuls billets. On ne peut vraiment jouir que du meilleur que les autres veulent bien nous livrer : beauté, douceur, confiance, caresses, savoir-faire artistique, chant, musique, livres, poèmes, design, amusement, mots tendres, achitecture... On ne peut jouir que du talent que les autres nous livrent, qu’on se livre mutuellement (nous jouissons déjà énormément de nos talents mutuels et nous avons tendance à ne pas nous en rendre compte)
Alors montrons notre capacité et notre disposition à livrer ces choses qui procurent un vrai plaisir plutôt que notre capacité de nuisance, notre mauvaise humeur et notre bile.