Eh bien disons que je ne suis qu’un humain qui n’a nul espoir de changer le monde ou la nature humaine à lui tout seul et qui plutôt que de se complaire dans la facilité du rejet stérile d’un univers qui ne tourne pas aussi rond qu’il le voudrait, préfère agir pour rendre meilleure la vie de sa famille et de ses proches.
Je ne suis pas Dieu et je ne porte pas la responsabilité de toute la misère du monde. Je ne porte même pas la responsabilité de l’existence du capitalisme car ce n’est pas moi qui ait voulu que la nature humaine soit ce qu’elle est. Par égoïsme, l’homme suscite des empires économiques colossaux. Par altruisme, tout ce qu’il arrive à faire, c’est offrir une maigre soupe aux clochards en hiver. Ce n’est pas une question de système ! C’est une question de nature humaine. Il ne servirait à rien de construire un monde d’altruisme pour une créature qui même quand elle semble agir de façon désintéressée a toujours au plus profond d’elle une motivation égoïste. Si les hommes était des êtres naturellement altruistes et portés à la bienveillance, le modèle communiste se serait imposé aussi naturellement à eux que l’économie de marché. Mais l’homme n’est pas cette créature-là.
Ceci dit, contrairement à ce que vous écriviez, il n’y a pas d’être élu, de gens doués par nature de plus de courage que d’autres. Il y a simplement des individus qui ont osé un jour se regarder dans le miroir et se traiter sincèrement de minable. Après, tout s’enchaîne, c’est comme perdre la foi en Dieu, c’est brusque et irréversible. Un beau matin, on sait que plus rien ne nous arrêtera.
A la prochaine sisyphe