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Commentaire de easy

sur Les Tétons contre Téléthon ou TF1 contre France 2


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easy easy 6 décembre 2010 12:15


J’ai eu un fils atteint de leucémie et il en a été guéri grâce à l’effort collectif classique (cotisations obligatoires et dons de produits sanguins, moelle osseuse, sang de cordon...)

Mettons donc que j’aie été tout près d’être le père d’un enfant souffrant d’une maladie éligible au téléthon.

Et bien ce téléthon, comme tous les thons visant à récolter massivement, de façon ponctuelle et très spectaculaires des dons pour toutes sortes de drames, me met mal à l’aise. Il y a quelque chose qui pue dans cette visibilité, dans cette ostentation.

Ca créé une théâtralisation à la fois des drames et des élans. Or dans toute théâtralisation, il y a stratégie de récupération. Pas seulement par les organisateurs et les participants visibles mais aussi par les donateurs.
Oh ce n’est pas nouveau qu’un prince arpente la ville depuis son char de triomphe en jetant des pièces à la foule, ce n’est pas nouveau les ventes de charité, ce n’est pas nouveau l’appel de l’abbé Pierre. Mais toutes ces ponctuations collectives du pathos sont du théâtre et virent inévitablement à la farce car il n’y a plus de contradicteur possible. On ne peut pas dire du mal de ces messes de charité sans se voir opposer une aporie. Les Crozemarie ont alors les coudées libres mais les donateurs aussi qui peuvent faire dire ce qu’ils veulent à la messe à laquelle ils viennent de participer.

Ca crée une dichotomie entre l’impôt obligatoire et le don volontaire. Une dichotomie de valeur morale qui n’est entretenue que par la théâtralisation de ces olas du pathos. A l’intérieur de l’impôt, il y a une part significative d’altruisme, au travers de sa part consacrée à la santé, au travers de sa part consacrée à l’instruction des jeunes, au travers de l’investissement pour les infrastructures. Toutes choses dont chacun peut se dire qu’il n’en profitera pas forcément lui-même, surtout s’il n’a pas d’enfant, surtout s’il vit seul. Plus il y a de théâtralisation autour de ces messes de la générosité, plus l’impôt est perçu comme sec d’altruisme, moins il porte de valeur, plus il est détesté, plus tout ce qui est fait au travers de lui est déconsidéré et méprisé. Le rejet que l’on éprouve contre l’impôt qui ne pemet pas de faire jouer les strass et le gloss, qui n’offre aucune opportunité de se faire valoir en public, aboutit à ce qu’on cherche à s’en soustraire et qu’on en fasse une règle de conduite.

Déjà les premiers Rothschild, déjà les premiers Rockfeller, Eastman et autres Astor, avaient compris tout l’intérêt qu’ils pouvaient tirer de ce biais de la théâtralisation de la générosité, le carrosse de BHL ne fait que suivre le mouvement des maîtres
http://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/didier-porte-ridiculise-bhl-devant-28622

Les thons démocratisent ce principe de la théâtralisation en permettant à tous les Bidochons de singer les princes à l’intérieur d’un camion populiste.

Et l’élection des Miss ? 
Même principe.
Alors que c’est à chacun d’élire la belle de son coeur et de sa vie, on se retrouve le plus officiellement du monde convié à participer à l’élection d’une parfaite d’entre toutes les parfaites. Et les années ont beau défiler, les belles à élire ont toujours l’éclat des 18 ans. En rapport de ce vote que chacun fait (vraiment ou implicitement ou in petto ou entre potes) que reste-t-il alors du choix que chacun fait concernant sa compagne qui ne peut être constamment aussi pomponnée et qui vieillit ? 




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