Je trouve dans les commentaires, à un degré moindre dans l’article, le type même du discours politiquement correct à la française. Comme il y a de graves problèmes de discrimination en France, et qu’on refuse de les aborder, on sort un discours stéréotypé indigeste et indigent du genre « ce sont ces sales minoritaires communautaristes/islamistes/anti-français qui refusent de s’intégrer ; la discrimination est une invention de cerveaux dérangés, les véritables racistes ce sont en fait les immigrés, parce que c’est bien connu les français, les vrais français s’entend ne sont pas dut tout racistes et sont au contraire hyper-tolérants et ouverts à l’extérieur ».
Les coupables ne sont donc les français racistes et xénophobes, fermés aux minorités, qui pratiquent la discrimination à l’embauche, ou logement etc..., parce que bien entendu ce sont ces immigrés racistes qui pratiquent la discrimination en refusant d’être embauchés et logés comme de bons français ; non ce sont ceux qui s’en prennent à la discrimination omniprésente dans ce pays, ceux qui la dénoncent. Si ceux-ci sont en plus étrangers, alors on y voit la preuve d’un complot anti-français ourdi par les méchants anglo-saxons contre les gentils français, parce qu’il est bien connu que les complots, ça n’existe que chez les méchants anglo-saxons, britanniques et états-uniens ; et bien sûr pas en France, le fait que l’Etat français soit le champion de l’opacité et de l’arbitraire juridique étant sans conséquence, parce que par un heureux miracle la France s’est retrouvée dotée de l’Etat le plus gentil au monde (sauf quand c’est le méchant pro-américain Sarkozy qui est au pouvoir, mais c’est uniquement dû au fait qu’il est pro-américain ; si c’était le gentil ultra-corrompu Chirac qui était encore au pouvoir ce serait aps pareil, qu’il soit ultra-corrompu étant sans importance c’est un gentil puisqu’il est anti-américain). Les problèmes de minotité, c’est donc tout la faute des méchants américains et britanniques qui ont eu le culôt de réussir à faire bien mieux que les français en matière d’intégration des minorités. Quel affront mortel au sacro-saint « modèle républicain ».
Oui, mieux vaut se bander les yeux et défendre ce modèle républicain, aussi sclérosé et inefficace soit-il, plutôt que de remettre en cause son absence complète de résultat, qui apparaît de façon crainte. Ou plutôt, c’est justement parce qu’il a largement fait la preuve de son inefficacité en matière d’intégration qu’il faut le défendre ; parce qu’il permet de maintenir la domination des français blancs et de leur « culture ».
Le discours cliché anti-communautariste en France permet de dissimuler de fait : le vrai communatarisme est celui des français « de souche » bien blancs. C’est lui qui a permis la mise en place de banlieux délabrées et d’antagonismes ethniques. Il aurait pu être possible de permettre une intégration à la culture dominante si on avait mené une lutte vigoureuse contre la discrimination, mêlant répression de la discrimination et éducation. Cela n’a jamais été possible, à cause d’une part de la peur de faire monter le Front National, et d’autre part parce que le modèle « républicain » traditionnel est justement hostile à la diversité de par son monolithisme nationaliste. Ce qui explique la fermeture du français, plus grande qu’ailleurs, car son identité, récente et largement artificielle, est moins assurée.