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Commentaire de easy

sur Sexy Sixtine !


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easy easy 18 décembre 2010 14:50

Encore un beau sujet !

 Merci Ariane

L’homme n’est pas trop conçu pour regarder au-dessus de sa tête. Il peut regarder à 45°, 60° au-dessus de l’horizon sans trop de difficulté mais au-delà, ça lui pose des problèmes fondamentaux, vitaux, de sécurité et d’équilibre.
Je considère donc que les efforts déployés pour décorer les plafonds ont quelque chose de fou. Et il se pourrait bien que ceux qui les ont conçus aient cherché à exploiter le vertige, la mise en danger que suppose le regard pile au-dessus de soi.
Je ne doute pas qu’un homme aussi intelligent que Michel Ange ait eu pleinement conscience qu’il placerait les spectateurs en situation fragile, dangereuse.


Quand on fait de la plongée sous-marine, il est d’usage et de sécurité de descendre à plusieurs, en palanquée. De là, on pourrait en venir à croire que c’est une ballade sympa car en groupe. En réalité, à cause du masque, on a un champ visuel réduit et on se sent seul. Quand on regarde quelque chose, on ne sait pas ce que les copains regardent dans le même temps.
Dans une galerie de peinture traditionnelle, les choses à regarder sont à hauteur des yeux, les regards sont horizontaux et chacun voit où les autres portent leur regard. 
Et bien le regard vers le plafond est le seul regard qui nous isole complètement des autres. Et Michel Ange ne pouvait manquer de considérer ce fait.

Il ne pouvait manquer de considérer un autre fait. Chaque fois qu’une personne fait un discours en se posant en autorité, elle fait des mouvements de bras et de mains qui, à un moment ou à un autre, comportent le pointage de l’index vers le ciel. Très étrange ce pointage vers rien sinon une autorité supérieure. Et Michel Ange de nous faire ses deux personnages principaux pointant de cet index mais cette fois horizontal. Tout en couché, en allongé. Quant à l’expressivité même de ces index, elle va davantage à la sensualité qu’à la menace ou à l’autorité.


L’homosexualité ne m’émeut que dans son drame. Par exemple, YS Laurent me faisait vraiment pleurer de compassion. Mais je ne vois pas dans les images mêmes du plafond de la chapelle Sixtine, le drame de son auteur (de même que je ne vois pas dans les robes d’YSL, son drame). Et comme en dehors des instants de déménagement, de charpente ou de guerre, je suis assez allergique au contact des muscles, à l’homogénéité des couleurs de peau, les images de ce plafond ne me touchent pas. 

Pas sexy, pas glamour ce bazar.

Ses images n’illustrent directement aucun drame et sur le plan esthétique, elles comportent tout ce que je fuis. Alors que les tableaux de Gérôme sur Pygmalion & Galatée représentent directement le drame de l’homme idéaliste (Et là on voit de belles différences de musculature et de carnation). ’Lâge mûr« de Camille Claudel, voilà une oeuvre qui illustre un impossible.

Je trouve toute représentation de Dieu (qui est une question métaphysique et ne peut que le rester), (écrite, sculptée ou peinte), affligeante, consternante de finitude quand elle ressort en solution plus qu’en mystère. Or, sur son plafond, Michel Ange semble dire »Voilà Dieu, voilà la Création selon moi". 
Quoi ? Tout ce chantier pour montrer ça, seulement ça, de la peau et du muscle ?

Il me faut en arriver à étudier sa vie à Michel Ange, pour être ému. (Sa Pieta ne m’émeut pas alors que Daphné et Apollon du Bernin, comme ça illustre une impossibilité, une infinitude, ça me touche)

Ce qui m’a ému à Saint Pierre comme pour toute autre grande construction, c’est le constat de la communion durable qu’il a fallu entre des centaines d’hommes pour arriver à construire un tel monument. 

Le Facteur Cheval est bien le seul à avoir construit un bidule colossal tout seul mais généralement, les monuments se construisent à plusieurs et ce qu’ils disent surtout c’est que des gens se sont rassemblés pour entreprendre quelque chose dans l’enthousiasme et la paix.


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