Je ne puis, au regard de l’analyse des causes profondes de nos crises, de même qu’à l’analyse des causes des guerres présentes et passées, que m’inscrire en faux face à la thèse développée ici par l’auteur.
L’on pense par exemple que les frontières sont les causes d’une forme de racisme ou de xénophobie, source de conflits. L’on se dit alors qu’une abolition des frontières, permettant une mixité des cultures et des peuples, sera le sésame d’une humanité plus tolérante et plus ouverte. Je crois que c’est une erreur.
Les conflits viennent d’une part du fait que chaque système, chaque organisation sociale, se veut revendicative, et cherche, pour des raisons qui ont trait à la politique, à considérer son système, sa culture, ses valeurs et ses choix comme meilleurs que ceux des autres. C’est particulièrement vrai de nos « démocraties » qui si l’on y regarde de plus prêt ne sont au mieux que des « proto démocraties », et même je dirais, ont été dévoyées pour devenir des proto dictatures. Le dogmatisme capitaliste est d’ailleurs la cause fondamentale de ce dévoiement.
Les frontières permettent à différents groupes humains de vivre et « tester » différents modes d’organisation. Et cela est une richesse. Même si l’on estime néfaste un système, pourquoi ne pas considérer qu’il appartient de la liberté de chaque peuple de s’ auto déterminer ? Non. Nous jugeons les autres systèmes, et nous voulons leur imposer le nôtre.
Les raisons historiques sont d’ailleurs beaucoup plus d’ordre impérialiste et causée par la quête de pouvoir et le vol des richesses physiques de ces autres nations que nous avons considérées inférieures. Notre « civilisation », considérée comme supérieure, tente par tous les moyens de s’imposer aux autres, sans aucun respect de leur évolution propre, sans leur laisser l’opportunité de suivre leur propre chemin.
Cette unification imposée est terrifiante, rétrograde et terriblement destructrice. Elle est la pire chose qui puisse arriver à l’humanité. Elle prétend vouloir l’émancipation des peuples et des cultures, mais elle procède exactement à l’inverse : le nivellement des cultures par l’imposition d’une culture dominante qui assimile et détruit toutes les autres cultures.
Cette mondialisation forcée, outre qu’elle est avant tout économique et vise à centraliser les pouvoirs et les ressources entre les mains d’une toute petite élite dominatrice et totalitaire, et une abomination.
Et la seule chose qui puisse empêcher cela, c’est effectivement le rétablissement des frontières et le retour de la suprématie nationale. Chaque nation doit avoir la possibilité entière de fonder son propre projet de société, et si instance supra nationale il doit y avoir (instance mondiale), celle-ci doit avoir pour objectif de faire respecter cette suprématie nationale. Si un peuple se trouve opprimé, il appartient à ce peuple de se dresser lui-même contre ses tortionnaires, car ce n’est qu’ainsi que ce peuple pourra construire son émancipation.