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Commentaire de Analis

sur Karachi : enquête pour corruption lancée, Sarkozy dans le viseur


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Analis 22 décembre 2010 11:56

3/3

Il semble que la presse, après avoir mis en évidence les faits de corruption, change de stratégie dans ce dossier : il ne s’agit pas de renoncer à l’idée d’un lien entre l’attentat et les commmissions, mais d’essayer de faire porter les soupçons sur les intermédiaires séoudiens et libanais. Après Libération qui à la suite de l’entretien avec Michel Mazens essaye déjà d’écarter la piste d’une vengeance des services pakistanais, Marianne se demande (n°710 du 27 novembre) si ce ne serait pas en fait les intermédiaires floués qui se seraient vengés. Cependant, ils notent que « l’essentiel des commissions (85 % de 550 milions de francs) a pourtant été versé dans les mois qui ont suivi la signature du contrat. Puis la France a interrompu le paiement du solde de ces commissions, probablement pour se mettre en conformité avec sa nouvelle législation et sous la pression, amicale mais ferme, des Américains. Un intermédiaire, frustré de quelques dizaines de millions de francs, a-t’il pu se venger ? On n’en sait rien. Reste à comprendre pourquoi, dans cette hypothèse, il aurait attendu si longtemps pour le faire ? »

Le motif apparaît certainement un peu léger. L’essentiel des commissions avait été versé, y compris les douteuses. Après tout, c’est ce qui ressort des comptes de campagne de Balladur, si on soutient qu’ils ont effectivement été servis par ces rétrocommissions. Il reste cependant à savoir s’ils n’ont pas été alimentés par les fonds secrets de Matignon ; scandaleux et immoral, mais c’était légal à l’époque, ce qui le rend doublement scandaleux et immoral. La validation rocambolesque de ces comptes par le Conseil Constitutionnel est un autre scandale, qui confirme un peu plus que la France n’est qu’une république bananière.

Il reste toujours le problème du délai ; et pourquoi avoir attendu la mise en place d’une protection pour les personnels de la DCN.

Serge Raffy essaye d’avancer une autre explication, un peu alambiquée et peu convaincante, dans Le nouvel observateur (n°2403 du 25 novembre, pp.60-62) :

 

......

Que vient en effet de mettre au jour le magistrat ? Que Jean-Marie Boivin, en septembre 2001, a été chargé par les autorité« s françaises de négocier un arrangement avec l’intermédiaire Andrew Wang, à Genève, et qu’il lui aurait remis la somme de 83 millions de francs contre son silence et la reconstitution des contrats originaux de toutes les commissions liée aux frégates de Taïwan. Prudent, Boivin a conservé les documents dans son coffre de l’UBS à Zurich. Dans le milieu des intermédiaires, cette entorse au blocage des commissions par Jacques Chirac provoque l’indignation et la colère. La DCN et certains contacts au ministère de la Défense sont alors menacés de représailles.  »Cette piste d’une vengeance du réseau floué, en l’occurence celui du Libanais El-Assir et du Saoudien Cheikh Ali Ben Musalam, est de plus en plus plausible, souligne un policier chargé de l’enquête. Les deux hommes étaient très liés aux services secrets pakistanais et aux réseaux terroristes islamistes. Ali Ben Musalam, décédé curieusement en 2004 dans des conditions mystérieuses, était connu pour financer les mouvements les plus radicaux au Pakistan. A-t’il été victime d’une opération « homo » (une exécution) par les services français à cette époque ?"

......

 

Il reste d’autres questions au sujet de l’affaire des rétro-commissions : comme Me Morice l’a affirmé, les intermédiaires ont-ils essayé de faire chanter le gouvernement français ? Ont-ils obtenu gain de cause ? Si oui, ils n’avaient alors plus de contentieux avec ce dernier. Mais il se pourrait qu’on ait essayé de les faire taire. Takieddine a notamment affirmé au Canard Enchaîné avoir fait l’objet de menaces.

Dans l’optique qu’essaient de promouvoir ces journaux, les services pakistanais reviennent par la petite porte, au travers de leurs implications avec les réseaux djihadistes et les séoudiens. Jean-Dominique Merchet et Frédéric Ploquin rappèlent dans l’article de Marianne que « l’affaire se complique du fait de l’implication des services secrets pakistanais, l’Inter-Services Intelligence (ISI), qui financent et instrumentalisent des réseaux... » Le tout sans rappeler bien sûr les liens profonds entre la CIA et l’ISI. Donc, des intégristes séoudiens et libanais en ligue avec des félons pakistanais. Tout ceci fait très VO, loin des magouilles de la CIA et autres services occidentaux. Un Alexandre Adler pourrait s’y retrouver. Les apparences sont sauves au final.

Les faits vont dans un sens différent : que les auteurs de l’attentat n’aient pas attaqué alors que les employés de la DCN n’étaient pas protégés indique que l’assault du 8 mai 2002 doit sans doute se comprendre dans le contexte du 11 Septembre. Vus les doutes sérieux autour de leur identité, le thèse d’une attaque sous faux drapeau destinée à enraciner la France dans la guerre contre le terrorisme en sort renforcée.

 


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