Je ne fais pas d’impasse, Sylvain, et je vais tâcher de vous répondre sur ce point
Si j’entends bien votre propos, vous dites qu’il n’est pas possible d’établir une forme de démocratie telle que je la propose, parce qu’il n’existe pas (et n’existera jamais) de « peuple durablement uni sur tout ».
N’est-ce pas poser là un argument absolu (absolutiste ?) afin de rendre impossible ma proposition ? Selon moi, il n’est pas plus nécessaire de voir établir un peuple durablement uni sur tout dans le cadre de ma proposition que dans celui du status quo « démocratique » actuel.
« Toute la vie politique, en interne et en externe, est marquée par des divisions, dites-vous. » Entièrement d’accord avec vous sur ce point. Par contre, un peu moins sur votre conclusion. En quoi une population serait incapable de traiter directement les questions litigieuses, alors qu’un pouvoir centralisé le pourrait ? Cependant je puis partiellement souscrire avec certains éléments de votre proposition : qu’il y ait une institution centrale représentative afin de veiller à traiter ces questions, oui. Mais il n’est pas nécessaire que cette institution dispose du pouvoir de décision. L’exemple de la Suisse le montre, le pouvoir de décision peut être accordé au peuple (à la population, si vous préférez ce terme). De facto, ma proposition instaure une séparation de pouvoir : le peuple (l’ensemble des citoyens) dispose du pouvoir de décision, tandis que l’institution représentative est chargée de traiter la présentation des questions à régler, elles-mêmes devant émaner de la base, c’est-à-dire des collectivités. D’autre part, voyez les propositions présentées sur le site du Plan C, elles incluent des contre-pouvoir et une séparation de pouvoir également, bien plus rigoureuse qu’actuellement. Je vous ferai remarquer qu’en France, la séparation des pouvoir est plus que lacunaire : l’exécutif - à travers le Président de la République, et quasiment investi de tous les pouvoirs. Les contre pouvoirs sont impuissant, ou rendu impuissant dans la pratique ...
Je n’ai jamais prétendu que l’ensemble de la population était d’accord avec mon point de vue (ou le votre), ni même que cela devait être nécessaire. Je suis assez inquiet que vous nourrissiez cette idée, car elle induit implicitement une nécessité totalitaire, absolutiste, pour prétendre à pouvoir fonctionner. Je ne puis aucunement souscrire à cela.
D’autre part, il n’en est pas moins vrai qu’il est un certain nombre de points qui peuvent constituer un socle commun d’union entre les citoyens, socle que l’on peut facilement établir sur base des besoins essentiels de tout un chacun (par soucis de place, je n’établirai pas ici cette liste de besoins fondamentaux).
Je ne prétend pas, donc, comme vous semblez le pensez, « forger un peuple uni ». Ce faisant, je referai les mêmes erreurs que tous les idéalistes de gauche ou de droite. Par contre, je fais le pari que, moyennant des institutions - et une constitution - nouvelles, il sera avantageux de déplacer le pouvoir de décision, et ainsi la responsabilisation, des questions politiques vers les citoyens eux-mêmes. Il n’est pas nécessaire qu’ils soient tous d’accord sur tout. Là intervient l’outil qu’est le suffrage universel : non pour élire une personne, mais pour choisir telle ou telle proposition. L’institution représentative dont je parle plus haut disposera alors d’un pouvoir exécutif afin de veiller à l’application des décisions prise par votation, mais aura un contre pouvoir émanent directement des citoyens afin de surveiller le travail de ces représentant.