Deneb,
Tout d’abord, joyeux Noël...
Concernant la pudibonderie des Indiens, il y a plusieurs sons de cloche, les Indiens comme tous les peuples n’aimant rien tant que de rendre responsable les « autres », autrement dit les envahisseurs, de tel ou tel trait discutable.
Je crois que vous oubliez un point capital - la civilisation indienne la plus visible (temples, peintures, littérature) a longtemps été une affaire de cour princière. Dans ce sens, les Moghols n’ont pas été plus pudibonds que les rajahs hindous ou rajputs.
Les assauts vandales contre le statuaire hindou visaient non pas tant l’exhibition de corps nus que les représentations d’êtres vivants. De même, les scènes érotiques des temples ne sont pas faites pour émoustiller, mais illustrent des notions religieuses qui incorporent l’énergie sexuelle.
Le pudibonderie victorienne est avant tout une affaire de classe - le triomphe des classes moyennes pudibondes de l’Angleterre s’accompagne de la poussée des castes commerciales hindoues (au Bengale, chez les Jaïns, aussi) qui ont toujours estimé que l’austérité des moeurs convenait aux activités marchandes (placés assez bas dans la hiérarchie des castes, les marchands en Inde ont toujours dû faire preuve de discrétion).
Ce sont les classes moyennes musulmanes, liées aux mouvements réformistes et puritains, qui ont jeté l’opprobre sur la brillante civilisation aristocratique des villes musulmanes. Celle-ci survit néanmoins dans les fastes de Bollywood qui, faut-il le rappeler, s’inspirent essentiellement de la civilisation moghole.