Je crois que ce qui anime ETA depuis quelques années, et qui lui confère un soutien toujours conséquent particulièrement dans la jeunesse, c’est de se poser en défenseur du peuple basque. Plus que la position dogmatique affichée sur le droit à l’auto-détermination et le socialisme, elle tire sa légitimité actuelle de son combat contre la répression (et le fait est qu’elle n’a quasiment ciblé que des forces de sécurité depuis quelques années). Chaque rafle de militants, chaque cas de militant torturé, chaque interdiction de parti ou de média, chaque procès bidon, chaque violence policière, etc., vient renforcer le sentiment d’injustice de tous, et favoriser le passage à l’acte de certains. ETA continue d’exister parce que la répression des autorités continue de la nourrir. Et la répression des autorités continue de se renforcer parce que ETA continue d’exister... Et là il est important de savoir que l’attitude de l’Espagne est sévèrement critiquée par les observateurs internationaux mobilisés pour la résolution du conflit depuis un an.
Comme souvent dans les conflits de ce type, la question des prisonniers politiques est primordiale. Ils sont 750 dispersés dans toutes les prisons françaises et espagnoles, et ils représentent un enjeu crucial pour ETA et la mouvance abertzale de gauche. Si l’Espagne et la France concèdent à mettre fin à la politique de dispersion, et donc à rapprocher les prisonniers basques du Pays basque, ce geste pourrait débloquer beaucoup de choses (la trêve de 1999 avait été rompue à cause du renforcement de la dispersion par le gouvernement Aznar). Ceci sachant que la résolution du conflit passera inévitablement par des mesures d’amnistie (cf l’Irlande du nord).