Je vois qu’il est temps de tordre définitivement le cou aux fadaises selon les quelles les juifs auraient une origine génétique commune. Toutes les « études » dans ce sens, d’inspiration racialiste typiquement völkisch, ont été démantelées. Elles ne se basent d’ailleurs que sur de vagues analogies, et des syllogismes et des ommisions destinées à égarer le profane. La génétique (la génétique sérieuse s’entend) ne soutient pas une plus grande proximité entre les populations juives d’Europe, d’Afrique du nord et du Proche- et Moyen-Orient. Chacune de ces populations a une identité bien spécifique, et présente de nombreux traits communs avec les populations au sein desquelles elles vivent. En dépit de l’endogamie à laquelle elles ont été soumises, ce qui confirme l’origine variée des communautés juives, car ces ressemblances avec les peuples en question ne peuvent s’expliquer par le métissage, mais bien par une origine ancienne en leur sein, à une époque où la conversion était autorisée.
L’analyse des études génétiques menées sur les communautés juives dans une optique sioniste informe plus sur les préjugés de ceux qui les ont menées que sur les liens de ces peuples. On ne peut qu’être frappé par la pauvreté méthodologique ; leurs auteurs semblant incapables de prendre en compte les notions d’isolement, de dérive génétique et d’effets fondateurs. De telles conclusions hatives basées sur une mauvaise appréhension de ces phénomènes sont courantes chez les généticiens quand elles sont guidées par des idées préconçues, il sufffit de se rappeler des histoires d’Ève mitochondrial. Ainsi, l’annonce de la découverte d’un gêne caractéristique des Cohen, représentant de la caste des prêtres du Temple, avait été annoncée à grands cris par le chercheur Karl Skorecki, et confirmée par d’autres. Mais d’autres études destinées à vérifier ces résultats, menées par le Pr Uzi Ritte, n’ont trouvé aucun gêne particulier pour les Cohen.
Rappelons-nous les études sur le chromosome Y « juif » par les équipes d’Ariela Oppenheim. Après moults hésitations et corrections, elles montraient en fait simplement qu’on retrouvait chez un certain nombre de juifs des mutations courantes chez les kurdes, arméniens, anatoliens ou turkmènes. Ce qui renforcerait l’hypothèse kazhare ! Et éloigne de la Palestine.
Quant à l’analyse de l’ADN mitochondrial, dont on a fait tant de cas il y a quelques années (les fameuses « Quatre Mères »), si elle veut dire quelque chose, encore une fois la présence de mutations particulières confirme simplement l’endogamie des juifs. Mais ces mutations seraient probablement originaires d’Europe... Donc, là encore, loin de la Palestine...
Le lien entre les askhénazes et les khazars n’est pas douteux. Certes, les témoignages d’époque sur la pratique du judaïsme au sein de l’empire khazar sont ambivalents. Certains d’entre eux vont cependant bien dans le sens d’une diffusion de cette religion dans leur population. Le contraire serait d’ailleurs étonnant. Les Khazars étaient tolérants, accueillaient aussi bien des musulmans, des chrétiens, des juifs que des polythéistes. Mais entouré d’Etats chrétiens, leur empire était un havre pour les juifs. La tendance naturelle est de prendre exemple sur le souverrain. Même sans prédication de sa part, il est très probable qu’une partie de la population locale se soit convertie, surtout en plusieurs siècles. Il est certain en tout cas que l’apparition de communautés juives importantes en Europe de l’Est, dotées d’une culture bien différente de celles d’Europe de l’Ouest, et démographiquement très supérieures à ces dernières, ce qui exclut un lien de descendance à partir d’elles, correspond temporellement à la chute de l’empire khazar.
Les ashkénazes eux-mêmes ont donc une origine double : ceux de l’Ouest étaient des descendants d’italiens, de gaullois et de germains convertis dans l’Antiquité ; ils étaient très peu nombreux. Ceux de l’Est, très majoritaires, venaient de l’Empire khazar.
Il n’est cependant pas incompréhensibles que certaines mutations spécifiques aux juifs puissent se retrouver disséminées dans de nombreuses populations. Les juifs n’ont jamais été isolés les uns de autres, et surtout, ils étaient contraints à l’endogamie. Les sépharades et les juifs anatoliens et arméniens étaient tous sous la souverraineté ottomane, et se rencontraient fréquemment. Anatoliens et arméniens étant proches des anciens khazars et des Russes du sud, ils présentent une grande proximité génétique avec ces derniers. Un grand nombre de sépharades s’étaient aussi réfugiés dans le sud de la France. Les gênes des descendants de l’Empire khazar se sont ensuite mélangés avec ceux des juifs d’Europe occidentale. Tout cela a induit un certain brassage, même si les populations restent bien distinctes.
Pas besoin d’internet à l’époque romaine ou au Moyen-Âge pour expliquer la similitude de rites religieux. On pouvait faire bien des choses avant internet et l’ipod. Les dignitaires des communautés juives voyagaient et se rencontraient fréquemment. Il n’y a aucun doute qu’ils procédaient à de nombreux échanges. Cela explique l’homogénéisation des pratiques. On sait que des rites spécifiques, comme le karaïte ou l’himyiarite, ont existé, mais ont ensuite disparu (et que les juifs du Yémen soient des convertis est là encore bien attesté).
Quant à la présence de juifs sur le pourtour méditérannéen dès le 1er siècle, voire avant JC, elle confirme l’existence du phénomène de conversion. S’ils avaient lu le livre de Sand, ses détracteurs sauraient que leur nombre était déjà beaucoup plus élevé que la population complète de Palestine, de 4 à 8 fois. Ce qui est l’argument définitif en faveur du fait que la très grande majorité d’entre eux étaient des convertis et non des émigrés.
L’existence du prosélytisme juif antique ne fait pas de doute quand on examine les sources historiques d’alors.
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