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Commentaire de L’Ankou

sur La dérive du président


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L’Ankou 9 février 2011 11:42

Bonjour Clojea et merci d’aborder le sujet. il me passionne et tu le poses de façon ouverte. Merci.

Je ne te contredis pas, mais je souhaite en recadrer les arguments :

Toujours se méfier des facilités.

Le criminel, le meurtrier, le « méchant », le dangereux, le violent n’est pas « comme nous ». On ne veut pas qu’il soit comme nous. On ne supporte pas qu’il soit comme nous. Il faut l’enlever de parmi nous.

Sauf que c’est un être humain. Il a aussi des droits. Et c’est nous qui serions inhumains à les lui dénier. C’est dur. C’est une discipline sur soi-même bien avant d’être un programme politique. C’est un travail de conscience. Un travail de la Raison contre les sentiments, les pulsions et nos terreurs profondes.

Lisez le blog d’Onfray ou celui de maître Mô pour comprendre ce dont je parle : on arrive toujours à comprendre que si la victime est notre semblable, hélas, le meurtrier aussi, et même le pire d’entre eux, de violeur d’enfants, celui qui torture, celui qui bafoue toute dignité et toute humanité à ses victimes...

Comprendre n’est pas pardonner, mais c’est s’éclaircir les idées pour juger et agir.

Au lieu de ça, la vindicte, la désignation de boucs émissaires, la stigmatisation de l’inhumanité des criminels n’aboutit qu’à des politiques qui n’ont fait la preuve que de leur inefficacité totale, avec un coût exponentiel.

Dire que le criminel est inhumain, c’est abdiquer dans cette tâche de compréhension qui, justement, nous fait meilleurs. C’est lui reconnaître une possibilité de s’amender, de revenir à la raison, de comprendre les erreurs de ses choix, de prendre les bonnes résolutions, de perdre ses sales habitudes... Bref, de changer, de choisir d’être mieux et de revenir dans la communauté sans plus y représenter un danger. Ce serait aussi se donner les moyens d’accompagner son changement et de le fiabiliser. C’est tout le sens de l’institution carcérale, quand on lui en donnne les moyens.

(quant à l’institution judiciaire, son rôle à elle est, en second lieu, de mettre les criminels en prison, mais en premier lieu d’éviter à tout prix qu’un innocent y soit).

Dire que le criminel est fou n’est jamais qu’une autre façon de ne pas le comprendre et de se dispenser de l’effort de le faire. C’est, inconsciemment, ne pas admettre que l’univers carcéral à un rôle de réinsertion et doit préparer tout personne qui s’y trouve à revenir au sein de la communauté. C’est, ayant constaté que les gens sortent de prison, obéir à la peur que cela inspire, interpréter ça comme un dysfonctionnement, et chercher une solution de substitution... Le juge des libertés met un individu « potentiellement dangereux » en liberté ? Quelle horreur ù Quelle erreur ! Vite, demandons à un psychiatre de l’isoler à nouveau ! Lui ne se trompera pas !

Il me semble que si des gens doivent être soignés de l’irrationnel et de la peur, ce sont ceux-là même qui font toujours pression pour qu’on durcisse le système pénal, judiciaire, carcéral et, en dernier recours, psychiatrique...

Je rappelle quand même que les hôpitaux psychiatriques ne sont pas des boîtes fermées où l’on peut oublier les gens qu’on juge dangereux... Les autistes, les trisomiques, les handicapés mentaux, les « fadas », les « simplets », les « innocents » (oui ! les innocents ! C’est comme ça qu’on les appelait dans nos villages) qui, littéralement, y trouvent « asile » ont plus que tout autre, et plus que nous-mêmes qui pouvons au moins nous défendre, le droit à ne pas côtoyer les criminels dangereux dont nous ne savons plus que faire...


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