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Commentaire de easy

sur Moi, travailleur lâche et complice de racisme


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easy easy 9 février 2011 18:59

Je comprends la réflexion de Sleeping zombie mais son exemple n’est pas comparable.

Le problème évoqué par Acturevue a la spécificité suivante :

Le patron, déjà en position de force puisqu’il est le propriétaire des lieux, a dit « On ne veut pas de vous ici »

Ce « on »,auquel on est si habitué qu’on n’y fait plus attention, ce « on » qui vaut, selon les biais, selon les contextes, selon les moments, tantôt quelqu’un, tantôt des gens, tantôt tout le monde, alors qu’il est émis par une personne et à sa seule initiative, ce « on » qu’on utilise pour lyncher quelqu’un, permet le comble de la formulation perverse. 

En balançant cette assertion selon laquelle « On » ne veut pas de ces nègres ici, ce patron déjà en position de force, a ajouté, gratuitement, sur le compte de « on » donc de tout le monde et de personne de précis, une masse de gens autour de lui, se montrant tous aussi menaçants que lui. 

Passons sur les questions d’autorité ou de droit concernant les ERP, Considérons plutôt un endroit où un proprio serait vraiment de plein droit de dire « Je ne veux pas de toi ici et cela en raison de ta couleur de peau ». Et bien, il n’y aurait pas grand chose à redire. Les personnes qu’il rejette voient clairement ce qui se passe et ne sont trompées sur rien. Elles voient un type seul qui vomit sa haine. Ils en prennent acte et peuvent partir tranquille. 

Toute autre est la situation où ce proprio, toujours de plein droit à virer quelqu’un de chez lui, le ferait au nom de « on » . Là l’impact psychologique est terrible, très puissant et ravageur. C’est parce que c’est ravageur que les personnes rejetées vont très mal le prendre. Elles vont soit tout casser soit se casser avec le moral dans les chaussures. 


C’est l’usage de ce « on » qui vire parfois carrément au « nous » quand c’est un tribunal qui énonce sa sentance, quand c’est l’Inquisition par exemple, c’est ce « on » que personne ne parvient à dénoncer qui est le très méchant machin à détecter et à napalmiser. 

Mais on ne le peut pas. Il faut des circonstances très particulières pour que les « on » éventuellement présents et considérés comme constituant ce « on » , comme ayant délégué leur parole au vociférateur, réagissent en disant « Oh la, oh la, c’est qui  »on« J’espère que tu ne m’as pas pris en otage parmi ces »on« que tu évoques »

Ce à quoi le Oniste répondra aisément « Mais non, je ne parlais pas de toi. T »as pas à te sentir concerner, Quand je parle de « on » il s’agit des autres«  mais il se gardera bien de préciser qui sont ces autres qui sont censés lui avoir donné procuration pour juger, à leur place, qui doit partir qui peut rester et le proclamer avec tant d’assurance » 

Chacun devrait être vigilant sur l’usage que l’on fait autour de lui de ce « on » brandi comme maître argument dans une attaque contre autrui, généralement isolé. Chacun de nous, quand il entend quelqu’un recourir au « on » dans un contexte où il serait, l’air de rien, embarqué aux côté de celui qui l’utilise comme arme ou levier, doit poser à haute et intelligible voix, la question « Qui est ce »on« dont tu nous parles ? »
 Et, le cas échéant, dire qu’il ne fait pas partie de ce « on » indéfini.



La mécanique du « on » se retrouve en famille.
Souvent, un des deux parents se pose face à son enfant, par exemple dans l’intimité de sa chambre, et lui dit « Nous pensons que ce que tu as fait cépabien » 
Dans ce cas, le parent peut très aisément se défendre de toute accusation d’abus en argumentant que ce recours au « nous » correspond d’une part à la réalité (le couple s’étant mis d’accord sur la critique à faire à son enfant) et que d’autre part c’est une marque de respect envers le conjoint absent que ce faire mention de son avis, que de l’associer à ce sermon.

Ces arguments sont entendables, mais, sans aucun doute, le parent grondeur se sert surtout du « nous » pour donner à l’enfant l’impression qu’il a face à lui un bloc massif et uni contre lui, pour lui ôter tout début de velléité de se défendre. 


Comme vous le savez, rien ne nous fait plus souffrir moralement que le jugement négatif des autres. DES autres.

Alors, les « nous » et les « on » utilisés dans les accusations contre soi sont diaboliques.



On parle souvent de la perversité de Sade. Pffff. Il n’y a pas un passage où il rejette qui que ce soit et en tous cas jamais par le « on » ou de « nous »

La perversité c’est rejeter au nom de « on ».

Dieu étant un meta « on »

Ca peut paraître étonnant mais il est impossible d’être pervers en ne parlant, en ne rejetant, en ne condamnant, en n’insultant qu’au nom de soi-même. Ainsi, Cyrano, mis à part les mots doux qu’il prononce au nom d’un autre, pour le compte et l’avantage d’un autre, mis à part cela, tout ce qu’il fait ou dit, il le fait en son seul nom, il se pose seul, toujours seul et bien en face. Il ne peut pas être pervers ou alors seulement dans le domaine de l’amoureux où là, ayant trop peur d’être rejeté, il manque clairement de courage.

La poésie est souvent un moyen d’éviter le très courageux « Je », Elle fait très souvent parler un « on » encore plus indéfini car même pas formulé.
En ce sens, quand Victor Hugo écrit un poème à ’Léopoldine« alors qu’elle est morte. Son »Je« dans

 »Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.« 


Ce »je« là n’est pas aussi courageux qu’un »je" qui aurait été écrit du vivant de sa fille.


De la haine à l’amour, du on, du nous, du je....




Ah, j’allais oublier, comme il est question de courage et de lâcheté, je relève que ce patron avait du vin dans le nez quand il a attaqué ces arabes.

J’ai souvent vu les plus charmants copains devenir aussi grossiers après quelques verres.




















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