J’ai eu un fils de 15 ans atteint d’une leucémie et finalement sauvé par l’équipe de l’hôpital Saint Louis de Paris par une greffe de sang de cordon venu de quelque part en Suisse.
Si les médecins m’avaient dit qiu’il n’y avait pas d’autre solution que de faire un bébé ad hoc, qu’aurais-je fait ?
Et bien ça dépend du moment.
Les chose se sont passées ainsi.
Un jour, que j’étais chez un client, ma femme m’a appellé pour m’annoncer que les petits bleus sur les jambes de notre enfant, les tests tout ça = leucémie.
Comme je croyais que leucémie = mort, et que j’aime assez la mort pour mon propre compte, comme j’estime que ce n’est pas parce qu’on peut avoir son enfant assassiné par un méchant qu’il faut exiger que tout le pays devienne parano, hyper fliqué et répressif, comme je trouve que la mort, même prématurée est une malchance comme une autre et qu’on doit accepter une part de résignation contre les malchances, je m’étais précipité vers mon fils et je lui ai dit « Rentrons vite à la maison. Profitons au mieux des derniers instants »
C’est dire comme j’étais alors fataliste.
Là dessus, ma femme, nettement mieux informée, m’exprime des reproches « M’enfin qu’est-ce que tu racontes, on va le soigner, etc. »
Et j’apprends donc qu’il existe des possibilités de guérison (déjà par une simple chimio, sans aucune sorte de greffe)
A partir de l’instant où ces autorité en blouse blanche m’ont quasiment reproché ma trop grande acceptation de la mort (je comptais accompagner mon fils dans la mort) et qu’ils m’ont expliqué les solutions, effet Milgram faisant, j’ai complètement changé d’attitude.
Ah, il faut combattre parce qu’il y a des solutions ? Alors combattons. Et là je n’ai plus raté la moindre occasion de faire des choses pour le guérir.
Si donc on m’avait dit que tout ayant échoué ou qu’en l’absence de sang de cordon ad hoc, il fallait vite faire un bébé adapté (il n’est pas évident de maintenir en vie pendant 9 mois de plus, un malade de la leucémie) qu’aurais-je répondu ?
On est là dans une situation où les conseils ou orientations ou suggestions des profs prestigieux compte énormément pour ne pas dire archi complètement.
Imaginons qu’après avoir touillé toutes les considérations dont parle Chris ici, j’aie eu envie de dire stop, on ne va pas aller plus loin, on ne va pas faire un enfant pour ça. J’aurais eu à supporter les avis contraires de ma femme, probablement de mes autres enfants, probablement des professeurs et probablement de mon fils malade aussi.
Vous l’avez compris, ce genre de décision doit être pris au-dessus des parents ou des patients.
Si l’on écoutait les parents des victimes de viol ou de meurtre, il faudrait des flics partout et 50 fois plus de prisons, des guillotines partout. Si l’on écoutait les parents d’enfants malades, il faudrait réinventer la nature, dépenser des milliards, sacrifier tous les animaux ou les humains en errance pour sauver leur progéniture.
Comme sur le sujet de la Police, celui du traitement médical doit être étudié et décidé par des instances morales collectives. Tous les individus doivent participer aux débats mais la décision doit être prise par des collèges.
C’est le principe de la Justice qui doit prévaloir. Quand la Justice nous condamne, nous arrivons à nous résigner, même à l’échafaud, parce que nous avons l’impression que c’est un collège, une masse, La Masse, Tout le Monde, qui en a décidé ainsi. La résignation, dont on dit souvent qu’il faut la combattre, il faut aussi savoir l’accepter.
Se résigner, ne pas se résigner, peut résumer toute la problématique humaine, sur tous les sujets. Je crois qu’on ne doit pas poser qu’il ne faut jamais se résigner ou qu’il faut toujours se résigner. La résignation c’est à voir, à considérer au cas par cas.
Bon, et maintenant, quand on est soi-même professeur ou politique et qu’on a à décider pour la collectivité, que fait-on ?
Quand on est déjà politique ou professeur de médecine, on est déjà depuis un bail dans le travail, le tripotage, le remodelage, la transformation de la nature.
Un tunnel sous la Manche, une transfusion sanguine, ça n’a rien de naturel, c’est déjà du Grand tripotage de la nature. Alors quand ont est habitué à transformer, on continue.
Il faut des arguments vraiment très forts, bien plus que de simples considérations de principe du type de ceux des Témoins de Jéhovah, pour arrêter des décideurs dont le boulot a toujours consisté à transformer les choses.
Chaque parent, aujourd’hui réticent à transformer, acceptera un peu plus les transformations quand il sera face à une demande, une exigence des siens. (Pour soi-même on accepte assez facilement la mort, c’est pour nos proches qu’on ne l’accepte pas)
Alors au fil du temps, toutes réticences comprises, nous parviendrons évidemment à Gattaca.
C’est précisément le fait que la résignation est impossible vis-à-vis des siens, c’est le fait que de nos jours chacun se bat encore beaucoup pour les siens, qui va influer sur l’orientation à venir. La solidarité familiale va disparaître.
Je pense que nous allons vers une formule dans laquelle plus aucun individu ne se sentira obligé envers les siens. Il n’y aura plus de « siens ». Les individus ne réclameront plus que pour leur propre peau et seront aussi liés techniquement qu’ils seront moralement isolés.
Facebook mais aussi Meetic nous mettent sur la voie selon laquelle nous nous satisfaisons de liens éphémères et de relations interchangeables. Bien qu’encore élevés en famille, les enfants se détachent déjà beaucoup de leurs parents, qui eux-mêmes divorcent pour un oui ou pour un non. Nous allons vers l’interchangeabilité des liens. Nous allons vers la procréation artificielle et l’élevage des enfants en batterie.
12/02 00:11 - Arthur
Il ne s’agit pas de gynécologie, il s’agit de des dérives de biologie génétique, (...)
11/02 21:08 - Arthur
Il ne s’agit pas de gynécologie, il s’agit de des dérives de biologie génétique, (...)
11/02 19:39 - Arthur
Bonjour Déacourdre Vous avez tous à fait raison de souligner qu’il y a pas une (...)
11/02 16:19 - Arthur
11/02 16:13 - Arthur
je ne reconnais pas dans la théorie de l’hypothèse de Godwi où dans la théorie de Pablow, (...)
11/02 09:40 - ddacoudre
bonjour king excellent trait d’humour, il n’y a pas que les humoristes qui ont le (...)
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération