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Commentaire de Patrice Lemitre

sur Non, la France n'est pas l'Allemagne !


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Patrice Lemitre Patrice Lemitre 17 février 2011 10:34

Deux jours après la mise en ligne de mon article et une vingtaine de réactions, je fais une petite mise au point.

-  Sur l’accusation de schématisme, qui m’a été faite aussi par ailleurs : lorsqu’on veut expliquer le fonctionnement d’un système, on procède, en sciences humaines, comme en mécanique : on simplifie à l’extrême. Pour décrire les principes du moteur à 4 temps, on ne détaille pas par le menu le dernier moteur de chez Renault. Attention à la tentation de croire qu’un auteur prend sa représentation du réel pour le réel lui-même. Ce n’est pas mon cas.

-  Quelqu’un a dit, observation judicieuse, que les grandes entreprises allemandes fonctionnent comme les grandes entreprises françaises. Ce n’est pas faux. La financiarisation de la société est à l’œuvre aussi dans ce pays. Mais l’Allemagne à moins de grands groupes de dimension internationale que la France. En revanche, chacun sait qu’elle dispose d’un réseau très dense de grosses PME très performantes, ce qui n’est malheureusement plus le cas de la France. D’autre part, je fais le pari que le capital des grandes entreprises allemandes est moins dilué que celui des nôtres. Si quelqu’un à des infos à ce sujet, je suis preneur.

-  Les grands groupes français, qui ne sont plus encadrés par l’état, n’apportent plus grand-chose à notre économie. Les groupes industriels ne paient plus d’impôt chez nous (on estime leur contribution moyenne à 8%), n’investissent plus chez nous, ne créent plus d’emploi chez nous et même en suppriment. Les groupes de distribution (Carrefour et autres) servent surtout de cheval de Troie aux produits des pays émergents. Quand aux grands groupes bancaires, on connaît la fragilité de leur situation, que les bénéfices record enregistrés cette année ne doivent pas masquer.

-  Je ne prône pas à tout pris la sortie de l’Euro. Je constate simplement que l’Allemagne a tourné de dos à l’Europe au profit d’une politique de puissance que les naïfs dirigeants français croyaient interdire à jamais avec l’Euro. Elle se sert de la monnaie européenne comme d’une arme pour achever les puissances européennes qui pouvaient encore lui faire de l’ombre. Se mettre la tête dans le sable n’est pas une bonne stratégie. Seconde constatation : après 10 ans d’euphorie durant lesquelles les pays à productivité faible ou moyenne ont profités de la force de l’Euro pour s’endetter à bon compte, on constate qu’on a fait que s’installer dans de confortables chaises longues sur le pont du Titanic. On a perdu l’industrie, mais les dettes restent. L’idéal serait de négocier avec l’Allemagne une réorientation de la politique économique de l’Europe dans le sens d’une relance concertée avec mise en place de protections douanières au niveau européen, de façon à ne pas offrir le bénéfice de cette relance aux productions chinoises et autres. Hélas, on n’en prend pas le chemin. Si la France ne prend pas l’initiative de chercher des alternatives, elle n’aura plus qu’à attendre la débandade finale durant laquelle on verra plusieurs pays quitter l’Euro en ordre dispersé, pour ne pas mourir étouffés ou plongées dans le chaos par les révoltes sociales.

-  Loin de moi l’idée de dispenser les pays comme la Grèce de tout reproche. Ce pays, pour ne parler que de lui, devra faire l’effort de lourdes réformes de structures. Mais on ne présente la facture qu’au peuple grec ainsi qu’aux autres contribuables européens. Pourtant se sont bien les banques qui se sont comporté avec légèreté en prêtant sans réfléchir à la Grèce, à l’Irlande, à l’Espagne, au Portugal… Des banques qui agissaient pour le compte des couches européennes les plus fortunées détentrices des actifs investis. La réalité est que ces couches, qui ont voulu le système actuel, ont fait de mauvaises affaires et qu’elles doivent comme tout le monde  mettre la main à la poche. Et pas pour en sortir de la petite monnaie !

 


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