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Commentaire de Damis

sur Zemmour : quand le tribunal se tire une balle dans le pied


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Damis 19 février 2011 18:15

Sans approuver ou désapprouver les propos d’Eric Zemmour, puisque de toute façon le choix ne se présente pas vraiment, et que par ailleurs je ne suis pas compétent pour en juger, je crois qu’il y a tout de même quelques questions qu’on devrait se poser ?

Tout d’abord sur le problème de la liberté d’expression : elle ne permet pas de tout dire, soit. Mais alors ou commence l’arbitraire ? Je crois que dans un pays où on a manifestement la permission d’insulter la police de l’Etat (qu’on se souvienne de l’affaire NTM il y a quelques années, ou toute la presse s’est levée comme un seul homme pour défendre la sacro-sainte liberté d’expression), où on se permet d’injurier notre drapeau, de siffler notre hymne national, tous deux symboles du sacrifice en des temps difficiles de beaucoup d’hommes pour leur Patrie, et bien d’autres choses, le champs laissé à la libre opinion devrait être assez vaste.

En fait, cette liberté se trouve maintenant réduite d’une façon consternante à tel point que la plupart des grands sujets de préoccupation actuels sont devenus tabous ou brûlants et que sauf à user systématiquement de la langue de bois, ou à s’installer confortablement dans le consensus de la bien-pensance, mieux vaut s’abstenir. Et si ça continue ainsi, il faudra bientôt se demander de quoi on pourrait bien parler. Je ne pense pas que ce climat-là soit très sain, et que d’empêcher les gens de s’exprimer sans entrave sur ce qui les réalités présentes puisse permettre de régler les problèmes actuels. Pas plus que de prétendre que ces problèmes n’existent pas.

Pour revenir à celui posé par ce genre de condamnation : supposons, que dans un tout autre registre, non délimité par un catégorisme lié à l’origine ethnique, et donc neutre, on émette une généralité analogue : par exemple de dire que les élèves issus de telle classe sociale, ouvrière par exemple, ont de moins bons résultats scolaires que ceux issus de classes plus favorisées. Ce n’est qu’un exemple banal et je pense admissible, sur lequel je n’affirme d’ailleurs rien. Y trouverait-on là matière à stigmatiser les enfants issus de cette classe ouvrière, ou cela ne signifierait-il pas plutôt que c’est l’ensemble du système éducatif qui est en cause, et par là même ceux qui sont chargées de gérer ce système éducatif (l’état, le gouvernement) ? Cependant, les élèves y seraient eux-aussi en cause quoique dans une moindre mesure et  de façon individuelle, sur le fait que leurs efforts pour compenser leurs difficultés devraient être d’autant plus appliqués. Mais il reste bien sûr que le système détient la plus grande part de responsabilité dans cette injustice.

 Je crois qu’on pourrait dire un peu la même chose à l’échelle d’un pays : si les choses vont mal et qu’on ne parvient pas à solutionner certains problèmes, c’est tout d’abord à son gouvernement semble-t-il qu’on peut imputer la principale cause de ces désordres, car il prouve ainsi son incompétence à gérer et à organiser. Mais ceci n’enlève pas pour autant la responsabilité des citoyens eux-mêmes, qui doivent aussi mettre un minimum de bonne volonté afin de faire aller les choses dans le bon sens et s’efforcer de fonder une véritable solidarité qui repose sur des valeurs et des points de vue communs.

La haine raciale est une chose révoltante et contre laquelle chacun doit se garder. Mais n’y a-t-il pas un autre genre de haine qu’on risque d’engendrer et de laisser répandre entre les citoyens en instaurant l’injustice et l’arbitraire ? Tout cela dans un climat d’autisme résolu, d’aveuglement décidé, et de défiance entretenue.


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