"Est-ce que cette disposition a un grand impact ?
En fait, cette interdiction n’a pas un impact si grand que cela.
Tout simplement parce que si la monétisation directe est interdite, la
monétisation indirecte (c’est-à-dire que la Banque Centrale rachète de
la dette publique déjà existante) reste autorisée. La BCE l’a d’ailleurs
pratiqué dernièrement, alors qu’elle ne le faisait pas auparavant.
Et il n’y a pas, pour ce qui nous intéresse, de grandes différences
entre monétisation directe et indirecte : dans les deux cas, l’effet
est le même. La seule différence, c’est que la dette de l’Etat doit
d’abord être souscrite par les marchés financiers avant d’éventuellement
être rachetée par la BCE (je sais je simplifie). Dans les deux cas, une
fois la dette rachetée, l’Etat ne paye plus d’intérêts. Si certains
veulent creuser le sujet, il y a effectivement des différences, Patrick
Arthus s’est récemment exprimé sur le sujet.
En bref, ceux qui se focalisent sur l’article 123 sont assez
ridicules, puisque l’opération qu’ils prétendent impossible est en fait
autorisée et parfois pratiquée."
1. Il y a quand même une énorme différence. Avec la monétisation direct, on évite que soit adossé à l’obligation d’état un taux d’intérêt important . On évite donc que des intérêts privés se gavent du fait du différentiel entre le taux auxquels ils ont accès (via la BCE autour de 1% actuellement) et le taux qu’ils pratiquent aux pays. Pour rappel, la France aurait payé au seul titre de l’intérêt environ 1300 Mds d’€ depuis 1980 au secteur financier. Pourquoi payer autant si la banque centrale était autorisé à prêter directement à l’état ? Désolé mais je ne vois pas quelle vertue la marché financier offre aux états par rapport à une monétisation directe.
2. Actuellement la BCE n’a pas pour objectif de racheter toutes les dettes publiques des états. Effectivement la monétisation indirect est possible (via le marché secondaire) mais la BCE tente à tout prix de l’éviter. Elle le fait, forcé et contrainte, pour éviter la flambée des taux Portugais ou Espagnoles par exemple. Au passage l’état concerné paye toujours des intérêts mais cette fois si à la BCE. En reverra-t-elle la couleur ? non ! La charge de la dette n’évolue pas quelque soit l’acheteur puisque l’émission des bons du trésor sont associés à un taux d’intérêt.