et ça continue
toujours chez Latran
z’étaient inspirés tres inspirés les scribes
Bien sûr, fonder une famille, contribuer à la recherche scientifique,
enseigner, se battre pour des idées, en particulier si ce sont celles de
la dignité humaine,
diriger un pays, cela peut donner du sens à une
vie. Ce sont ces petites et ces grandes espérances « qui, au jour le
jour, nous maintiennent en chemin » pour
reprendre les termes mêmes de l’encyclique du
Saint-Père. Mais elles ne répondent pas pour autant aux questions
fondamentales de l’être humain sur le sens de la vie et sur
le mystère de la mort ; elles ne savent pas
expliquer ce qui se passe avant la vie et ce qui se passe après la mort.
Ces questions sont de toutes les civilisations et de
toutes les époques, et ces questions
essentielles n’ont rien perdu de leur pertinence, et je dirais, même
bien au contraire. Les facilités matérielles de plus en plus
grandes qui sont celles des pays développés, la
frénésie de consommation, l’accumulation de biens, soulignent chaque
jour davantage l’aspiration profonde des hommes et des
femmes à une dimension qui les dépasse, car
moins que jamais elles ne la comblent.
« Quand les espérances se réalisent, poursuit
BENOÎT XVI, il apparaît clairement qu’en réalité, ce n’est pas la
totalité. Il paraît évident que l’Homme a besoin
d’une espérance qui va au-delà. Il paraît
évident que seul peut lui suffire quelque chose d’infini, quelque chose
qui sera toujours ce qu’il ne peut jamais
atteindre. Si nous ne pouvons espérer plus que
ce qui est accessible, ni plus que ce qu’on peut espérer des autorités
politiques et économiques, notre vie se réduit
à être privée d’espérance. » Ou encore, comme
l’écrivit HÉRACLITE, « si l’on n’espère pas l’inespérable, eh bien, on
ne le reconnaîtra pas ».
Ma conviction profonde, dont j’ai fait part
notamment dans ce livre d’entretiens que j’ai publié sur La République,
les religions et l’espérance, c’est que la frontière
entre la foi et la non-croyance n’est pas et ne
sera jamais entre ceux qui croient et ceux qui ne croient pas, parce
qu’elle traverse en vérité chacun de nous. Même celui
qui affirme ne pas croire ne peut soutenir en
même temps qu’il ne s’interroge pas sur l’essentiel. Le fait spirituel,
c’est la tendance naturelle de tous les Hommes à
rechercher une transcendance. Le fait religieux,
c’est la réponse des religieux à cette aspiration fondamentale qui
existe depuis que l’Homme a conscience de sa
destinée.
Or, longtemps la République laïque a sous-estimé
l’importance de l’aspiration spirituelle. Même après le rétablissement
des relations diplomatiques entre la France et le
Saint-Siège, elle s’est montrée plus méfiante
que bienveillante à l’égard des cultes. Chaque fois qu’elle a fait un
pas vers les religions, qu’il s’agisse de la
reconnaissance des associations diocésaines, de
la question scolaire, des congrégations, elle a donné le sentiment
qu’elle agissait, allez, parce qu’elle ne pouvait pas
faire autrement. Ce n’est qu’en 2002 qu’elle a
accepté le principe d’un dialogue institutionnel régulier avec l’Église
catholique. Qu’il me soit également permis de
rappeler les critiques virulentes et injustes
dont j’ai été l’objet au moment de la création du Conseil français du
culte musulman. Aujourd’hui encore, la République
maintient les congrégations sous une forme de
tutelle, refusant de reconnaître un caractère cultuel à l’action
caritative, en répugnant à reconnaître la
valeur des diplômes délivrés dans les
établissements d’enseignement supérieur catholique, en n’accordant
aucune valeur aux diplômes de théologie, considérant qu’elle
ne doit pas s’intéresser à la formation des
ministres du culte.
Je pense que cette situation est dommageable
pour notre pays. Bien sûr, ceux qui ne croient pas doivent être protégés
de toute forme d’intolérance et de prosélytisme.
Mais un Homme qui croit, c’est un Homme qui
espère. Et l’intérêt de la République, c’est qu’il y ait beaucoup
d’hommes et de femmes qui espèrent. La désaffection
progressive des paroisses rurales, le désert
spirituel des banlieues, la disparition des patronages, la pénurie de
prêtres n’ont pas rendu les Français plus heureux, c’est
une évidence.
Et je veux dire également que, s’il existe
incontestablement une morale humaine indépendante de la morale
religieuse, la République a intérêt à ce qu’il existe
aussi une réflexion morale inspirée de
convictions religieuses. D’abord parce que la morale laïque risque
toujours de s’épuiser quand elle n’est pas adossée à une
espérance qui comble l’aspiration à l’infini.
Ensuite et surtout parce qu’une morale dépourvue de liens avec la
transcendance est davantage exposée aux contingences
historiques et finalement à la facilité. Comme
l’écrivait Joseph RATZINGER dans son ouvrage sur l’Europe, « le principe
qui a cours maintenant est que la capacité
de l’Homme soit la mesure de son action. Ce que
l’on sait faire, on peut également le faire ». À terme, le danger est
que le critère de l’éthique ne soit plus d’essayer
de faire ce que l’on doit faire, mais de faire
ce que l’on peut faire : mais c’est une très grande question !
Dans la République laïque, l’homme politique que
je suis n’a pas à décider en fonction de considérations religieuses.
Mais il importe que sa réflexion et sa
conscience soient éclairées notamment par des
avis qui font référence à des normes et à des convictions libres des
contingences immédiates. Toutes les
intelligences, toutes les spiritualités qui
existent dans notre pays doivent y prendre part. Nous serons plus sages
si nous conjuguons la richesse de nos différentes
traditions.
C’est pourquoi j’appelle de mes vœux l’avènement
d’une laïcité positive, c’est-à-dire d’une laïcité qui, tout en
veillant à la liberté de penser, à
celle de croire et de ne pas croire, ne
considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout. Il
ne s’agit pas de modifier les grands équilibres de la loi
de 1905. Les Français ne le souhaitent pas et
les religions ne le demandent pas. Il s’agit en revanche de rechercher
le dialogue avec les grandes religions de France et
d’avoir pour principe de faciliter la vie
quotidienne des grands courants spirituels plutôt que de chercher à le
leur compliquer.
Messieurs les cardinaux, Mesdames et Messieurs,
au terme de mon propos, et à quelques jours de cette fête de Noël qui
est toujours un moment où l’on se recentre sur
ce qui est le plus cher dans sa vie, je
souhaiterais me tourner vers ceux d’entre vous qui sont engagés dans les
congrégations, auprès de la Curie, dans le sacerdoce,
l’épiscopat ou qui suivent actuellement leur
formation de séminariste. Je voudrais vous dire très simplement les
sentiments que m’inspirent vos choix de vie.
Je mesure les sacrifices que représente une vie
tout entière consacrée au service de Dieu et des autres. Je sais que
votre quotidien est ou sera parfois traversé par le
découragement, la solitude, le doute. Je sais
aussi que la qualité de votre formation, le soutien de vos communautés,
la fidélité aux sacrements, la lecture de la Bible
et la prière vous permettent de surmonter ces
épreuves.
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