Je n’aurai pas du évoquer cette hypothèse sans
donner de précisions...
Quelques détails pour aller un tout petit peu
plus loin : je pense que les couches ouvrières étaient, dans les
années soixante, largement intégrées au capitalisme de l’époque (qui avait
permis tout de même une importante amélioration de leur situation matérielle),
tout en développant une contre-culture très oppositionnelle, portée par
les partis socialistes et surtout communistes. Ce qui est vrai
en France l’était globalement d’ailleurs dans le monde
occidental. Comme cette culture d’opposition n’était pas portée par une
véritable volonté de changement, les organisations ouvrières, socialistes ou
communistes, ont souvent fait preuve de beaucoup de conservatisme.
D’un
autre coté, on constatait le développement de couches techniciennes salariées
qui pouvaient espérer prendre le
contrôle des grandes entreprises et ont commencé à théoriser des
idées nouvelles comme le socialisme autogestionnaire. Si ces aspirations s’étaient concrétisées, il
est probable que nous aurions vu apparaître une sorte de technocratie
technicienne. Je suis d’ailleurs tout à
fait d’accord avec vous lorsque vous dites que ces couches cachaient un idéal
libéral-libertaire très petit bourgeois. Déjà peu intéressée par des
changements qualitatifs, les couches ouvrières n’ont pas été séduites et aucun
accord de classe ne s’est concrétisé. L’histoire a suivi un autre chemin.
Mais
comme je l’ai dit, ce ne sont que des hypothèses. Les groupes sociaux agissent pour
occuper le maximum d’espace possible. Mais comme cet espace n’est pas vide, les
aspirations des groupes se heurtent à celles des autres dans un mouvement d’une
grande complexité. C’est d’ailleurs pour ça que, contrairement à ce qu’affirmaient
les organisations communistes, l’histoire n’est pas écrite par avance dans un
grand livre. Comprendre ce qui c’est réellement passé exigerait de mener un
grand nombre de recherches érudites dont, malheureusement, le petit « a »
n’est pas encore disponible. Nous resterons pour longtemps encore, j’en ai
peur, réduit aux hypothèses.