« Il ne viendrait pas à l’esprit de ces personnes que si l’État est si endetté, c’est parce que tout simplement il vit au-dessus de ses moyens, qu’il dépense plus qu’il ne gagne et que cette fuite en avant, très américaine, ne peut, un jour ou l’autre, qu’aboutir à des crises de surendettement comme en Grèce ou en Irlande »
D’un point de vu strictement arithmétique, si jusqu’ici la France a été capable de payer plus de 1300 milliards d’intérêts et qu’il lui reste 1400 milliards a rembourser au titre du principal, vous devriez logiquement conclure, qu’au contraire, la France ne vit pas au dessus de ces moyens mais est acculée, comme bon nombre de ses voisins de la zone euro, par le poid invraisemblable des intérêts. Si il n’y avait pas eu tous ces intérêts, la dette française actuelle serait dérisoire, proche du niveau qui était le sien en 1974 c’est à dire, entre 150 et 200 milliards.
Second élément qui explique l’accroissement de la dette française : la diminution significative des recettes du budget depuis le début des années 90. Lorsque vos dépenses stagnent et que vos recettes diminuent dans le même temps, il y a, a terme, un risque évident de solde négatif et donc nécessité de recourir à l’emprunt, avec les intérêts qu’on lui connait.
Enfin, et là je m’interroge sur votre capacité a raisonner, si la France vivait réellement au-dessus de ses moyens, comme vous le soutenez, expliquez-nous donc comment ce pays est parvenu, pendant plus de 25 ans, à décrocher la meilleur note AAA ? Si vous connaissez un temps soit peu le milieu des agences de notations ou, à tout le moins, les règles qui régissent cette activité, alors vous devriez savoir que la note AAA atteste précisément de la capacité d’un État à rembourser ses emprunts. Or, il est très largement admit, et ce depuis for longtemps dans le domaine économique et financier, qu’un agent économique et réputé vivre au dessus de ses moyens dés lors qu’il se trouve dans l’incapacité de rembourser les sommes emprunter, ou dit autrement, lorsqu’il se met à emprunter des montants qui lui seront impossible à rembourser. Un État placé dans pareille situation ne pourrait pas se voir attribuer une bonne note et encore moins la meilleur d’entre elle.
La majeure partie des spécialistes en finances publiques, qu’ils soient de gauche comme de droite, sont unanimes sur ce point (et j’en sais quelque chose pour évoluer dans ce domaine) : l’argument d« une France qui »vie au dessus de ses moyens" et un argument avant tout politique, sinon journalistique, pour toutes les raisons précédemment exposées.