Je suis bien d’accord avec le sens général de l’article et avec un
certain nombre des contributions des lecteurs. Je le dis avec d’autant
plus de transparence que je suis très proche plan politique du mouvement
des verts - Europe écologie.
Je pense que l’attitude de ce mouvement sur cette question du nucléaire a été « malsaine », pour deux raisons principalement :
- la première est d’avoir profité d’une catastrophe et des sentiments de
peur qu’elle engendre pour aiguillonner encore davantage cette peur
chez nos concitoyens, est demandée dans ces conditions l’instauration
d’un « débat » qui ne peut en aucun cas être serein ;
- la seconde est d’avancer des arguments dont certains ne tiennent pas
une seconde au plan scientifique, et qui relèvent donc davantage du
dogmatisme que de l’écologie responsable.
Soyons clairs : il est pour le moment totalement impossible de sortir du
nucléaire ! Le calcul qui a été fait par plusieurs d’entre vous
concernant le remplacement des tranches nucléaires par des centrales
éoliennes est assez exact, même si la « disponibilité » des éoliennes est
plus proche de 20 % que de 25, même s’il n’est pas possible d’installer
des éoliennes de 3MW à n’importe quel endroit du territoire.
Effectivement, pour remplacer l’ensemble des tranches électronucléaires
en service il nous faudrait à peu près couvrir l’ensemble du territoire
français d’une éolienne par 3 kilomètres carrés, le tout en supposant
que l’on puisse réduire notre consommation d’électricité d’environ 25 % !
Dernier mot sur les éoliennes, serait-ce une source d’énergie
alternative intéressante : leur intérêt doit être évalué sur l’ensemble
de leur « cycle de vie ». il est intéressant de constater que
l’installation d’un mat d’environ 80 m de haut nécessite l’installation
d’un socle de béton de très fort tonnage, il faudra extraire et
transporté sur site. On peut calculer ainsi le cout en équivalent
carbone la production du kilowatt-heure éolien par rapport à la
production du kilowatt-heure nucléaire. Dans ces deux cas, pour comparer
toutes choses égales par ailleurs, on inclura le coût de la
construction et du démantèlement, ainsi que les coûts liés à
l’extraction et au transport des minerais pour le nucléaire, et les
perturbations du réseau pour l’éolien lors le vent devient insuffisant.
Aussi surprenant que cela paraisse, le bilan carbone des éoliennes est
beaucoup moins bon que celui des centrales nucléaires. Il ressort à 55g
CO2 / KWh produit contre 10 au pire pour une centrale nucléaire.
En réalité, le problème majeur lié au nucléaire n’est pas le risque
d’accident qu’il présente, extrêmement faible, mais le produit de ce
risque par les conséquences qu’il entraîne.
Il faut par ailleurs être clair : nous ne savons pas pour le moment
produire d’énergie ans polluer. Peut-être ne faut-il attendre se
développer de nouvelles technologies reposant sur des énergies
renouvelables telles que le marée-moteur (pas celui de La Rance, mais
celui des courants profonds). Et dans tous les cas nous ne pourrons pas
nous dispenser de bilan carbone identique à celui que j’ai présenté
ci-dessus.
Un dernier point concernant le nucléaire et qui valide le titre ne pas
jeter le bébé avec l’eau du bain. Les accidents auxquels nous assistons
sont liés à la technique utilisée qui repose sur des processus auto
entretenus de fission, et qui ont donc une fâcheuse tendance à
s’emballer parce qu’ils ne sont pas maîtrisés. Le nucléaire fondé sur la
fusion des noyaux atomiques pourrait constituer une alternative
extrêmement intéressante en produisant de façon beaucoup plus propre et
beaucoup plus massive de l’énergie électrique, et probablement avec des
risques extrêmement limités. De telles réactions ont été obtenues en
laboratoire voilà maintenant quelques années, et directeurs
expérimentaux sont en construction. Il est donc indispensable de
poursuivre un programme de recherche dans le secteur nucléaire, mais pas
uniquement. Des sommes d’argent très importantes doivent également
être investies dans des projets de recherche portant sur des énergies
renouvelables, et sur les moyens de limiter notre consommation
d’électricité. Sans ce triptyque, et à mon avis, no future !