J’ai plutôt l’impression que vous récitez le catéchisme classique des populistes. Comme je l’avais écrit dans un autre commentaire, c’est au contraire, très bénéfique au système, et voici pourquoi.
Supposons que les élites souhaitent mener une politique conforme à leurs intérêts, mais qu’elles soient gênées en cela par la contrainte du pluralisme. Une solution pratique consiste à créer deux partis identiques, qu’on appellera « Gauche » et « Droite », mais qui mèneront une politique identique dans les grandes lignes (c’est d’ailleurs le cas aux États-Unis). Chez nous, on a un nombre de partis virtuellement illimité. Alors, la « Gauche » et la « Droite » gonflent un parti quelconque qui soit suffisamment gros pour empêcher tout autre parti de venir les concurrencer, mais jamais assez gros pour remporter une élection. Dans les années 70, ce parti s’appelait UDF. C’était assez gênant, car il avait un certain pouvoir de nuisance et, de plus, présentait le risque de devenir une force d’opposition. En 1981, F. Mitterrand eut le coup de génie de donner la place de 3e parti au FN.
Réactionnaire, démagogique, populiste et nationaliste, le FN est tout cela à la fois, et depuis peu, grâce à Mme Le Pen il est aussi devenu alternatif. Présent sur tous les sujets, il est un véritable « trou noir » qui aspire les voix de tous les réacs, xénophobes, nationalistes, mécontents et déçus. Là où se trouve le génie de Mitterrand, c’est que le FN, contrairement à l’UDF, n’est pas un parti « comme les autres ». Il a une image et une idéologie fascisantes et propose des programmes farfelus et baroques. Il est ainsi systématiquement ostracisé par tous les autres partis, dans les médias, à l’école, dans l’administration, partout. Aucune chance de remporter la moindre élection, pas même un mandat de député. Le non-parti idéal, mais aussi, un écueil infranchissable pour toute véritable et réelle opposition politique. C’est là sa véritable raison d’être.
Ainsi, la « Gauche » et la « Droite » règnent sur nous et nous imposent leur politique en toute quiétude. Et nous, comme des cons, on va encore voter bien gentiment, croyant naïvement qu’on détient encore un quelconque pouvoir sur le « Système »... Le véritable pouvoir contre un système menteur et corrompu, c’est le nombre ; les armes, ce sont la lucidité, le courage, et la force.
Une révolution, ça s’est jamais fait par les urnes.