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Accueil du site > Tribune Libre > L’impasse nationaliste (2)

L’impasse nationaliste (2)

J’ai tenté de montrer, dans un précédent article, en quoi le nationalisme est un leurre. Qu’il repose sur des principes républicains ou sur des bases ethniques, il a tendance à gommer les conflits sociaux au profit d’une identité nationale fantasmatique. Est-ce à dire que la nation soit une pure et simple illusion, et qu’il faille désormais enfermer la politique dans un cadre supra- ou infra-national ? Rien n’est moins sûr, comme on va le voir.

L’esprit de clocher

Si la nation peut encore nous intéresser, c’est parce qu’elle nous fait sortir de la cellule familiale, de la tribu, du village, bref : des petites communautés unies par des liens matrimoniaux ou amicaux. La nation, contrairement à l’image qu’en ont souvent les gens d’extrême droite, n’est pas une grande famille. Sans doute présente-t-elle un minimum d’homogénéité culturelle, sans quoi aucune vie commune ne serait possible. Mais elle regroupe des gens qui ont des modes de vie, des conditions de travail, des opinions, des origines bien différentes. Ce rassemblement ne s’est d’ailleurs pas fait spontanément : il est le résultat d’une longue violence étatique, l’aboutissement d’un processus douloureux, souvent sanglant, de centralisation du pouvoir et de normalisation juridique et culturelle. Il ne s’agit donc pas de mythifier l’histoire de la nation. Mais puisqu’il y a, de fait, une relative unité nationale, puisqu’il existe une langue, un territoire et des institutions communes, pourquoi ne pas en profiter pour mettre en place une vie politique digne de ce nom ?

Puisque les membres d’une même nation ne sont pas unis spontanément, puisqu’ils ne sont pas liés par le sang ni par l’amitié, il faut bien qu’ils trouvent un terrain d’entente politique. Autrement dit, il faut qu’ils débattent, argumentent, tâchent de trouver une solution rationnelle aux conflits qui les divisent. Ainsi, quand elle n’est pas mythifiée, quand elle n’est pas perçue comme une grande famille unie par un amour fusionnel, la nation peut être particulièrement adaptée à la vie démocratique.

Il faut donc, me semble-t-il, résister à la tentation du repli sur de petites communautés (villages, groupes d’amis, quartiers, etc.). L’esprit de clocher doit être dépassé, d’une part pour éviter les conflits stériles entre petits groupes, d’autre part pour empêcher ceux qui gouvernent le pays de faire ce qu’ils veulent. Car si la plupart des gens se désintéressent de la politique nationale, alors pourquoi les représentants de l’État se priveraient-ils d’utiliser les richesses matérielles et humaines du pays à leur profit et au détriment de l’intérêt commun ? La nation ne peut devenir une véritable communauté démocratique que si les citoyens se l’approprient, évitant ainsi l’esprit de clocher sans pour autant tomber dans un jacobinisme étroit.

Grandeur et limites de l’internationalisme

Je viens de critiquer l’esprit de clocher, parce qu’il engendre des conflits stériles et détourne les gens des problèmes politiques globaux. Mais ne pourrait-on pas dire la même chose du nationalisme ? Quand il est étriqué et arrogant, le nationalisme conduit à des conflits particulièrement meurtriers, comme la première guerre mondiale. Mais même lorsqu’il est sans chauvinisme ni sentiment de supériorité, l’attachement à la nation n’est-il pas une dangereuse illusion ?

Comme on le sait, aucune nation n’est homogène d’un point de vue culturel, social et économique. Même lorsqu’elle est très unifiée sur le plan ethnique, une nation est traversée par des oppositions de classes. Pour dire les choses de manière très simplifiée, voire simpliste, on peut distinguer aujourd’hui deux grands groupes : il y a d’une part une hyperbourgeoisie, de l’autre la masse des citoyens ordinaires. Le premier groupe est composé de gens très riches, très influents et très bien dotés sur le plan culturel. Peu nombreux, très mobiles, ils peuvent facilement se rencontrer et élaborer des stratégies pour conserver ou accroître leur pouvoir face à la masse des citoyens ordinaires. Or, comme chacun sait, ces gens n’appartiennent pas nécessairement à la même nation. Ils forment une « élite » mondialisée, et à ce titre voyagent beaucoup. Souvent d’ailleurs, ils ont fait leur scolarité et leurs études à l’étranger (écoles internationales, Harvard, etc.). Aussi ont-ils bien plus que des intérêts en commun : le sentiment d’appartenir à une élite mondiale. Peut-être sont ils les seuls, depuis le déclin de la classe ouvrière, à avoir une claire conscience de classe. Très révélateur, à ce titre, est le célèbre mot du financier Warren Buffett (homme le plus riche du monde en 2008) : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner » (Source : bakchich.info).

 Certes, les grands bourgeois peuvent aussi être rivaux, que ce soit sur le plan économique, politique ou même militaire. Mais leurs conflits n’empêchent pas une solidarité de classe lorsqu’il s’agit de s’enrichir sur le dos des pauvres ou des classes moyennes. À cet égard, nos modernes aristocrates ressemblent assez aux nobles du Moyen âge ou de l’Ancien Régime : ils avaient beau se faire la guerre ou se battre en duel, ils se respectaient mutuellement, se mariaient entre eux et s’entendaient à merveille pour contrer les remettre à leur place les gueux ou les bourgeois. Il en va de même pour les grands bourgeois d’aujourd’hui : même dans la guerre économique qu’ils se font, ils n’en gardent pas moins une profonde solidarité de classe. Qui subit la plus dure concurrence ? Ce sont les salariés, ce sont les petits soldats de la guerre économique. Ce ceux eux qui sont contraints de se battre impitoyablement, tandis que les grands patrons ou les gros actionnaires discutent amicalement à l’arrière entre deux cigares.

Tout cela est une réalité. Nul besoin de faire intervenir un invraisemblable complot judéo-maçonnique pour le savoir. Il suffit de voir comment les multinationales ou les grands groupes financiers font valoir leurs intérêts auprès d’institutions supranationales comme l’Union européenne, l’OMC ou le FMI – et je ne parle même pas d’officines plus secrètes comme la Trilatérale ou le groupe Bilderberg.

Face à cette internationale des ultrariches, ne serait-il pas judicieux de reprendre le mot d’ordre de Marx et Engels : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » ? Cela ne serait pas mal, en effet, mais c’est difficilement réalisable. Contrairement aux grands bourgeois qui dirigent le monde, les gens pauvres ou ordinaires sont trop nombreux, trop peu mobiles, trop embarrassés par des problèmes linguistiques pour former une organisation internationale efficace. Si la IIIème Internationale a joué un rôle non négligeable dans l’histoire, c’est parce qu’elle bénéficiait de l’appui de plusieurs États (Union soviétique, bien sûr, mais pas seulement). C’est aussi parce que les communistes jouaient un grand rôle dans la vie politique de certains pays – en Italie et en France, notamment. Autrement dit, l’Internationale était efficace parce qu’elle était solidement implantée dans quelques États-nations.

Aujourd’hui qu’elle n’existe plus, le mot d’internationalisme a-t-il encore un sens ? Oui, à condition de lui donner une définition modeste et réaliste. L’internationalisme, ce peut être d’abord une coopération entre États, comme on peut le voir actuellement en Amérique du sud, où certains peuples s’unissent pour échapper à l’hégémonie états-unienne. L’internationalisme, ce peut être aussi le refus d’un nationalisme chauvin et agressif. En 1914, les partis socialistes européens ont renié leur internationalisme pour rejoindre l’Union sacrée et cautionner la grande boucherie qui marqua le début du long déclin de l’Europe. Aujourd’hui, me semble-t-il, il est possible d’éviter ce genre d’erreur malgré la propagande des gouvernements et des médias. Enfin, l’idée internationaliste peut s’incarner dans une certaine mesure lorsque un peuple s’inspire d’un autre. L’exemple des actuelles révolutions arabes est assez frappant à cet égard. Autant qu’on puisse le savoir, ces mouvements ont été en grande partie spontanés. Il n’y a pas eu, en tout cas, une organisation arabe supranationale pour les orchestrer. Mais ils ont montré qu’une insurrection peut déborder largement les frontières d’un État, par l’effet d’une identification d’un peuple à un autre peuple.

Pour une conception non romantique de la nation

Comme on vient de le voir, l’idée internationaliste, n’est pas tout à fait vaine, mais elle peine à se concrétiser. Aussi les amis de la démocratie ont-ils tout intérêt à s’investir prioritairement dans la nation dont ils font partie. Cela ne veut pas dire qu’ils doivent adhérer à une quelconque mystique de l’ethnie ou du sang, ni s’ « enraciner » comme une plante dans un terroir ou une « identité nationale ». Il s’agit plutôt de prendre au sérieux ce que signifie le mot « politique ». La politique est profondément ambiguë : elle est à la fois l’art du vivre ensemble, et la continuation de la guerre par d’autres moyens (pour reprendre en l’inversant la célèbre formule de Clausewitz). C’est dire qu’elle est l’art du débat et du compromis. Quand les rapports de force sont par trop inégaux – comme c’est le cas aujourd’hui, bien souvent – le compromis qui en découle est parfaitement inique : les catégories sociales dominantes écrasent de tout leur poids les catégories défavorisées. Mais il est des époques où les rapports de force deviennent plus équilibrés. Alors, les mots de république et de nation peuvent acquérir un sens concret. Le compromis n’est plus simplement un accord imposé par les dominants : il va dans l’intérêt général.

C’est ce qui s’est passé, en 1944, lorsque le Conseil National de la Résistance a élaboré un programme pour reconstruire la France sur des bases saines. Rappelons à ce propos que ce programme social et politique a été explicitement attaqué par Denis Kessler en 2007, alors qu’il était vice-président du Medef : « Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! » (Source : lucky.blog.lemonde.fr)

Autrement dit, la grande bourgeoisie ne peut plus supporter qu’il reste quelque chose du compromis historique qui a été fait à l’époque entre socialisme et capitalisme, alors qu’une bonne partie de la droite était discréditée par sa collaboration avec les nazis et que les communistes avaient un poids politique considérable. Contre cet assaut de la bourgeoisie la plus puissante et la plus arrogante, tout ami de la démocratie devrait au contraire être favorable à une défense du programme du CNR, et à un nouveau compromis raisonnable entre les forces sociales.

Ainsi, l’unité nationale devrait davantage être un mariage de raison qu’un mariage d’amour. Cela peut paraître peu exaltant. Pourtant, si l’on y réfléchit, cette conception de la politique débouche sur des résultats concrets, et à ce titre elle est beaucoup plus intéressante que le mirage d’une nation sans luttes de classe, soudée par le patriotisme, par une phraséologie républicaine, ou par des caractéristiques ethniques. Cette nation romantique peut paraître séduisante. Mais tôt ou tard, elle s’avère n’être qu’un leurre. Lorsqu’on prétend réconcilier toutes les classes dans une grande fraternité, cela se fait toujours au détriment des classes populaires, et très souvent au détriment de boucs émissaires (étrangers, ethnies minoritaires, etc.). Au bout du compte, l’enthousiasme nationaliste finit par retomber et la gueule de bois est à la mesure de l’ivresse qui l’a précédée.

 


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21 réactions à cet article    


  • Marc DELON 24 mars 2011 10:07

    Intéressant.

    Le rôle des élus de la république devrait être de représenter les citoyens, quelles que soient leurs classes, non pour les réconcilier mais pour aller vers un équilibre pour un vivre ensemble plus juste.
    Notre république ne va pas bien. Elle n’est pas au service de la Nation dans son ensemble mais à celui d’une caste. Il faut revoir les « règles du jeu ».

    Jean-Paul Delevoye : « les Français sont usés psychologiquement ! »

    L’ensemble des Français doit être représenté, du canton à l’assemblée.
    L’exemple du « front républicain » pour écarter une partie de cet ensemble est malsain.
    Le monopole, la main mise sur la France par quelques uns reflète un état d’esprit étriqué, la peur du débat démocratique pour satisfaire, non l’intérêt général mais celui d’un clan.

    Nationalisme n’est pas un gros mot lorsqu’il est prononcé avec respect.  


    • Jordi Grau J. GRAU 24 mars 2011 11:54

      Je suis assez d’accord avec votre commentaire. Ce qui me gêne, dans le mot « nationalisme », ce sont les usages qui en sont fait la plupart du temps. Mais un nationalisme lucide, qui ne cherche pas l’union sacrée à tout prix et s’efforce d’éviter toute arrogance, ne serait pas forcément une mauvaise chose.


    • enréfléchissant 24 mars 2011 12:00

      Si, c’est une mauvaise chose puisque cela implique qu’on puisse séparer rationnellement l’humanité en entités distinctes, comme s’il y-avait discontinuité entre les peuple.

      L’humanité est un tout, nous devons arréter l’hémoragie et reprendre le contrôle, démocratie directe et ouverture des frontières, ce qui induit une sortie du capitalisme (capitalisme=migrations perverses).
      Anarchisme !


    • Jordi Grau J. GRAU 24 mars 2011 15:01

      A enréfléchissant :

      Votre anarchisme est assez séduisant, je le dis sans ironie, mais comment pourrait-il se se réaliser, concrètement ? Vous parlez de démocratie directe. Pourquoi pas ? L’idée me plaît assez. Mais à quelle niveau pourrait-on la mettre en place ? On voit assez bien comment une démocratie directe pourrait apparaître au niveau local, dans les villes, les quartiers, les villages et sur les lieux de travail. Mais comment coordonner ensuite ces petites communautés politiques ? Faute d’un cadre national, le danger serait grand que les petites communautés s’épuisent dans des rivalités absurdes, voire dans des guerres néoféodales - à moins de supposer que les hommes, enfin débarrassés de leurs idéologies chauvines, ne deviennent spontanément gentils, modestes, et respectueux les uns des autres. Je ne suis pas contre cette idée, mais elle ne me convainc pas totalement.

       Il me semble que la grande erreur est de sacraliser la nation, d’en faire un absolu dans lequel on se fond sans esprit critique. On a alors une politique abusivement centralisatrice, qui ne laisse plus de place à la vie politique locale et aux cultures régionales. On a aussi de la xénophobie, du racisme, et des guerres. Mais je ne suis pas sûr que l’appartenance à une nation implique nécessairement tout cela. 


    • enréfléchissant 24 mars 2011 15:59

       « Faute d’un cadre national, le danger serait grand que les petites communautés s’épuisent dans des rivalités absurdes, voire dans des guerres néoféodales »

      Le fédéralisme librement choisi peut-être, et en fait, est sûrement la solution.
      Et, je pense q’il faut être vraiment très pessimiste pour penser que des communautés de libres associations entre des personnes ayant chacune un même pouvoir, et ayant inévitablement de multiples liens les unes avec les autres, soient assez ridicule pour passer leur temps à s’entretuer...
      Cela impliquerait qu’ils n’aient pas conscience de l’unité qui relie tous les hommes et qu’ils aient oublié que la seule solution qui peut les conduire à la survie est l’entraide et le partage

    • Jordi Grau J. GRAU 24 mars 2011 11:52

      Le sentiment est souvent plus fort que la raison, c’est vrai. Mais sans la raison, le sentiment aboutit à des catastrophes. Les politiciens l’ont toujours su : pour gouverner un peuple efficacement, rien ne vaut la carotte et le bâton, la démagogie et la terreur. Or, parmi les ressorts de la politique, il y a le sentiment d’appartenance. Si on ne réfléchit pas un minimum à ce sentiment, on risque fort de se faire manipuler par des politiciens sans scrupules.

      Et puis il faudrait aussi réfléchir à ce mot d’« appartenance ». Pour moi, ce qui fait qu’on appartient à une communauté, ce n’est pas seulement un héritage culturel qu’on partage avec d’autres : c’est aussi et avant tout le fait de participer aux affaires communes. Le sentiment d’appartenance est donc d’autant moins illusoire que les citoyens participent réellement au pouvoir politique et ne sont pas soumis à des gens qui prétendent incarner la nation.


    • enréfléchissant 24 mars 2011 11:53

      Le sentiment d’appartenance à la nation, c’est comme le racisme, ça s’apprend par endoctrinement, à l’école notamment pour la nation.


    • Bovinus Bovinus 24 mars 2011 15:52

      "Mais puisqu’il y a, de fait, une relative unité nationale, puisqu’il existe une langue, un territoire et des institutions communes..."

      Vous avez oublié l’essentiel, qui est le sentiment d’appartenance. Le sentiment qui est plus beaucoup fort que la Raison et, en même temps, que toutes les raisons.
       
      Et c’est la... raison pour laquelle votre article est aussi vain que les philosophies qui l’înspirent.


      Bonjour, Marc Gelone.
      Je reconnais là la pensée de Le Bon (héhé). Et je plussoie, en passant.


    • Alpo47 Alpo47 24 mars 2011 11:39

      Le « monde nouveau » qu’on est en train de nous construire (imposer) n’est pas fait pour les peuples, mais pour une toute petite élite.

      Peuples, salariés, individus ... sont la « variable d’ajustement » pour les entreprises, de plus en plus supranationales, de la chair à canon dans d’autres circonstances, ou un « indice de consommation » pour donner plus de profit à quelques uns.

      Nous sommes lobotomisés grace aux progrès de la communication, manipulés par les « élites », à l’aide des politiques, des médias, de ceux qui font l’opinion, philosophes de pacotille, écri-vains, hommes de médias, humoristes ... tous ceux qui travaillent à nous dire quoi et comment penser.

      Le fascisme nouveau qui s’installe n’a aucun besoin de « chemise brunes » qui défilent dans les rues, ou de camps de concentration. Il construit nos opinions, nous montre en permanence ce qui « est bien » et « ce qui est mal ».
      Ce qui ne l’empêche pas d’utiliser tous les moyens de la technologie pour tout savoir sur nous, nous suivre à la trace, nous répertorier et ...mettre à l’index les récalcitrants.

      Bienvenue au XXIe siècle, celui où chacun de nous va devoir très vite (dans peu de temps il sera trop tard) choisir de défendre sa liberté ou de devenir esclave.


      • Jordi Grau J. GRAU 24 mars 2011 11:55

        C’est assez bien vu, malheureusement.


      • Bovinus Bovinus 24 mars 2011 15:46

        Le fascisme nouveau qui s’installe n’a aucun besoin de « chemise brunes » qui défilent dans les rues, ou de camps de concentration. Il construit nos opinions, nous montre en permanence ce qui « est bien » et "ce qui est mal".
        Ce qui ne l’empêche pas d’utiliser tous les moyens de la technologie pour tout savoir sur nous, nous suivre à la trace, nous répertorier et ...mettre à l’index les récalcitrants.

        Ah non, le phénomène que vous décrivez n’est pas du fascisme. Ça ressemble plutôt à du totalitarisme, c’est différent. La maîtrise des concepts est la condition première d’une pensée claire.

        Le « monde nouveau » qu’on est en train de nous construire (imposer) n’est pas fait pour les peuples, mais pour une toute petite élite.

        Vous aimez bien le flou artistique vous, non ? On ne nous impose rien du tout ; c’est nous qui nous laissons faire, et certains, même, en redemandent.

        Nous sommes lobotomisés grace aux progrès de la communication, manipulés par les « élites », à l’aide des politiques, des médias, de ceux qui font l’opinion, philosophes de pacotille, écri-vains, hommes de médias, humoristes ... tous ceux qui travaillent à nous dire quoi et comment penser.

        Rien ne vous empêche de jeter votre TV, de cesser de lire la presse et de vous mettre enfin à penser par vous-même. Mais prenez garde, c’est plus difficile que d’ânonner la propagande du FN.

        Bienvenue au XXIe siècle, celui où chacun de nous va devoir très vite (dans peu de temps il sera trop tard) choisir de défendre sa liberté ou de devenir esclave.

        On est déjà des esclaves, vous avez un train de retard, mon vieux ! Il ne s’agit plus de ne point le devenir, il s’agit de s’en sortir. Mais il n’est guère probable que la clef des champs se trouve dans les urnes, en tout cas, je n’y crois plus.


      • Alpo47 Alpo47 24 mars 2011 16:28

        "... Rien ne vous empêche de jeter votre TV, de cesser de lire la presse et de vous mettre enfin à penser par vous-même. Mais prenez garde, c’est plus difficile que d’ânonner la propagande du FN....« 

        Vous voulez surement dire ... rien ne NOUS empêche de jeter ... ?
        Parce que si je suis ici en train d’exprimer une idée hostile au »système en place", c’est sans doute parce que je suis toujours capable de penser par moi même ?

        Ceci dit, merci pour toutes ces leçons de vie, je me sens nettement plus intelligent.

        A+


      • Bovinus Bovinus 24 mars 2011 22:50

        J’ai plutôt l’impression que vous récitez le catéchisme classique des populistes. Comme je l’avais écrit dans un autre commentaire, c’est au contraire, très bénéfique au système, et voici pourquoi.

        Supposons que les élites souhaitent mener une politique conforme à leurs intérêts, mais qu’elles soient gênées en cela par la contrainte du pluralisme. Une solution pratique consiste à créer deux partis identiques, qu’on appellera « Gauche » et « Droite », mais qui mèneront une politique identique dans les grandes lignes (c’est d’ailleurs le cas aux États-Unis). Chez nous, on a un nombre de partis virtuellement illimité. Alors, la « Gauche » et la « Droite » gonflent un parti quelconque qui soit suffisamment gros pour empêcher tout autre parti de venir les concurrencer, mais jamais assez gros pour remporter une élection. Dans les années 70, ce parti s’appelait UDF. C’était assez gênant, car il avait un certain pouvoir de nuisance et, de plus, présentait le risque de devenir une force d’opposition. En 1981, F. Mitterrand eut le coup de génie de donner la place de 3e parti au FN.

        Réactionnaire, démagogique, populiste et nationaliste, le FN est tout cela à la fois, et depuis peu, grâce à Mme Le Pen il est aussi devenu alternatif. Présent sur tous les sujets, il est un véritable « trou noir » qui aspire les voix de tous les réacs, xénophobes, nationalistes, mécontents et déçus. Là où se trouve le génie de Mitterrand, c’est que le FN, contrairement à l’UDF, n’est pas un parti « comme les autres ». Il a une image et une idéologie fascisantes et propose des programmes farfelus et baroques. Il est ainsi systématiquement ostracisé par tous les autres partis, dans les médias, à l’école, dans l’administration, partout. Aucune chance de remporter la moindre élection, pas même un mandat de député. Le non-parti idéal, mais aussi, un écueil infranchissable pour toute véritable et réelle opposition politique. C’est là sa véritable raison d’être.

        Ainsi, la « Gauche » et la « Droite » règnent sur nous et nous imposent leur politique en toute quiétude. Et nous, comme des cons, on va encore voter bien gentiment, croyant naïvement qu’on détient encore un quelconque pouvoir sur le « Système »... Le véritable pouvoir contre un système menteur et corrompu, c’est le nombre ; les armes, ce sont la lucidité, le courage, et la force.

        Une révolution, ça s’est jamais fait par les urnes.


      • Alpo47 Alpo47 25 mars 2011 08:19

        Décidément, à vous lire, on en apprend des choses ... enfin juste ce que nous sommes ici un bon nombre à décrire depuis des années, monsieur « j’arrive et je mets les pieds dans le plat »...

        Quand au FN, pourquoi diable me parlez vous de ce parti ? Y a t-il quelque part dans mes écrits quelque chose qui puisse laisser penser que j’adhère à ses idées ? Peut être devriez vous lire avec attention et non avec des idées préconçues ?

        Et populisme ? La dernière accusation qui « tue » ...
        Comme « conspirationniste » pour couper court à tout débat sur les mensonges des gouvernements ou « antisémites » pour dénigrer toute critique de la politique israelienne.
        Un mot suffit et on n’en parle plus... discrédité.

        Ne pensez vous pas, cher interlocuteur, que vous tomber très facilement dans ce piège que vous tentez de dénoncer ?

        Enseignant, je suppose, à cause de votre propension à vouloir donner des leçons ?


      • Bovinus Bovinus 25 mars 2011 11:46

        Décidément, à vous lire, on en apprend des choses ... enfin juste ce que nous sommes ici un bon nombre à décrire depuis des années, monsieur « j’arrive et je mets les pieds dans le plat »...

        Tant mieux, mais à mon goût, on n’est toujours pas assez nombreux à vraiment le réaliser, et d’autre part, le monde ne se limite pas à celui d’Agoravox.

        Quand au FN, pourquoi diable me parlez vous de ce parti ? Y a t-il quelque part dans mes écrits quelque chose qui puisse laisser penser que j’adhère à ses idées ? Peut être devriez vous lire avec attention et non avec des idées préconçues ?

        Admettons que j’aie mal jugé, mais le discours que j’attaquais est on ne peut plus populiste. Ça fait toujours un point commun avec la rhétorique FN.

        Et populisme ? La dernière accusation qui « tue » ...

        Ça ne tue pas plus que n’importe quoi d’autre. « Populisme », c’est comme « électricité » ou « impressionnisme », un bête substantif décrivant un phénomène particulier bien précis. Ce n’est ni mal ni bien en soi, c’est simplement une forme de discours politique (à ne pas confondre avec « idéologie » ou « politique » tout court). Beaucoup de gens interprètent ce terme de manière péjorative, sans même savoir ce qu’il signifie exactement. On peut très bien adopter le style populiste, et vendre une politique néo-libérale, d’ailleurs les Américains y excellent.

        Comme « conspirationniste » pour couper court à tout débat sur les mensonges des gouvernements ou « antisémites » pour dénigrer toute critique de la politique israelienne.
        Un mot suffit et on n’en parle plus... discrédité.

        Tssk, tssk. Comme vous le dites plus haut, un certain nombre de gens sont au courant, ou, du moins, se doutent de quelque chose. Ce que je veux dire, c’est qu’il faut éviter de tomber dans le piège de la facilité (ainsi que le fait A. Soral dans son dernier pamphlet). Car en effet, le style populiste discrédite. C’est comme si vous lisiez un véritable discours politique, mais déguisé en clown et en faisant des singeries. Vous auriez beau réciter du Cicéron, personne n’en croirait un mot.

        Ne pensez vous pas, cher interlocuteur, que vous tomber très facilement dans ce piège que vous tentez de dénoncer ?

        J’accepte volontiers la critique, pour peu qu’elle soit argumentée.

        Enseignant, je suppose, à cause de votre propension à vouloir donner des leçons ?

        Simple et insignifiant col blanc ayant un peu étudié. Aurais-je raté ma vocation ?


      • enréfléchissant 24 mars 2011 11:55

        Bel article !
        La nation est un concept devenu réalité, qui permet de séparer les peuples afin de pouvoir els gouverner et de les empêcher de voir les vrais ennemis, les exploiteurs. Et ce concept a tellement été intégré en nous par l’endoctrinement et l’imposition d’une culture uniforme que certains bords politiques soit disant contre l’ordre établi en font un sacralisme.
        La nation c’est l’exploitation !


        • Alpo47 Alpo47 24 mars 2011 12:07

          D’accord, sinon que son opposé, la mondialisation vise au même objectif.


        • enréfléchissant 24 mars 2011 15:10

          La mondialisation capitaliste sert aussi l’exploitation, je ne le nie pas.

          Elle a, à l’inverse du nationalisme, au moins une qualité, regrouper les hommes et leur permettre, même si c’est difficile, de vivre tous les mêmes problèmes et ainsi, d’amener petit à petit la révolution universelle.
          Je suis contre la mondialisation, je suis contre le nationalisme, je suis pour l’internationalisme, mais pas capitaliste(à nous de l’exiger et de le créer !)

        • Marc DELON 24 mars 2011 21:18

          Je suis contre la mondialisation, je suis contre le nationalisme, je suis pour l’internationalisme, mais pas capitaliste(à nous de l’exiger et de le créer !)

          seuls les nationalistes peuvent être INTERNATIONALISTES.
          Votre internationalisme n’est que du communisme, de la mondialisation rouge.
          vous avez un concurrent sérieux : l’islamisme, le mondialisme vert.

           


        • Bovinus Bovinus 24 mars 2011 15:49

          Je suis contre la mondialisation, je suis contre le nationalisme, je suis pour l’internationalisme, mais pas capitaliste(à nous de l’exiger et de le créer !)

          En toute logique, vous seriez donc trotskyste, vaguement teinté d’anar.


          • Jordi Grau J. GRAU 24 mars 2011 21:03

            A Marc Gelone

            J’ai écrit : « Mais sans la raison, le sentiment aboutit à des catastrophes. »

            Vous répondez : « La raison a tant de fois débouché, elle aussi, sur des catastrophes, qu’on en vient à se demander si la catastrophe n’est pas l’aboutissement normal et logique de la décision politique - le succès étant l’exception. Et c’est d’autant plus compliqué à apprécier que la décision politique a des conséquences à court, moyen, long et très long terme... »

            Mon commentaire : Je ne vois pas quand ni où la raison a débouché sur des catastrophes. Bien entendu, le mot « raison » est fréquemment employé par des hommes politiques, mais cela ne signifie pas que leurs décisions soient rationnelles ou raisonnables. Et puis il faut s’entendre sur ce qu’on appelle « raison ». Je n’entends pas seulement par là une raison calculatrice, technicienne, mais cette faculté qui permet de concilier les intérêts particuliers dans l’intérêt général.

            J’ai écrit : « Et puis il faudrait aussi réfléchir à ce mot d’ »appartenance« . Pour moi, ce qui fait qu’on appartient à une communauté, ce n’est pas seulement un héritage culturel qu’on partage avec d’autres : c’est aussi et avant tout le fait de participer aux affaires communes. »

            Votre commentaire : Ca, c’est une connivence, une complicité, qui est à la limite de la posture intellectuelle... Et je ne suis pas sûr que vous la partagiez avec des gens dont les valeurs sont aux antipodes des vôtres. La véritable appartenance nationale procède de deux critères, en son temps définis par Renan : avoir une histoire commune et l’envie d’un avenir commun.

            Mon commentaire à votre commentaire : Je ne suis pas sûr d’avoir compris la première phrase de votre commentaire. En tout cas, ce que je veux dire est assez simple : j’ai un sentiment d’appartenance à une communauté politique (en l’occurrence le peuple français) parce que nous sommes tous dans le même bateau et parce que nous avons - dans une mesure hélas très réduite en ce moment - la possibilité de conduire ensemble ce bateau. Cela ne veut pas dire que j’ai de l’amitié ou de la sympathie pour tous mes concitoyens. Comme vous dites, nous n’avons pas tous les mêmes valeurs. Mais la politique, c’est bien l’art de trouver des compromis avec ses adversaires.
             
            Quant à la définition de Renan, j’y adhère, à condition qu’on s’entende sur le mot « commun ». Si une partie de la population confisque le pouvoir et prétend incarner le peuple, je ne me reconnais pas grand chose de commun avec elle. Cette minorité va se servir du sentiment national pour ses propres intérêts, en couillonnant au passage des millions de gens de bonne volonté. Exemple récent : G.W. Bush et sa clique. C’est pourquoi je pense que le sentiment d’appartenance est un leurre s’il n’y a pas de participation des citoyens aux affaires publiques.

            Bonne soirée. Je ne pense pas que j’ai le courage de répondre encore à vos commentaires si vous en écrivez. A vrai dire, je pense que nous pourrions encore discuter pendant des jours sans tomber d’accord sur l’essentiel. C’est cela, aussi une nation...

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