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Commentaire de easy

sur Le monde s'oriente vers l'abolition de la peine de mort


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easy easy 29 mars 2011 16:26


Contrairement au chat de Schrödinger, l’homme est vivant ou mort. Le combat d’Amnesty International est alors intellectuellement très simple.

Et les résultats, positifs ou négatifs, sont chiffrables et probants.

En l’occurrence, A.I. nous dit que les chiffres vont dans le bon sens. C’est parfait. Mais facile.
Et peut-être bien pervers.


Une personne, peut être tuée, mais elle peut aussi se tuer. Il y a au moins 1 000 000 de suicides par an dans le Monde. Il y a une relation entre ceux qu’on exécute et ceux qui s’exécutent. Aussi difficile à traiter soit-elle, A.I. devrait s’y coller. 


Lorsqu’un pays deviendra un bon pays parce qu’il ne décapite plus ses détenus, il les enfermera à vie. Il placera donc ces personnes en situation de désespoir absolu, comme s’ils étaient dans le couloir de la mort mais sans aucune indication de date.



Le suicide c’est un désespoir et le plus souvent, quand la santé est correcte, ce désespoir tient à la privation du minimum d’amour et de considération. On doit se sentir au moins un peu aimé, indispensable, retenu à la vie, pour supporter les charges et les perspectives funestes de la vie.

Tuer quelqu’un d’une balle dans la tête est lourdissime de conséquence certes mais ça n’a rien d’absolument infâme. Des millions de soldats ont fait ce geste et ont même été décorés pour ça. Ce qui est infâme et que même un soldat ne doit pas faire, c’est torturer.

La torture comprend deux volets. Celui de la douleur présente et celui du désespoir qu’elle perdure.
 
De même que des gens se suicident, des gens se l’infligent, la douleur. Des gens portent un cilice, d’autres se flagellent, d’autres vont à Compostelle à genoux.
Ils ont mal, mais ils cessent quand ils le veulent.

Ce n’est pas la douleur qui est infernale dans la torture, c’est le fait que le tortionnaire est en pleine forme et qu’il peut continuer des années. Ce n’est pas la douleur qui provoque le désespoir c’est le sentiment qu’on ne va pas en sortir.

Un enfant, quand il se fait mal, il panique non exactement de la douleur mais d’une inquiétude que ça ne cessera pas. Ses parents le rassurent en lui disant que ça cessera. Il a toujours aussi mal mais déjà il sourit.

Si l’on considère que la Société ne serait ni digne ni exemplaire de tuer un tueur, on doit considérer que la Société ne serait ni digne ni exemplaire de désespérer quelqu’un qui a désespéré.



Aucune peine ne devrait être infinie et les conditions d’incarcération, même de courte durée, ne devrait jamais inciter au désespoir.

En focalisant sur les mises à mort, en affirmant que la mise à mort c’est de la barbarie, en répétant aux pays qui exécutent qu’ils devraient prendre exemple sur la France par exemple, on va à dire que l’avoir abolie suffit à faire de nous des civilisés et que la situation dans nos prisons est non seulement valable mais exemplaire.

Elle est en réalité infernale. Car un condamné à mort, de nos jours, peut très bien, ne serait-ce que face à lui-même, crier que c’est une horreur, qu’on lui fait vivre une horreur. Alors que nos prisonniers, qui sont généreusement épargnés de ma mise à mort ne peuvent même pas penser qu’ils sont en enfer. Ils ressentent l’enfer, ils le vivent mais ne peuvent pas le dire puisqu’ils sont officiellement de petits veinards.

Mieux vaut être exécuté, mieux vaut se suicider qu’être incarcéré en France dans les conditions actuelles. Offrons une gélule de cyanure à tous nos prisonniers et demain, il n’en restera pas la moitié en vie.

Le fait que d’autres pays en soient à exécuter est extrêmement opportun à notre besoin de dénier notre enlisement intellectuel et moral. Tant que d’autres pays exécuteront, si possible par pendaison au bout d’une grue, nous nous considérerons comme étant exemplaires et dispensés d’avoir à évoluer.


Il y a énormément de Bidochons qui savent répéter qu’il ne faut pas laisser un criminel sortir parce qu’il pourrait recommencer. Puisqu’il s’agit d’enfermer quelqu’un parce qu’il pourrait tuer et que la très grande majorités des cas où l’on est tué c’est par un primocriminel, il faudrait, si l’on refuse de courir le moindre risque, nous enfermer tous.


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