@ OlivierD2011
J’imagine que vous êtes le Oliver Danielo de la présentation. Je tiens à dire pour commencer que la qualité de l’article ne reflète pas la qualité de votre présentation, et c’est bien dommage.
Bref : voici mon analyse de votre plan.
Plan A :
1/ La disponibilité de 40% que vous envisagez pour l’éolien
offshore me semble excessif. Une valeur de 30% (2500 h) induirait une
augmentation de la puissance installée de +40 GW soit 240 GW.
2/ Vous négligez le rendement des STEP dans le bilan économique ;
par ailleurs ce rendement de 81% paraît vraiment élevé (avez-vous une source
technique ?). Vous devez le prendre en compte par une augmentation de la
puissance éolienne installée (à 290 GW). De même vous devez prévoir “9 GW de
stockage” supplémentaires pour provisionner les pertes, soit un surcoût de
+9G€.
3/ Coût des STEP. Le coût des STEP en €/W me semble mal
adapté ; le coût en €/W ne concernerait-il que le coût des turbines
réversibles ? Quel est le coût du bassin de rétention, en €/Wh stocké ?
Pourriez-vous détailler ?
4/ Coût unitaire éolien. Vous avancez un coût unitaire à
1,00 €/W qui est votre valeur de l’éolien onshore. Pour l’éolien offshore je
trouve des valeurs de l’ordre de 1,60 €/W ce qui conduit à une moyenne (50%
onshore, 50% offshore) de 1,30 €/W (vraiment optimiste) ! Cela augmente le coût d’investissement de
votre “plan A” ajusté (290 GW) de +177 G€.
5/ Coût des centrales au biogaz. Vous proposez un coût
d’investissement à 0,80 €/W, ce qui me semble faible : on aimerait une
source. Je trouve de mon côté >2 $/W (d’après le Congrès américain),
tranchons à 1€/W, ce qui semble optimiste, soit donc un coût supplémentaire de
+18G€.
6/ Coût de fonctionnement des centrales au biogaz. Vous
négligez totalement le coût du combustible. Il paraît peu crédible que le coût
d’investissement pour la production du biogaz soit nul. Nous allons l’estimer : vous auriez besoin de 60 GW en
moyenne pendant 35 jours, ce qui représente 50 TWh, soit 2e17 J. Pour un biogaz
à 100% de méthane, cela correspond à 7,6 Gm3 de biogaz, soit près de 2000 fois
la production annuelle du CVO de Sequedin. A 75 M€/pièce de coût
d’investissement, votre “plan A” passe à +143 G€.
8/ Enfin, vous mettez de côté une donnée essentielle, qui
est la durée de vie des moyens de production d’énergie. Les éoliennes sont
dimensionnées pour fonctionner 20 ans, les EPR pour 60 ans. Mettons que les
éoliennes soient changées tous les 25 ans, les EPR tous les 50 ans, soit un
facteur 2, nous avons donc un surcoût de l’équipement éolien égal à son coût
initial soit +377 G€.
Total : 1086 G€.
Plan B :
10/ Coût d’investissement de l’énergie nucléaire historique
française. J’imagine que le chiffre que vous avancez est l’investissement
actualisé en €2011. Pourriez-vous, tout comme vous le faites pour les autres
chiffres que vous donnez, fournir une source pour ce coût à 178G€, pour la
replacer dans son contexte ?
11/ Coût du démantèlement. Bien sûr vous estimez le coût du
démantèlement en €2011 vis-à-vis d’une électricité vendue il y a longtemps en
€xxx ou en Fxxx ; laquelle vente a permis de dégager des provisions long
terme avec taux d’actualisation net d’inflation de 2 ou 3%. Votre prise en
compte brutale et forfaitaire du coût du démantèlement est-elle bien
crédible ?
12/ Je ne prends en compte aucun coût de démantèlement pour le nucléaire, puisque vous n’en envisagez aucun pour le démantèlement des dizaines de millions de tonnes de vos éoliennes.
12/ Un EPR c’est 1,6 GW, et, admettons que son coût de série
(une série de 60 GW) soit bel et bien celui du prototype à 6G€, nous trouvons
alors un coût d’investissement de 3,75€/W soit 225 G€, soit toujours 51 G€ de
moins que dans votre présentation.
13/ On prend les 30 GW d’appoint au gaz à 1€/W.
14/ On néglige (à votre avantage) le fait que les
investissements industriels lourds (usines) sont déjà construits pour le
nucléaire (et qu’il faudrait alors fermer), et que ces mêmes investissement
lourds seraient alors à faire pour l’éolien. Sauf à aggraver dramatiquement
notre déficit commercial.
Total : 329 G€.
Votre “plan A” représente un surcoût de 831 G€ par rapport
au “plan B”, soit, pendant 50 ans, pour un foyer de deux enfants, la coquette
somme de +1073€/an à débourser en électricité (un SMIC en moins par an par
foyer).
Enfin, la perte de productivité pour notre économie serait
de 0,9% du PIB, soit notablement plus que sa croissance actuelle.
Grossièrement, cela plongera notre pays dans la récession.
Et pour finir, pour le plaisir :
Un stock stratégique de 2e17 J de méthane, c’est
l’équivalent énergétique de plus de 3000 bombes d’Hiroshima, sous forme d’un
gaz explosif. Si votre opinion est que les ingénieurs peuvent faire un bon
boulot vis-à-vis de la sûreté de ce stock, alors vous devriez pouvoir porter
une certaine foi dans la sûreté nucléaire.