Dans cette campagne 2007, ce qui ressortira dans quelques années, c’est la découverte d’une personne, d’un candidat, qui jusqu’ici paraissait relativement censée, et qui révèle, au fur et à mesure, une étrange personnalité. Personne, -jusqu’à une époque récente - n’aurait pu s’attendre à retrouver chez monsieur Sarkozy le double rajeuni de Pétain ou le clone aseptisé de Jean-Marie Le Pen. Et pourtant, toute sa rhétorique véhicule les mêmes idées et utilise les mêmes mots, mais personne n’y avait prêté véritablement attention, le tout étant noyé dans une hyperactivité médiatique entretenue par le personnage depuis des mois pour faire écran à ces idées nauséabondes.
Personne n’a vu non plus que son entourage proche était la clé de sa pensée politique. Or, parmi sa garde rapprochée, on trouve des personnes qui sont loin d’être jeunes, et qui ont un passé plus que sulfureux au sein de l’extrême droite la plus violente. Et pas des théoriciens, des gens ayant déjà porté le casque et manié jadis le bâton. En résumé, les idées extrémistes que vient de tenir et de répéter Nicolas Sarkozy ne sont pas une génération spontanée, c’est plutôt la résurgence d’un vieux fond de commerce entretenu en haut lieu au sein même de son staff. Dans ce sens, il n’y a aucune rupture chez le personnage, contrairement à ce qu’il raconte.
Les proches amis du jeune Nicolas, on le constate, ne sont pas des enfants de choeur. Mieux : on ne doit pas être surpris, en 2007, en entendant dans la bouche de leur leader des propos dignes d’un extrémiste de droite « pur jus ». Ces propos, ils les ont toujours tenus, et ce, dès le départ, dès 1972. Gérard Longuet, Patricl Devedjian, Claude Goasgen, trois « conseillers politiques » du premier cercle actuel de François Sarkozy, tous trois arrêtés par la police le 12 janvier 1967 pour l’attaque en règle du campus de la fac de Rouen. Pour mémoire, les jours qui suivirent, Patrick Devidjian eut à subir un passage à tabac de la part de ses « amis », qui le soupçonnaient d’avoir lui-même prévenu les policiers... Tous ses amis actuels semblent avoir oublié l’épisode. Pour beaucoup d’historiens, ce sont les violences répétées d’Occident dans les campus français qui sont aussi à l’origine de Mai 68, en créant un terrain pré-insurectionnel. Aujourd’hui, ce qui est amusant à entendre, c’est l’explication sarkozienne du « laxisme » vis-à-vis des jeunes, qui aurait pour origine cette fameuse pensée de mai 68... Mettre le feu aux poudres, attendre l’explosion, puis clamer partout que cette explosion n’a pas pour origine de la violence, mais un trop grand relâchement face à la montée de cette violence. Ce retournement d’idées est une constante de la pensée fascisante. Mettre le feu pour mieux crier à l’absence de pompier. Générer le chaos pour se plaindre de l’apparition du chaos. Lâcher les loups pour mieux crier au loup. Pour les banlieues, à vous de trouver la phrase.
Personne ne se serait donc rendu compte de cette proximité de pensée entre les dires de Nicolas Sarkozy et l’extrême droite ? Pourtant, des signes avant coureurs existaient : elles sont aujourd’hui à rappeler. Lorsqu’en janvier dernier le livre de Nicolas Sarkozy, un de plus, sort en Italie, fort peu remarquent sa préface : elle est pourtant signée Gianfranco Fini, le leader de Alliance Nationale, qui n’est autre que ce qui reste... du MSI déjà cité. Il suffit de se rendre au siège du parti pour s’en rendre compte. On n’y cache pas les bustes du Duce. Bien au contraire, c’est la base même de la décoration du lieu. Ce sont bien des néo-fascistes, terme élégant pour dire qu’ils sont les héritiers direct de ce système frère de l’hitlérisme. Pour mémoire, la flamme tricolore chère à Jean-Marie n’est que la copie de celle du MSI. pour mémoire encore, on a déjà oublié que le véritable mentor de Nicolas Sarkozy, Gérard Longuet, qui s’est fait le plus discret possible durant cette campagne avait déjà organisé celle de... Jean-Louis Tixier-Vignancourt en 1965. Pendant que Longuet bastonnait les colleurs d’affiche concurrents... le directeur de campagne de Tixier-Vignancourt peaufinait les discours, en les relisant... d’un seul œil. C’était... Jean-Marie LePen. Tous se connaissent donc, et bien. Résumé du personnage donné par Charles de Gaulle lui-même : « Tixier-Vignancour, c’est Vichy, la Collaboration, fière d’elle-même, la milice, l’OAS ». Là, tout est dit. Les liens sont évidents. De Gaulle, se retrouve représenté via Nicolas Sarkozy, héritier du mouvement, par des gens qui ont tous trempé dans ce qu’il a le plus combattu. Ce n’est pas le moindre des paradoxes. Mais on comprend mieux l’ire de ceux qui se disent les véritables héritiers du gaullisme. Et pourquoi la visite à Colombey de Nicolas Sarkozy est pour eux une énorme supercherie.