Merci monsieur le professeur pour ces bons et mauvais points dont évidemment, comme tout cancre qui se respecte un tant soit peu, je ne tiendrai pas compte avant que vous ne m’ayez précisé où vous avez pu lire que je traitais mes « adversaires » de « lâches, [...] ou de traitres ». Je n’ai aucun adversaire. J’écris des textes. Certains les lisent et les trouvent justes, d’autres non. Ceux qui les critiquent ne m’ont jamais répondu sur le fond, ni sur les exemples précis que j’ai régulièrement donné pour étayer mon point de vue. Ils n’ont eu recours qu’à des insultes personnelles et des jugements définitifs sans apporter la moindre preuve de ce qu’ils me reprochaient. Quant à savoir si certains de mes interlocuteurs (mais peut-on utiliser dans ce cas un tel vocable, j’avoue qu’un mot plus précis me manque pour les qualifier) sont des « imbéciles », pourquoi pas ? Souhaitez-vous vraiment devenir le gardien des bonnes manières sur ce forum ?

Croyez, cher professeur, que je ne suis nullement dépressif. Si vous l’êtes vous-même parfois ainsi que vous nous le signalez, pourquoi vouloir entraîner les autres dans votre marasme intellectuel ? Personnellement je ne ressens aucun mal de vivre ou de penser. J’ai plutôt de la rage et je croyais que ça sautait ça aux yeux à la lecture de mes propos. Quoiqu’il en soit, soyez sûr, que cette rage, je compte bien la cultiver tant que j’en ressentirai le besoin.

Quant à votre comparaison avec le magnifique chevalier à la triste figure, pourquoi pas, j’avoue que c’est un personnage que j’aimais bien durant mon adolescence mais c’est un peu loin tout ça. Que savez vous de ma vie pour penser que je me défoule sur des moulins à vent ? Je vis dans un pays qui va mal. J’y travaille de mes mains, j’y consacre toutes mes forces, toute mon énergie et le peu d’argent dont je dispose (à l’inverse de nombre d’intellectuels tiers-mondistes qui ne se privent pas de se payer sur la bête qu’ils passent leur temps à dépecer). J’y côtoie des ouvriers, des intellectuels, des journalistes, des professeurs, des réalisateurs de télévision, des mendiants, des artistes, des écrivains, des commerçants, des gouverneurs, et de nombreuses délégations venues des quatre coins de la planète. Ces différents contacts m’offrent l’opportunité d’essayer de comprendre cette société qui se porte mal et que la majorité de sa jeunesse (et même les plus âges)cherche à fuir. Dans cette société, depuis des années, j’ai engagé ce que je crois être un important effort de développement sur le plan culturel et j’ai aujourd’hui la joie de voir que cet effort commence à porter quelques fruits. Soyez donc persuadé que je ne cultive pas de tristes ressentiments. Je crois porter un regard clinique sur une situation qui m’alarme car elle obère toute chance de sortie d’une crise qui dure depuis des décennies, ce qui, me semble-t-il, n’a rien à voir avec une projection personnelle dans les problèmes de nos sociétés. C’est quand même bizarre que chaque fois qu’on veut mettre le doigt là où ça fait mal, on se retrouve devant des jugements ad-nominem. Tous ceux qui ont critiqué mes propos l’ont fait en portant des jugements sur mon compte. Cher professeur, ne tombez pas vous même dans ce travers.