Merci, cher Sisyphe, pour un échange d’opinions courtois.
En ce qui concerne Milosevic, je connais à fond son histoire pour l’avoir suivie de près depuis plus de quinze ans dans mon journal, avoir publié son discours de défense au Tribunal pénal international de La Haye, et lui avoir consacré un chapitre dans un de mes livres. Il a commencé par réagir – comme n’importe quel chef d’Etat a le devoir de le faire – à la sécession soutenue par l’étranger des républiques de l’ex-Yougoslavie, mais a rapidement arrêté les opérations militaires de l’armée fédérale en voyant le risque de guerre civile. Par la suite, il n’a cessé de chercher à éviter cette guerre civile en acceptant tous (je dis bien tous) les plans de paix proposés par la communauté internationale. J’en tiens la liste à votre disposition. Il n’a jamais (je dis bien jamais) été partisan, ni d’une épuration ethnique, ni d’une “Grande Serbie”. Au contraire il s’y est explicitement opposé. J’en tiens aussi les preuves à votre disposition. Bien loin d’avoir “déclenché deux guerres”, et en dépit de ce que peut dire Wikipedia, il a même obligé son allié Karadzic à renoncer à des velléités belliqueuses qu’il désapprouvait. Je sais qu’en affirmant tout cela, j’encours l’accusation de faire de la propagande serbe, mais je peux vous assurer (là aussi preuves à l’appui) que ni mon journal ni moi n’avons reçu un sou, à quelque moment que ce soit, du gouvernement de Belgrade, ou d’un quelconque organisme officiel (à part la ligne aérienne yougoslave JAT, qui nous a aidés avec une petite publicité dans chacun de nos numéros). Nous n’avons fait que démentir, avec des faits, les mensonges d’un diabolisation effrénée des Serbes qui a duré pendant plus d’une décennie.
Pour Kadhafi, je vois que vous ne niez pas les réformes qu’il a entreprises. Deux chiffres suffiront à ma réponse : l’IDH (Indice de développement humain) de la Libye était le plus élevé d’Afrique et l’alphabétisation du pays était supérieure à celle des Etats-Unis.
En ce qui concerne Gbagbo, je ne l’ai jamais considéré comme un exemple de démocratie. Je critique simplement un processus d’intervention dans les affaires d’un Etat souverain qui s’est manifesté par la grotesque mise en scène de son arrestation et de son remplacement par un pion occidental, et qui ne fait que répéter l’inacceptable droit d’ingérence que s’est arrogé l’Occident pour défendre ses intérêts financiers, industriels, pétroliers et stratégiques. Droit d’ingérence exercé de façon très arbitraire : pourquoi pas à Bahrein, en Syrie, en Arabie Saoudite, etc. Vous savez bien pourquoi...
Quant à Sarkozy, je ne l’ai pas souvent entendu dénoncer une pensée unique de droite qu’il impose lui-même aux médias, soit en nommant leurs responsables, soit en faisant pression pour qu’on écarte les indociles. Par ailleurs, si la droite dit des choses plus intelligentes que notre faible gauche, je le regrette étant très rouge de formation, mais je ne vois pas pourquoi je ne la créditerais pas honnêtement de sa lucidité.
Cordialement.