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Commentaire de easy

sur Le sexisme démagogique du gouvernement


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easy easy 27 avril 2011 17:20

A cause, il me semble, du comble qu’est la Passion (je parle bien du Chemin de Croix) les enfants du christianisme n’ayant pas de cas de pareille souffrance individuelle et encore moins de plus grande, à exposer comme en contrepoint, comme en surenchère, n’ont pu compenser que par le chiffre.

Au curé qui nous dit OHHHHHH la Souffrrfrrrrannnce du Christ, et qui nous culpabilise avec ça, n’ayant rien de plus fort à l’unité à lui opposer, nous avons répondu : «  2 morts »

2 morts étant plus que 1 mort, ça pouvait clouer le bec au curé mais la course au chiffre était lancée.

Oui, se jeter des nombres de morts à la figure est devenu le dada des Français (après 1850 et surtout après les deux guerres mondiales)

Je ne sache pas que dans l’Histoire, les gens se soient autant battus à coups de cadavres.

Le chiffre, le nombre plutôt, est devenu un incontournable de la rhétorique et de toutes considérations puisque notre régime social est fondé sur un décompte des voix.


Le chiffrisme conduit à des aberrations de raisonnement et même d’optique. Un tremblement de terre, il faut qu’il soit chiffré. Les relations sexuelles, il faut qu’elles soient chiffrées. Un tsunami s’exprime en chiffres de morts et dollars. Une insulte vaut en justice un chiffre. Une condamnation c’est un chiffre à effectuer en tôle. Une bière c’est un chiffre, une adresse c’est un chiffre, une majorité c’est un chiffre, un diplôme résulte de chiffres.

Dans ce contexte chiffriste, qu’un ministre fasse dans le chiffre (et s’emmêle les crayons au passage) peut s’admettre dans la mesure où nous aurons voulu des chiffristes à notre tête « Travailler plus pour faire plus de chiffre »

Mais attention, il ne faut pas forcément répondre au chiffre par le chiffre. 
Il serait temps de remarquer que dans les batailles de chiffres, chacun sort celui qu’il veut, ça claque très bien, l’adversaire est 100 fois sur 100 surpris, ne peut pas le contester sur le champ tant ça fait autorité. Mais il va à son tour balancer un autre chiffre sorti de son chapeau.

Sous des allures objectives rassurantes, les chiffres sont 9 fois sur 10 bidons ou creux et il est impossible de tirer des batailles de chiffre quoi que ce soit de constructible.

Alors on fait quoi dans les débats si on ne chiffre plus ? Bin le mieux c’est qu’on parle au cas par cas.
Que chacun expose son cas, sans se servir des cadavres ou souffrances des autres pour se faire valoir.

Il ne faut pas faire de surenchère à la Passion. Il faut dépassionner les débats. Il faut exposer tout simplement son propre problème.

Face à des élus qui sont là pour gérer les choses massives et qui exposent des chiffres ou stats, qui n’ont même pas le droit de parler de cas singulier, le particulier ne doit pas les singer et chercher à gagner en autorité en parlant au nom d’autrui, en s’emparant des cadavres dont il n’est pas le thuriféraire.
Le particulier ne doit pas exposer des chiffres, il doit parler que de son cas particulier. Sinon, personne n’en parlera à sa place.

Si l’on continue à chiffriser de la sorte, 100 % des Français passeront 100% de leur temps à se jeter à la figure des chiffres de souffrances en veux-tu en voilà pendant que plus personne n’aura le temps de les vivre, ces souffrances.

 


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