Jean Arthuis, président de l’Alliance centriste, était le seul des cinq coprésidents de la future confédération des centres à être absent au conseil national du Nouveau Centre, samedi. Les autres, Jean-Louis Borloo (Parti radical), Hervé de Charette (Convention démocrate), Jean-Marie Bockel (Gauche moderne) et Hervé Morin, ont célébré ensemble l’adhésion du parti de l’ex-ministre de la Défense à la future alliance. Pour expliquer l’absence du sénateur de Mayenne, les organisateurs ont évoqué « des raisons personnelles » qui le retenaient sur ses terres. Jean Artuis explique ses motivations au Point.fr.
Le Point.fr : Y a-t-il une raison politique à votre absence, samedi, au conseil national du Nouveau Centre ?
Jean Arthuis : Ce que j’avais à dire, je l’avais déjà dit lors du conseil politique du Nouveau Centre, début février. Je suis favorable à un rassemblement de tous les centristes, mais à trois conditions : l’indépendance politique, être résolument au centre et enfin ne jeter aucune exclusive. Je pense ainsi que le MoDem devrait faire partie de ce rassemblement. Il est absolument impossible, inimaginable, suicidaire d’avoir deux candidats centristes à la présidentielle. Si c’est le cas, je désespérerai de la refondation de la famille centriste. Je dis « halte au feu ».
Quand vous dites « indépendance », vous pensez à quel parti ?
Au Parti radical, bien sûr. J’attends de voir si ses députés sont réellement prêts à quitter l’UMP, ce dont je doute. D’après ce que j’ai compris, beaucoup n’y sont pas favorables. Et quand je dis « être résolument au centre », je fais allusion au MoDem nouvelle version, moins à gauche qu’il ne l’a été auparavant.
Justement, vous évoquez un rapprochement avec François Bayrou, alors que, selon Hervé Morin et d’autres, celui-ci a trahi sa famille politique...
Un certain nombre de personnalités de la confédération comme Maurice Leroy ont, en effet, des propos assez durs sur François Bayrou. Ils sont peut-être partis un peu vite même s’il est sûr qu’en 2007, au soir du premier tour, Bayrou s’y est mal pris (NDRL : il n’a appelé à voter ni pour Sarkozy ni pour Royal).
Mais le président du MoDem lui-même ne songe pas à un rapprochement...
Selon moi, il n’a pas tout à fait exclu ce rapprochement, dans son interview au Figaro, que j’ai lue attentivement.
Alors, qu’attendez-vous de Jean-Louis Borloo ?
Des actes. Certaines des choses qu’il a faites suscitent chez moi des interrogations : il a été le promoteur de la taxe carbone, puis du chèque vert au début de l’été, ou encore sa sortie sur la TVA sociale au soir des dernières législatives. On ne peut pas dire qu’on les a beaucoup entendus critiques quand ils étaient au gouvernement... Il faut reconnaître que ce n’est pas si simple pour Hervé Morin et Jean-Louis Borloo. Borloo était désireux de rester s’il était Premier ministre, et Morin n’a pas franchement démissionné. J’attends aussi qu’on parle un peu plus du projet et qu’on arrête la guerre des ego.
Sur ce point, Borloo et Morin n’ont-ils pas fait des efforts, selon vous ?
Ils ont fait un effort, mais je ne suis pas sûr qu’entre eux ça soit complètement clair. Et j’ai des doutes de savoir si Borloo ira jusqu’au bout. D’ailleurs, sur le terrain, je constate que les gens n’y croient pas. Jean-Louis Borloo est un candidat hypersympathique, c’est sûr, mais les gens ont un peu de mal à le voir au poste...
Serez-vous au congrès, le week-end du 14 mai, du Parti radical ?
Non, je ne pense pas. Je ne crois pas avoir reçu d’invitation à vrai dire. J’ai l’impression que Borloo se méfie de moi, ce qui m’ennuie.