@
Kookaburra
Merci
pour votre réponse. Par rapport à la religion je suis presque sur la même
position que vous. Pour qu’il ny ait pas d’ambiguïté voici le début de ma
réflexion sur la spiritualité
(texte ajouté en 2002 à mon petit essai "Désacraliser la violence
religieuse", que je n’ai toujours pas réussi à publier après l’avoir
envoyé à une quarantaine d’éditeurs à partir du 15 septembre 2001, mais qui
est gratuitement à votre disposition) :
"La
spiritualité est première. C’est ce don de naissance qui différencie l’homme de
l’animal. Grâce à la spiritualité il pourra réfléchir, raisonner, philosopher,
prendre conscience de l’importance naturelle de l’esprit chez l’être humain,
ressentir l’impérieux besoin de trouver un sens à sa vie.
La spiritualité est une culture.
La prise de conscience de cette faculté innée conduit les êtres humains à la
développer, la cultiver, lui rechercher la meilleure, la plus pure application,
ce qui les conduit à la transcendance, à l’idée de Dieu. Chaque individu pourra
ainsi décider l’organisation de sa vie future et, avec d’autres, celle de la
société où il vivra. Il pourra prendre conscience de la nécessité d’une morale
individuelle et d’une morale de groupe. Il pourra, avec d’autres, décider de
proclamer, de systématiser la priorité spirituelle dans le rassemblement
chaleureux de ceux qui la conçoivent de la même manière, au sein d’une
religion.
On ne peut voir là que du positif,
un processus par lequel l’anthrope et la société s’épanouissent. La
spiritualité cultivée devient alors la culture de l’idée de Dieu, de la
croyance en lui, du rapport, intime ou collectif, à lui.
Parallèlement cependant, et avec
une aussi grande valeur, la spiritualité pourra se cultiver et s’épanouir dans
une philosophie rejetant l’idée de Dieu.
La spiritualité, hélas, est aussi
une déviance. L’anthrope ne se satisfait pas de certitudes et de fraternité
dans la seule connivence. Il veut des valeurs universellement partagées,
transformées en valeurs de tous au service d’un monde reconnu par tous comme le
monde idéal. C’est pourquoi, bien souvent, l’homme spirituel -l’homme conscient
de sa spiritualité- cherchera à imposer ses
valeurs. La spiritualité pervertie va prendre alors de multiples formes,
jusqu’à ce qu’il faut bien appeler la spiritualité criminelle : invention d’un
devoir spirituel de contraindre, de tuer, de faire la guerre, de torturer…
Ne nous y trompons pas,
l’Inquisition comme la guerre sainte sont bien des produits spirituels ; les
pires aboutissements, en fait, de cette aberration -on pourrait dire cet
oxymore- communément acceptée comme une normalité, voire même un projet de
sagesse : le pouvoir spirituel institutionnalisé. Censé s’opposer au pouvoir
politique temporel et matériel ce pouvoir prétendument spirituel est en réalité
une autre forme, illégitime, de ces pouvoirs.
Du bénéfique pouvoir intérieur de
l’individu sur lui-même, fruit bien réel de sa spiritualité, de l’éventuel
charisme qui étend, dans la liberté spirituelle, cette bénéfique influence hors
de soi, on a glissé vers le pouvoir institutionnellement exercé sur les autres
individus, et vers le pouvoir de groupes sur d’autres groupes. A partir de
cette spiritualité dévoyée, Dieu est invoqué pour justifier, servir, imposer
des intérêts de nations, de classes, de races etc…"
(extrait du
chapitre « La spiritualité matérialiste » (ou spiritualité et
criminalité)
A
part ça, l’article proposé à Agoravox, comme je vous l’ai dit précédemment, est
publié aujourd’hui. Titre :
POUR
UN ENSEIGNEMENT LAÏQUE ET PACIFISTE DU FAIT RELIGIEUX