Ce texte, malgré un certain nombre de
remarques percutantes, sinon très courtoises, me semble relever
d’une sinistrose (ou droitose ?) assez pernicieuse.
Rappelons d’abord qu’une élection
présidentielle c’est une dynamique, et qu’elle ne se précise
vraiment que lors de derniers 2 à 3 mois.
Les sondages actuels, même en
supposant ;
-
qu’ils ne soient pas bâclés
(genre 800 personnes, par Internet et « par la méthode des
quotas » - mais si ! -),
-
qu’ils ne soient pas faussés par
des ajustements pas si mathématiques que cela,
-
qu’ils ne se trompent pas,
involontairement ou non, sur la liste des candidats qui se
présenteront, etc.,
ne permettent qu’une impression très
provisoire : le premier tour serait très ouvert entre Monsieur
Hollande (ou Mme Aubry), Mme Le Pen et Mr Sarkozy.
La dynamique de la campagne va changer
beaucoup de choses.
Une partie des électeurs a appris,
depuis 2002, à voter utile au premier tour. Ils cherchent à placer
pour le second tour un candidat acceptable pour eux et qui aie des
chances de gagner.
Côté FN, ce « vote utile »
est sans incidence. Il est possible, sans plus, que Mme Le Pen arrive
seconde. Dans ce cas, et contre tout adversaire vraisemblable, elle
sera inexorablement battue.
A gauche+centre gauche, léger handicap pour
Mr Melenchon (que j’imagine un peu en-dessous de 10%), handicap mortifère pour le NPA et Mr Chevènement (s’il
se présente vraiment) et très forte probabilité que le candidat du
PS soit au second tour. Car l’impact des évènements actuels sera
bien estompé dans dans quelques mois.
A droite+ centre droit, MM. Hulot, de Villepin, Bayrou,
Borloo et Sarkozy (liste non définitive) sont potentiellement en
compétition pour 40 à 55 % des voix du premier tour, car leurs
électorats se recouvrent largement.
Les trois premiers ne joueront qu’un
rôle marginal, s’ils sont vraiment candidats :
-
La candidature de M. Hulot sera un
demi-échec en raison de son caractère atypique.
-
M. de Villepin n’a ni troupes ni
argent et il n’a jamais été candidat à une élection notable.
-
M. Bayrou ne pourra pas être et
avoir été.
Là où les choses se corsent, c’est
dans un duel qu’on se garde bien actuellement d’évoquer :
entre Mr Sarkozy et Mr Borloo.
Je serais curieux de savoir ce qui
permet à Mr Yang d’affirmer d’abord que Mr Sarkozy peut empêcher
tous ses adversaires de droite de se présenter, puis d’écarter
d’une pirouette Mr Borloo s’il est candidat.
Actuellement, c’est vrai, la
candidature Borloo est peu médiatisée (exprès ?) et les sondages
(toujours eux) lui donnent des chiffres ridicules. C’est que, précisément, ils sont ridicules...
Le gros atout de Mr Borloo, c’est
évidemment l’impopularité de Mr Sarkozy auprès de ceux qui ont
voté pour lui dans le passé. Il est exact que cette impopularité va
nettement diminuer ; tout est fait pour cela actuellement. Mon
hypothèse, c’est que, dans le même temps, Mr Borloo apparaîtra
progressivement comme la seule alternative crédible de M. Sarkozy
par rapport à cet électorat. C’est un peu se qui s’était déjà
produit entre Mr Sarkozy et Mr Bayrou.
Celui des deux qui
l’emportera dans les anticipations des électeurs écrasera l’autre. En d’autres termes, il se peut que Mr
Borloo soit premier ou deuxième et Mr Sarkozy quatrième, comme il
se peut que ce soit Mr Borloo qui soit quatrième.
Qu’on me comprenne bien : je ne
roule en aucune façon pour Mr Borloo (J’envisage de voter pour
Mr Melenchon). Cette esquisse de scenario n’a qu’un but : mettre
en garde contre des prévisions à l’emporte-pièces, qui pourraient
être de nature à favoriser les pires éventualités.