Il y a peut-être un point de droit dont il faudrait se
souvenir et qui est dans le contexte de l’affaire Banon un facteur plus
qu’essentiel :
En droit français (comme dans de bien d’autres pays bien sûr),
le Parquet n’a pas besoin d’une plainte pour ouvrir une investigation
préliminaire par la police judiciaire à partir du moment où il peut avoir
connaissance d’accusations ou de faits susceptibles de faire apparaître
l’existence d’un crime ou d’un délit. Lorsqu’il s’agit d’une tentative de viol,
l’affaire est d’autant plus grave qu’il s’agit 1. d’un crime et 2. d’un crime
pour lequel il est difficile d’obtenir une plainte de la part de la présumée
victime.
La Police dans ce cas sur ordre du parquet peut engager une
enquête afin d’établir si l’affaire est assez sérieuse pour être envoyé à un
juge d’instruction qui procèdera à l’établissement de la vérité avec les moyens
policiers que l’on connait.
DONC, tout ce blabla consistant à savoir si la presse
devrait ou pas en parler et si Tristane Banon devrait ou pas porter plainte n’a
aucune espèce d’importance. De la même manière, la question n’est pas de savoir
si à l’époque la justice aurait étouffé l’affaire ou pas. La seule et unique
question est de savoir QUAND le parquet va ordonner une enquête préliminaire...
et s’il ne le fait pas, POURQUOI compte tenu de l’existence de la vidéo, de la
cinquantaine d’articles parus en France, des plusieurs centaines d’articles
parus à l’étranger, du fait que le procureur américain semble vouloir enquêter
sur cette affaire en France, de l’intervention de la mère qui confirme les
propos de sa fille, qui indique en avoir parlé avec DSK et qu’il se serait
excusé en disant qu’il avait pété un plomb, etc...
La question n’est donc pas de savoir si la justice aurait étouffé
l’affaire si elle avait été saisi par Tristane à l’époque - la question est de
savoir si le Parquet va « étouffer » l’affaire là maintenant, aujourd’hui
même, à cette minute, dans les jours qui viennent et avant que cette affaire ne
soit prescrite. Encore une fois, les pressions dans un sens ou dans un autre
sur Tristane n’ont aucune espèce d’importance parce que vu la publicité faite
autour de l’affaire Banon, le Parquet est OBLIGE (il s’agit d’une accusation de
tentative de viol) au moins d’ouvrir une enquête préliminaire.
Le seul problème lorsque le parquet ou la police ne peut
rien faire (et c’est ce qui arrive souvent dans les affaires de viol ou de
violence faites aux femmes en général), c’est quand non seulement la victime
refuse de porter plainte mais en plus réfute les faits ou les minimise soudain
afin de pas subir une enquête plus poussée. Dans ce cas, la justice et la
police se trouve tellement dépourvu d’éléments qu’ils ne peuvent rien faire -
une instruction ne mènerait à rien. A fortiori, lorsque ni la police, ni la
justice n’est au courant des faits, il n’y a bien entendu aucune enquête
possible.
Aujourd’hui, le Parquet peut difficilement prétendre qu’il
est au courant de rien (ou alors il suffit que n’importe quel quidam leur envoi
une compilation d’articles en recommandé avec accusé de réception), qu’il n’y a
pas d’éléments qui tendraient à montrer qu’il existe une possible tentative de
viol ou que de telles accusations décrites en détail n’ont pas été formulées
par la présumée victime.
On ne peut plus non plus reprocher à la presse quoi que ce
soit - la presse en a maintenant TRES largement parlé. L’attention maintenant, pour ceux qui
souhaiterait établir la vérité est d’attendre que le Parquet ouvre cette
enquête. Cela vaut pour le PS, pour les proches de DSK comme pour les proches
de Banon : si DSK ou ses proches, partisans, sont certains de son innocence
dans l’affaire Banon, ils n’ont rien à craindre. Comme chacun sait le système
du Juge d’Instruction en France est le meilleur système possible et sans
faille. Donc, je ne vois pas en quoi ils auraient à craindre quoi que ce soit.