@ tikhomir
Contrairement à ce que vous croyez, concernant
ce que vous appelez « l’opposition de Benoît XVI à la violence », je ne
suis pas loin de penser comme vous en ce qui concerne son expression dans le
discours de Ratisbonne. Je fus de ceux qui ont dénoncé le caractère
superficiel, voire lâche de bon nombre de critiques de l’époque. Simplement
j’ai précisé que c’était ailleurs et beaucoup plus gravement que le pape se
trompait ou réanimait la violence religieuse. J’ai bien souvent publié ceci (que
vous pourrez lire dans le contexte si vous vous reportez au texte signalé plus
haut) :
Cette manière ancienne de confirmer et justifier, d’assumer LES DEUX VOLETS de toutes les religions – celui qui préconise l’épanouissement des plus altruistes, des plus pacifiques vertus humaines ET le volet criminogène – n’est plus guère utilisée de nos jours. Toutes les religions confirment cependant, chacune à sa manière, que la conception criminogène de Dieu, vieille de 3000 ans, reste valable, inattaquable. Dans le catéchisme de l’église catholique, à propos de l’Ancien Testament on dit ceci : « Dieu n’est en aucune façon, ni directement ni indirectement, la cause du mal moral » (311). Mais on y affirme également le contraire : « Dieu a inspiré les auteurs humains des livres sacrés. En vue de composer ces livres sacrés, Dieu a choisi les hommes auxquels il eut recours dans le plein usage de leurs facultés et de leurs moyens, pour que, Lui-même agissant en eux et par eux, ils missent par écrit, en vrais auteurs, tout ce qui était conforme à son désir, ET CELA SEULEMENT. » (106, c’est moi qui souligne).
Une telle affirmation, répétée en plusieurs endroits, signifie clairement que c’est bien Dieu qui a voulu, exercé ou commandé toutes les horreurs qui lui sont attribuées dans la Bible, telles que l’extermination effective des Cananéens rapportée dans le Livre de Josué (un Livre, précise le catéchisme, resté aussi saint que tous les autres de l’AT). En tenant à réaffirmer que les catholiques doivent toujours croire cela le cardinal Ratzinger, président de la Commission de préparation du catéchisme et futur pape Benoît XVI, alimentait la guerre interreligieuse plus sûrement et plus durablement que dans ses propos de Ratisbonne. Il confirmait que la conception criminogène de Dieu reste bien une « valeur chrétienne », comme elle reste depuis 3000 ans une « valeur juive », comme elle reste une « valeur islamique » depuis la création de l’islam.