J’ajoute qu’en effet, les militants de la gauche de la gauche devraient participer à la campagne des primaires pour appuyer Montebourg.
Je comprend la position de principe de Mélenchon : il estime que les primaires sont une mascarade. De ce point de vue, il serait pour lui difficile d’inviter les militants à y participer. Néanmoins, et en débit de la bouteille qu’il a, j’ai l’impression qu’il attaque sous le mauvais angle.
En effet, on peut très bien fustiger l’hypocrisie interne au PS (particulièrement énorme), et en même temps expliquer calmement en quoi les primaires sont concomitantes de cette hypocrisie : il y a de fait plusieurs courants au PS, dont certains sont incompatibles, en particulier celui de Montebourg, qui tant qu’il sera minoritaire verra sa voix étouffée, et son engagement politique en quelque sorte perverti par la conscience de son impuissance, mandat après mandat, primaires après primaires : l’exercice du pouvoir dans ces conditions consisterait pour Montebourg à défendre un gouvernement qui applique une politique avec laquelle il n’est pas d’accord ? Si bien que ces points étant posés, le Front de gauche peut expliquer qu’il participe à la campagne des primaires aux côtés de Montebourg pour tenter de libérer son courant.
On voit bien qu’il y a peut-être un raison au choix de rester en retrait de la part du front de gauche : le danger de gagner !
Si Montebourg l’emportait et qu’il n’y avait pas d’alliance FG-PS, à quoi ressemblerait une campagne où le front de gauche et le PS, faisant campagne chacun pour soit, défendraient un programme fortement ressemblant ? n’y aurait-il pas neutralisation dans les urnes ? mais d’un autre côté cette double campagne n’imposerait-elle pas ses idées pendant la campagne, au point de les faire triompher dans les urnes ?
Si Montebourg l’emportait, et qu’il y avait une alliance, comment serait-elle perçue ? comme une compromission du FG, voire une trahison ? Ne serait-il pas facile pour tous ceux qui veulent casser la dynamique, de caricaturer et de simplifier ce qu’ils appelleraient un « retour au bercail de la gauche plurielle » ? Mais plus fondamentalement, comment négocier une alliance alors que, si la base militante et les sympathisants peuvent être convaincus par Montebourg et le revirement à gauche, les cadres et caciques du PS, eux, seraient toujours là, avec leurs idées, incompatibles avec une alliance à gauche, compte tenu des revendications du FdG.
Donc tout cela est compliqué, mais au delà de la position de Mélenchon et du FdG, je pense que les sympathisants de gauche devraient soutenir Montebourg, pour contrer la dérive droitière inhérente à une primaire ouverte à tout le monde et n’importe qui, et en particulier aux centristes, et même aux gens de droite qui privilégieront le candidat le plus « raisonnable », donc le plus insipide et compatible avec l’ordre établi.