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Commentaire de Assurancetourix

sur Le FMI de DSK était prêt au remplacement du dollar comme monnaie de réserve internationale !


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Assurancetourix Assurancetourix 24 mai 2011 19:42

Voici la préface du livre par Michel Drac :

L’ouvrage d’Eustace Mullins raconte une étape-clef de l’Histoire économique récente - une étape qui détermine, encore aujourd’hui, le mode de fonctionnement de notre économie.

1907 : la panique monétaire fragilise le capitalisme américain.

1913 : la Federal Reserve est constituée.

Entre ces deux dates : six ans d’intrigues, de serments trahis, de mensonges éhontés et de demi-vérités soigneusement travesties. Six ans, au cours desquels les grands banquiers d’affaires prirent appui sur la faillite programmée de leur système, pour refonder leur pouvoir.

C’est cette victoire des banquiers que raconte Mullins - une heure sombre dans la lutte toujours recommencée entre le Capital et les peuples.

Toute la dynamique de notre économie contemporaine résulte de cet instant décisif, où le marchand d’argent s’arrogea le droit de fabriquer le signe monétaire. Et cela, pour la première fois, en pratique, à l’échelle du monde.

Eustace Mullins a rédigé la chronique du plus grand hold-up de l’Histoire.

*****

Cependant, si les événements de 1913 furent sans précédent par leur échelle, leur dynamique, quant à elle, ne présentait aucun caractère de nouveauté.

Le capitalisme est un champ de bataille, et cela ne date pas d’hier.

On en trouvera la preuve dans un texte presque aussi vieux que la civilisation : le Pentateuque.

Voici l’histoire de Joseph en Égypte (Genèse, chapitres 34 à 50).

Joseph, fils de Jacob, est trahi par ses frères, jaloux de ce cadet trop brillant. Il est vendu comme esclave en Égypte. Un malheur pour un bonheur : au pays de Pharaon, ses qualités intellectuelles supérieures lui assurent une fulgurante ascension sociale.

Nomade, Joseph est naturellement étranger aux populations sédentaires de l’Égypte. Mais justement : cela fait sa valeur aux yeux du Prince. Parce que Joseph lui devra tout, parce qu’il est un excellent gestionnaire, parce qu’il est loin des intrigues de la cour, Pharaon fait de lui son intendant.

Joseph suggère une méthode pour éliminer les famines qui ravagent l’empire. Que partout à travers l’Égypte, on érige des greniers, et que dans ces greniers, on dépose le cinquième des récoltes. Lorsque les récoltes seront bonnes, les réserves s’accumuleront. Mais en période de vache maigre, Pharaon revendra le contenu de ses greniers, et la disette sera évitée.

L’Égypte prospère. Mais très vite, le système entre en crise. Confiants dans les greniers d’État, privés d’un cinquième de leur récolte, les Égyptiens cessent d’épargner. Et lorsque plusieurs mauvaises années se suivent, le peuple, ruiné, ne peut racheter son blé.

Aux affamés, Joseph propose alors un accord : il leur donnera du grain, en échange de quoi, ils céderont leurs terres. Les Égyptiens acceptent. Et ainsi, en réservant l’épargne à Pharaon, Joseph est parvenu à confisquer le capital productif.

Escroquerie ? Certainement. Monstruosité ? Rien n’est moins sûr.

Le patriarche Joseph est un personnage complexe. Au vu du texte, il est impossible de dire s’il prend la décisionde se faire spoliateur. Au départ, son rôle de conseiller économique auprès de Pharaon n’a rien de déshonorant : c’est semble-t-il pour le bien du peuple qu’il ordonne la construction des greniers. C’est encore pour éviter que les Égyptiens ne meurent qu’il leur revend blé contre terres. Joseph n’est pas l’âme damnée de Pharaon ; il s’attache tout simplement à rationaliser le processus de la domination politique, sous l’angle économique. C’est un cadet dépossédé, qui s’élève dans la hiérarchie sociale en utilisant ses capacités intellectuelles supérieures, au sein d’un monde régi par la force. C’est un nomade rusé, doublé d’un dominateur par l’esprit - mais ce n’est pas un monstre.

Son caractère profondément humain transparaît bien dans les chapitres finaux de la Genèse, chapitres au cours desquels va se nouer le drame d’Israël.

Joseph pardonne à ses frères de l’avoir jadis vendu comme esclave, et installe sa nombreuse famille sur la terre d’Égypte, où elle prospère.

Elle prospère tellement, d’ailleurs, et se multiplie si bien, que Pharaon prend peur. Et si ces parvenus, ces nomades rusés, finissaient par sortir de l’ombre où ils se tiennent ? Après tout, rien ne les sépare du prince, hormis le trône. Dès lors, le but obligé de Joseph n’est-il pas de devenir le maître de Pharaon ?

Ici commence le livre de l’Exode.

Violent, cruel, le système induit par les choix de Joseph opprime tous les Égyptiens. La froide rationalité du patriarche a généralisé un esclavage implacable : sa descendance en paiera le prix. Pharaon, pour mater les Hébreux, les jette à leur tour dans les chaînes que leur père a consolidées.

La Bible énonce le caractère dialectique des relations - en quoi même un athée devra reconnaître qu’elle est une révélation sur la nature du monde. Le Livre dit : la lutte entre nomades prédateurs et sédentaires productifs, entre oppresseurs et opprimés, n’oppose pas des camps essentialisés. Un nomade peut se sédentariser, un oppresseur peut rejoindre le camp des opprimés. La victoire prépare la défaite, la prospérité engendre la misère, la libération porte en germe l’esclavage - et réciproquement.

Réciproquement, car de l’esclavage, les descendants de Joseph vont s’élever vers un nouveau projet, plus ambitieux, plus libérateur que celui de leur ancêtre. Il ne s’agit plus de se tenir dans l’ombre de Pharaon, de participer à son oppression pour ne pas être opprimé : il s’agit d’abolir l’oppression elle-même, en libérant tout un peuple.

Apparaît Moïse. Son projet : conquérir la terre promise. Il existe bien sûr d’innombrables interprétations du terme. Mais sous l’angle économique, la terre promise, c’est celle où, comme il est écrit : « Tu ne prêteras pas à intérêt à ton frère » (Deutéronome, chapitre 23).

Le projet de Joseph, le capitalisme, a engendré celui de Moïse, la révolution.

Sous l’angle économique, le reste, c’est-à-dire le christianisme, ne sera jamais que l’instant où Moïse et Joseph seront, enfin, séparés l’un de l’autre.

*****

Nous vivons aujourd’hui, à une échelle infiniment plus grande, la réédition des mécanismes décrits par la Bible. Ce que raconte Mullins, c’est l’accord passé, au début du XX° siècle, entre le nouveau Pharaon, l’État américain, et le nouveau « Joseph », en l’occurrence un « Joseph » collectif : les grandes banques anglo-saxonnes, basées principalement dans la City de Londres.

Comment en était-on arrivé là ?

Pour le comprendre, il faut s’intéresser à l’esprit américain.

La révolution américaine ne fut pas une révolte contre l’Empire britannique en tant que tel : c’était, avant tout, un refus de souscrire au modèle économique de cet empire.

Certes, à aucun moment, les Américains n’envisagèrent de rompre avec le capitalisme. La libre entreprise était pour eux un idéal. Oui, mais voilà, il existe deux capitalismes : celui des gestionnaires de la production d’une part, et celui des marchands, donc des banquiers, d’autre part.

Une grande partie de la Réforme protestante, sur le plan pratique, consista précisément à structurer la lutte entre ces deux capitalismes. Suivant Max Weber sur ce point précis, nous admettrons que le protestantisme, à l’origine religion de la petite bourgeoisie productive, constituait aussi une idéologie de combat, au service du capitalisme des producteurs, contre le capitalisme des banquiers. Il s’agissait, par la rapidité de l’accumulation du capital, de produire à une telle cadence que la ponction opérée par Pharaon ne suffirait plus à confisquer les biens de production. La libre entreprise, dans l’esprit des populations protestantes de la Nouvelle Angleterre, c’était en somme le droit d’aller plus vite que le banquier, pour rester libre de toute hypothèque. Il s’agissait de prendre « Joseph » de vitesse.

Évidemment, pour que ce projet eût un sens, il fallait que le niveau de la ponction n’augmentât pas indéfiniment. Il convenait donc qu’il fût négocié. C’est pourquoi la revendication première des colons américains, de la Boston Tea Party à la déclaration d’indépendance, ne fut nullement l’affirmation d’une identité distincte. La revendication première fut : « Pas de taxation sans représentation ». Ce n’était pas à l’Empire britannique de fixer le niveau des taxes, il devait être approuvé par les assemblées des colonies : voilà de quoi il s’agissait.

Ainsi, lorsque les Américains se décrivent eux-mêmes comme le nouvel Israël, ils n’ont pas tout à fait tort sous l’angle économique. Ils ont bel et bien voulu conquérir une terre promise, une terre où l’on ne prêterait pas à taux usuraires - une terre où « Joseph » ne pourrait pas indéfiniment spolier et taxer.

Le malheur a voulu que ce projet initial dérivât progressivement, jusqu’à se retourner contre lui-même.

Comme dit précédemment, la frontière entre oppresseurs et opprimés, spoliateurs et spoliés, n’est jamais stable. Le même homme, le même groupe, peuvent être oppresseurs dans un contexte donné, mais opprimés dans un autre environnement. Et la barrière peut être franchie dans un sens, mais aussi dans l’autre. Comme expliqué ci-dessus, « Joseph » est inhumain non par essence, mais parce que ses intérêts divergent de ceux de la grande masse des hommes. Il devient leur adversaire obligé sans l’avoir voulu. Il n’est pas nécessaire d’être monstrueux pour devenir inhumain : il suffit d’être très, très riche.

La haute bourgeoisie nord-américaine prospéra si bien qu’elle se trouva à son tour détentrice d’un capital en excès, qu’elle ne pouvait rémunérer qu’en augmentant le prélèvement sur la plus-value. Vint le moment où, de par ses intérêts mêmes, cette haute bourgeoisie se trouva naturellement plus proche de ses anciens adversaires britanniques que du reste du peuple américain. Dès lors, la ligne de partage entre gestionnaires de la production et gestionnaires du capital se déplaça subrepticement. Elle ne séparait plus une Amérique homogène d’un Empire britannique prédateur : elle traduisait désormais l’opposition entre un peuple américain productif et l’Amérique oligarchique naissante, spontanément solidaire de l’Empire britannique.

C’est avec la constitution de la FED que le délit fut consommé. Désormais, les centres de décision du capitalisme américain seraient, de par leurs intérêts, liés à ceux du capitalisme britannique. L’État américain n’était plus celui de Moïse : c’était celui de Pharaon, donc de « Joseph ». Les descendants spirituels de Moïse dans le Nouveau Monde avaient, pour certains d’entre eux, rallié le camp de l’ennemi.

C’est au récit de cette trahison qu’Eustace Mullins décida de consacrer sa vie.

*****

Honneur à lui. Nous faisons tous partie d’un livre écrit par Dieu. La plupart d’entre nous ne sont que l’encre. Quelques-uns, cependant, reçoivent la Grâce d’être la plume.

La situation contemporaine n’est que la continuation de 1913. Et donc, lire Mullins, c’est comprendre la généalogie de notre désastre.

Dans le système capitaliste du XIX° siècle, on opposait encore la Haute Banque, qui jouait avec son argent, et la banque de dépôt, qui faisait travailler l’argent de ses clients. Mais cette distinction n’a plus aujourd’hui la moindre signification. Depuis 1913 et la création de la FED, les banques d’affaires ont de fait placé les banques de dépôt sous leur coupe. Non contentes de pouvoir spéculer avec l’argent du public, elles se sont octroyé un privilège extraordinaire, qui a profondément modifié le système capitaliste : elles peuvent fabriquer l’argent ex nihilo - ceci implique que, même du Glass-Steagall Act à son abolition, soit de 1933 à 1999, la haute finance eut constamment, en pratique, la haute main sur l’ensemble du capital. Pouvoir créer de l’argent ex nihilo, c’est s’approprier une fraction indéfinie de la masse monétaire globale, donc réduire indirectement les dépôts du public.

L’endettement formidable sous lequel croule désormais l’Occident résulte, en grande partie, du coup d’État bancaire de 1913. Certes, depuis, bien des facteurs aggravants se sont ajoutés au désastre initial. Mais il n’empêche : avant la création de la FED, la dette publique américaine était presque inexistante. Même les énormes coûts de la guerre de sécession furent absorbés par la formidable capacité de développement productif de l’Amérique. Inversement, depuis la création de la FED, la dette, tant publique que privée, n’a cessé d’enfler. Le « Joseph » américain s’est comporté exactement comme son devancier trimillénaire. Pour confisquer le capital productif avec l’appui du pouvoir, il s’est réservé la fonction d’épargne. Voici la cause profonde de la crise, peut-être décisive, dont nous observons les soubresauts inquiétants depuis 2007.

Le lecteur décèlera sans peine, dans le récit de Mullins, tout ce qu’il a de profondément actuel. Il repérera aisément les ressemblances nombreuses qui rapprochent nos années 2010 de celles qui précédèrent la constitution de la FED. Il constatera comment, hier comme aujourd’hui, les oligarques, si partisans du libéralisme pour les autres, se montrent en revanche très soucieux de régulation, s’agissant de leurs relations réciproques. Il tirera de grands enseignements en étudiant les précautions extraordinaires prises par ces personnages pour rester invisibles aux yeux du grand public. Et derrière le trône de notre Pharaon états-unien, il scrutera l’ombre où se tiennent nos modernes « Joseph ». Derrière les discours de propagande des économistes conformistes, il décèlera une pensée prostituée.

Le lecteur trouvera aussi, dans le récit d’Eustace Mullins, un exemple instructif de crise provoquée. En étudiant les mécanismes de la crise agricole de 1920, le lecteur se souviendra des politiques de crédit abondant suivies, sous l’administration Bush, par Alan Greenspan. Le lecteur comprendra comment, via la politique monétaire, les intérêts privés perfectionnèrent le système antique du patriarche Joseph : désormais, il ne s’agit plus de prévoir les années de vache maigre, il s’agit de les faire advenir.

Le lecteur, enfin, sourira sans doute en prenant connaissance des circonstances dans lesquelles le Président et le Congrès des États-Unis furent amenés à créer la FED. Il se souviendra avec intérêt de la confrontation Obama - McCain, en suivant les péripéties qui amenèrent à l’élection de Wilson. Il trouvera sans mal, dans les votes précipités du début du XX° siècle, nombre de points communs avec les modalités d’adoption des plans d’aide au secteur bancaire, en 2008 et 2009.

Mais assez prodigué de conseils ! Le lecteur n’en aura nul besoin, car tout est clair.

« Voici les simples faits de la grande traîtrise... »


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