Remettez les pieds sur Terre mon ami ! Les Occidentaux sont
TOUJOURS les maîtres de ce monde. Si la guerre injuste que nous menons
tranquillement en Libye ne vous en convainc pas qu’est-ce qu’il vous
faut ?!
Vous voulez rire ? Les Occidentaux ne sont plus maîtres de quoi que ce soit. En fait, personne ne l’est. On est tous (Américains, Occidentaux, Chinois, Russes, Arabes, Allemands, Japonais et Indiens) engagés dans une sorte de gigantesque partie de poker menteur où chacun se tient par les couilles, tout en étant assis sur une bombe. Le but étant de désamorcer les bombes, en évitant de finir eunuque si possible. Cela s’appelle le monde « multipolaire ». Forcément, c’est un peu plus compliqué que le monde Est-Ouest et plus instable. Mais peut-être pas forcément pire.
La Lybie, tout comme l’Irak, est un nain politique et militaire, sans alliés et à la merci du Charles de Gaulle (c’est dire...). Ces guerres, c’est du pétrole gratuit et de la mise en scène. Et encore, on ne sait pas comment va finir celle de Lybie. Khadafi s’accroche toujours, la situation n’a pas évolué d’un seul pouce, et la Russie commence à hausser le ton. D’ailleurs, il devient de plus en plus manifeste que l’occupation de l’Afghanistan, qui n’a rien à voir avec Al-Qaïda ni Ben Laden, mais beaucoup avec un projet de pipeline chimérique cher à Unocal, cette guerre est un lamentable échec. C’est le constat flagrant de l’imbécillité et de la présomption des stratèges américains, qui se sont crus plus intelligents que leur ex-alter-ego soviétique en son temps (l’URSS avait déployé des moyens autrement plus conséquents, et avait de plus le soutien du régime communiste de Kaboul).
Il est évident que la Chine évitera jusqu’au bout toute action hostile à l’encontre des Occidentaux, car elle y perdrait toute sa clientèle et se retrouverait confrontée à une crise dévastatrice, avec un risque de famine et d’émeutes assez élevé. Il est tout aussi évident que le monde Arabe n’a aucun intérêt à chercher le conflit avec qui que ce soit, et le Pakistan, moins que tout autre. Pour cette raison, le risque de je ne sais quel attentat manigancé par l’ISI contre le Grand Satan Américain est quasiment nul.
Reste une dernière inconnue : les États-Unis ont-ils intérêt à déclencher une guerre contre le Pakistan, tout en étant déjà exposés en Afghanistan, sans disposer de base arrière, dans les pires conditions logistiques, et sous la menace d’un embrasement du monde Arabe, avec le concours probable de l’Iran ? Qu’auraient-ils à y gagner ? Rien. Au contraire, ils auraient tout à perdre, et en premier lieu leur avants-postes dans le Golfe persique, ainsi qu’Israël. Ce serait une catastrophe.
Soyons sérieux : les « Occidentaux », c’est un concept nul et non avenu en géopolitique. La seule réelle puissance militaire et politique dans ce ramassis de guignols s’appelle « États-Unis d’Amérique ». Elle n’a pas besoin des autres « Occidentaux », mais les autres « Occidentaux » ont grand besoin d’elle, ne serait-ce que pour assurer leur « sécurité ». Or, il se trouve que les États-Unis d’Amérique, en ce moment, sont au bord de la faillite, et pas vraiment en capacité de mener une guerre injustifiée contre un adversaire sérieux. Le monde Arabo-musulman est un adversaire très sérieux, et de plus, fournisseur de pétrole. Sans pétrole, les avions ne volent pas, et les porte-avions restent à quai.