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Commentaire de Samuel Moleaud

sur G8 : le saint Empire industriel célèbre une messe démocratique à Deauville


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Samuel Moleaud 29 mai 2011 10:40

Et bien, ça dépend de quelle démocratie parlons-nous.
Il y en a plusieurs formes, et ce depuis Platon, Artistote et les cités d’Athènes. L’histoire des idées politiques est souvent falsifiée par l’Histoire institutionnelle.

Pendant la guerre religieuse des Empires du Moyen-Age, l’on nous fait croire que la religion freine la démocratie. Mais au 13ième siècle, des républiques en France et en Italie se mettent en place, où la communauté est souveraines pour élire son seigneur. D’autres, installent la monarchie élective (Saint Thomas d’Aquin) pour éviter la mainmise du pouvoir royal héréditaire et absolu. Bref, ce n’est pas la religion qui détermine le régime politique, mais l’argent hérité des générations antérieures.

Enfin, vient la période contemporaine, la fin des privilèges en 1789, la république en 1848 et 1875 (pour la France). En oubliant qu’entre temps, un énorme « débat » sur quelle forme de démocratie adopter a divisé les élites en 1791.

La démocratie actuelle, « représentative » s’exprime par le vote, la liberté d’expression, la république une et indivisible. Elle est surtout le résultat des sauvegardes de l’aristocratie contre le peuple.

Au 18ème siècle, les fermiers étasuniens se battent pour leur indépendance. Lorsqu’ils remportent le conflit en 1776, le choix de régime politique qui est fait est la démocratie représentative sur suffrage indirect, c’est à dire que le peuple vote ses gouverneurs, mais pas le président. Pire, la constitution étasunienne est rédigée par des notables, banquiers et hommes d’affaires afin de verrouiller les mécanismes de prise de pouvoir par le peuple, pour éviter que celui-ci ne s’approprie les droits des riches. Je schématise vulgairement.
Cette constitution est rédigée sur l’idée de la liberté politique et économique.

Or le libéralisme (politique), provient des philosophes des Lumières européens, qui, de Locke à Rousseau en passant par Montesquieu et Tocqueville, veillent à ce que la démocratie réadaptée n’accorde pas trop d’égalité, pas trop de liberté... Ces gens-là pensaient qu’il fallait évidemment 3 pouvoirs indépendants (législatif, exécutif, judiciaire), et le vote à bulletin secret (mais dévolu aux capables, lettrés, cultivés, c’est à dire, les aristocrates et les bourgeois à l’époque). Sauf qu’il existe une pluralité de modes de suffrages (tirage au sort, main levée, bulletin secret ou disons suffrage universel)

Finalement, le suffrage universel (in)direct est préférable puisqu’il permet à l’époque de faire voter les riches propriétaires grâce à l’établissement d’un cens électoral (30 000 francs en 1830, je crois).
Le pire, c’est que la liberté prônée par les philosophes veillent au respect de la propriété privée (dont sauvegarde les intérêts des propriétaires des moyens de production, entre autres), et institutionnalise le clivage élite/masse populaire, possédants/travailleurs : les riches contre les pauvres. 
Le vote, ainsi, verrouille la capacité d’expression du peuple, par peur des Révolutions.
La liberté politique, les droits de l’Homme, l’individualisme (au sens du juridique), favorise les aristocrates puisqu’à l’époque, dans la France imaginée par Montesquieu et Locke, la République devrait garantir les libertés fondamentales...des gens cultivés, (donc riches, je précise, au 18-19ème siècles).
Bon, il faudrait aller plus en détail, mais plusieurs modes de sélection des gouvernants, plusieurs formes de démocraties (représentative, participative, directe) dont celle de 1958 qui s’inspire des oeuvres des Lumières, c’est à dire, celle qui pense que seuls les dominants socialement peuvent s’occuper des affaires de la Nation, de la Cité.

Ma conclusion : la démocratie aujourd’hui, c’est faire tout pour que le citoyen ne s’occupe pas des affaires de la Cité. Il est démis de ses fonctions par l’Histoire, les philosophes et ceux qui écrivent les constitutions « démocratiques ». Il vote une fois tous les cinq ans, et a le sentiment de choisir là où il a entre les mains l’instrument de domination du pouvoir qui verrouille toutes les possibilités citoyennes de s’émanciper de l’oppression.
Donc, le G8...est démocratique, dans la mesure du respect de la novlangue libérale.
Pour moi, la démocratie, c’est la gestion universelle en Communes fédérées à l’Etat social (en attendant d’être supprimé), le vote de tous à main levée, et la propriété collective de tous les moyens de production, le travail étant mutualisé en associations souveraines.


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