« Trente,
soixante, cent millions de mort ne vous détourneraient pas de votre
idée fixe : « Aller plus vite, par n’importe quel moyen. » Aller vite ? Mais
aller où ? Comme cela vous importe peu, imbéciles ! Dans le moment même
où vous lisez ces deux mots : Aller vite, j’ai beau vous traiter
d’imbéciles, vous ne me suivez plus. Déjà votre regard vacille, prend
l’expression vague et têtue de l’enfant vicieux pressé de retourner à sa
rêverie solitaire... "Le café au lait à Paris, l’apéritif à
Chandernagor et le dîner à San Francisco", vous vous rendez compte !...
Oh ! dans la prochaine inévitable guerre, les tanks lance-flammes
pourront cracher leur jet à deux mille mètres au lieu de cinquante, le
visage de vos fils bouillir instantanément et leurs yeux sauter hors de
l’orbite, chiens que vous êtes ! La paix venue vous recommencerez à vous
féliciter du progrès mécanique. "Paris-Marseille en un quart d’heure,
c’est formidable !" Car vos fils et vos filles peuvent crever : le grand
problème à résoudre sera toujours de transporter vos viandes à la
vitesse de l’éclair. Que fuyez-vous donc ainsi, imbéciles ? Hélas ! c’est
vous que vous fuyez, vous-mêmes –
chacun de vous se fuit soi-même, comme s’il espérait courir assez vite
pour sortir enfin de sa gaine de peau... On ne comprend absolument rien à
la civilisation moderne si l’on admet pas d’abord qu’elle est une
conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. Hélas !
la liberté n’est pourtant qu’en vous, imbéciles ! »
Taverne brave bete utile ou plutot inutile et soumise et domestiqué
chérie, trouve moi une seule personne qui travaille