On sait depuis au moins René Girard que ritualiser, formaliser la violence potentielle qui est en tout homme et toute collectivité est un des rare moyen de l’apprivoiser. De la désamorcer. Que le choix d’animaux, de « bouc émissaire » fut un progrès considérable pour éviter que cette violence ne se retourne sur l’homme.
Personnellement, je ne m’intéresse pas du tout a la Corrida. Mais dans cette interdiction je vois plusieurs dangers potentiels.
Le refus des racines qui livre l’individu au ici et maintenant, a l’instantanée, a l’individualisme forcené, a l’absence de lien social.
Le relativisme qui dénie a l’être humain son ultime dignité. Traiter des taureaux dans les mêmes termes que des hommes n’est pas un progrès pour les taureaux mais une régression pour l’homme. A termes, les écolo qui tolèrent l’élimination des renards sur numéraires au nom de la bio diversité, pourraient avoir du mal a distinguer un être humain d’un renard.
La disparition des rites initiatiques, qui sont toujours un apprentissage du tragique, de la violence et de la mort, crée des générations désarmées.
Votre parallèle avec les orgies, qui sont des fêtes d’indifférenciation mimétiques me parait particulièrement bien venue. A la fin, ces régressions se termineront par des morts d’homme.
Enfin, savoir si un taureau est autant plus ou moins qu’un homme, si sa mort dans l’arène est sensiblement différente de sa mort dans un abattoir est une question très personnelle et éthique. La transformer en question politique est inquiétant. Il s’agit d’imposer des valeurs, un modèle aux consciences. On est plus dans la simple gestion du vivre ensemble. Ce genre de sujet devrait être aborde avec plus de délicatesse et de respect des minorités. A ce compte la, demain, une majorité catholique pourrait rendre obligatoire l’assistance a la messe au nom de 13 voix d’écart.
Sous des dehors assez anecdotiques en apparence, cette histoire me parait effectivement très sérieuse.