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Commentaire de BA

sur Les tourments de Luc Ferry


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BA 13 juin 2011 14:54
Luc Ferry : faux chiffres et vraies faveurs.

Luc Ferry est parti en guerre contre toutes « les conneries » diffusées à propos de ses cours payés mais non dispensés à Paris 7. Le problème, c’est ce que lui aussi dit un certain nombre de bêtises, citant des chiffres à mauvais escient ou se qualifiant un peu vite de prof lambda détaché comme des milliers d’autres.

Sur le fond, Luc Ferry n’a toutefois pas tout à fait tort. Dans la mesure où il est « détaché » auprès du Conseil d’analyse de la société (CAS) qui dépend de Matignon, il est logique que les services du Premier ministre prennent en charge ses salaires de professeur d’université à Paris 7 (Paris Diderot) - 4 499 euros net par mois selon la fiche de paie reproduite par le Canard Enchaîné, 4 300 euros selon ses dires ce matin sur France Inter.

En effet, la loi prévoit plusieurs scenarios pour le détachement d’un fonctionnaire. Soit son administration d’origine continue de le payer car elle y trouve un intérêt - par exemple s’il est nommé dans une institution prestigieuse mais qui n’a pas de budget. Soit, c’est le cas le plus général et celui de Luc Ferry, c’est son administration d’accueil qui le paie, directement ou en remboursant son établissement d’origine.

Mais Luc Ferry, philosophe très en cour, qui fut le ministre de l’Education (mai 2002-mars 2004) de Jean-Pierre Raffarin, a ici bénéficié d’un traitement de faveur. 

Il est en effet extrêmement rare de détacher a posteriori un enseignant-chercheur, voire à la limite de la légalité. Généralement, les conventions de détachement sont signées avant son départ de la fac, au pire un mois après lorsque l’administration lambine.

Luc Ferry, lui, a passé l’année sans enseigner - statutairement, il devait 192 heures de cours annuelles, plus de la recherche, des activités auprès des étudiants, etc. Et il a continué à percevoir son salaire sans réagir - ou alors très furtivement - aux rappels du président de Paris 7 Vincent Berger. 

Puis après l’article du Canard Enchaîné, il a soudainement bénéficié d’une convention de détachement couvrant l’année universitaire quasi écoulée 2010-2011.

« Cela sonne comme un petit arrangement qu’on consent à une star, explique un syndicaliste du Sgen-CFDT, et comme une méconnaissance totale par Matignon des conséquences de l’autonomie. C’est en effet désormais l’Université qui décide si elle met à disposition et si elle détache, et pas l’Etat qui prélève qui il veut » (voir le statut des enseignants-chercheurs retoqué en 2009 après la LRU, ndlr) .

« De plus, poursuit le syndicaliste, le détachement de Luc Ferry se fait avec une augmentation de rémunération de 28 % (Ferry perçoit 4 500 + 1 800 euros au titre de son indemnité de président du Conseil d’analyse de la société). Or la règle d’un détachement de fonctionnaire, c’est  »pas plus de 15 %« 

Le philosophe, qui a les pieds sur terre, touche en effet en plus 1 700 euros net par mois selon ses dires - 1 800 euros, nous indiquait Matignon jeudi dernier. 

 »C’est tout à fait normal de percevoir une telle indemnité, a-t-il expliqué ce matin sur France Inter, lorsqu’en détachement on occupe une position hiérarchique supérieure« . 

Mais là encore, ne serait-ce pas le fait du prince ? Qui a en effet décidé de l’indemnité du président délégué du CAS, organisme créé en 2004 par Jean-Pierre Raffarin qui a propulsé à sa tête son ex-ministre, la même année où celui-ci passait professeur première classe ?

Pour achever de convaincre qu’il était traité comme »monsieur tout le monde« , Luc Ferry assure, citant la Cour des Comptes, que »11 000 enseignants en France sont détachés« comme lui, ajoutant qu’au total »71 000 sont déchargés de service« . Impressionnant.

Le problème est que ces chiffres - que l’on retrouve à peu près dans le rapport de la Cour des comptes de 2005 et dans celui de 2010 - concernent les enseignants du primaire et du secondaire. Et que Luc Ferry est dans le supérieur.

 »Ce chiffre est tout simplement impossible pour le Supérieur, souligne notre syndicaliste, il signifierait qu’1 enseignant-chercheur sur 5 ne serait pas en poste« .

Le ministère de l’Enseignement supérieur nous indiquait ce matin que le chiffre de »plus de 800« communiqué jeudi dernier concernait en fait les seules mises à disposition des enseignants-chercheurs, et non les détachements. Le Snesup, principal syndicat du supérieur, parlait, lui, de de 960 détachés.

Quoi qu’il en soit, on reste loin des chiffres assénés par Luc Ferry pour faire taire les »conneries qui dépassent tout".

http://classes.blogs.liberation.fr/soule/2011/06/luc-ferry-faux-chiffres-et-vraies-faveurs-.html

En clair :

4500 + 1800 = 6300 euros par mois.

Luc Ferry doit rembourser.

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