en effet Philippe, la résignation est une réalité. La perte d’espoir et de confiance est tout aussi réelle.
Une vraie interrogation, que celle de l’âge de notre pays. Sommes-nous décidément trop vieux pour trouver la voie ? C’est possible. Peut-être la voie sera montrée par d’autres, ailleurs. Mais quoi qu’il en soit, nous ne le saurons pas avant de le constater. En attendant, il n’y a qu’une seule chose à faire : se battre pour faire avancer ce que l’on pense être juste et pertinent, agir en conséquence.
Au fond, le pronostique en politique a-t-il un sens au delà d’un certain point ? Le pronostique est sympathique lors des paris sportifs : le connaisseur pourra éventuellement faire valoir la finesse de ses analyses : le résultat de ce sur quoi il spécule ne dépend pas de sa propre attitude. S’il a raison, c’est qu’il s’y connaît ou qu’il a de la chance. Cela est bien différent des spéculations d’ordre politique, à moins d’oublier que nous sommes réels, que nous existons et avons potentiellement une influence sur le monde. Ainsi, la passivité du désespéré est auto-réalisatrice, mais l’action emplie d’espérance peut l’être aussi. Au fond en politique, celui qui a raison n’est pas celui qui a spéculé correctement, mais celui qui a agit en conformité avec ses convictions : celui qui a TENTÉ.
Ce qui est bien avec ce principe, c’est qu’il est simple donc compréhensible par tout le monde : « aide toi et le ciel t’aidera », « qui ne tente rien n’a rien », c’est tout bête.
Cessons donc de nous lamenter, l’avenir est fécond et surprenant, ne fermons pas nos horizons déjà obscurcis, avançons.
Cela rejoint en quelque sorte le concept bouddhiste du lâcher prise, mais plus encore le concept soufi (un courant musulman) appelé « remise confiante ». Il s’agit d’oublier un peu son ego, ou plutôt de le fondre dans la réalité, réalité qui n’est autre qu’une expression plus vaste de ce que nous percevons comme étant nous-mêmes. Nous SOMMES le monde, aussi rien ne sert de s’en lamenter, d’avoir peur ou d’en pleurer. Tout ce que nous pouvons faire, c’est le changer, agir, d’autant plus libérés et pleins d’élan, que nous acceptons la réalité : elle EST, ici, maintenant, ainsi gît l’état des choses auquel nous n’échappons pas, auquel nous appartenons même, mais qui évoluera, non pas selon le hasard ou une fatalité qui nous est extérieure, mais selon ce que nous en ferons : NOS ACTES.
Nous SOMMES le monde, son avenir est déterminé par nos ACTES.
PS : pour vous répondre, je suis néo-étudiant. Je viens de reprendre mes études de mathématiques. Je vis au Sénégal où le désespoir vous prendrais à la puissance mille si vous constatiez, par exemple, que la facture énergétique (quasi full pétrole) correspond à près de 20% du PIB (en France c’est toute l’industrie de l’énergie qui pèse 2,5% dont moins de 1% pour le pétrole... au Sénégal, on ne fait que cracher pour des barils, 20% de la richesse produite) ! et que lorsque le pétrole doublera son prix...nous allons dans un mur, et la corruption, l’étroitesse d’esprit, le conformisme et la médiocrité des dirigeants appuient sur le champignon. Dakar, la capitale, compte 30% de la population du pays tout entier sur 1,5% du territoire : cela signifie en clair qu’il n’y a pas de pays. La ville est envahie de taxis ! la pauvreté est omniprésente, et les gens survivent en vendant des pacotilles inutiles tout en marchant sous le soleil écrasant, dépensant ainsi toutes les calories qu’ils ingèrent grâce à ce travail. Toute cette absurdité, ce monde à l’envers, tiennent et tiendront grâce à toutes les rustines qu’on pose au fur et à mesure, jusqu’à l’explosion finale. Aucune issue politicienne ici. Rien à attendre de la classe dirigeante, et la seule issue passe par l’éducation populaire, puis la révolte citoyenne. Mais le chemin est si long qu’aucun désespoir n’est permis !
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